La Voie de la vérité de Parménide
Publié le 05/04/2013
Extrait du document
«
EXTRAITS ~~~~~~~---.
La recontre du jeune homme
et de la Déesse
Et la Déesse m'accueillit avec bienveil
lance, prit ma main droite dans sa main et
m'adressa la parole en ces termes : ô jeune
homme, toi qu'accom
pagnent d'immortels
cochers, toi qui, avec
ces cavales qui t'em
portent, atteins notre
demeure, salut.
Ce n'est
certes en rien un sort
funeste qui
t'a mis sur
cette route (car elle est
à l'écart
du sentier des
hommes), mais la
jus
tice et le droit.
Or il faut
que tu sois instruit de
tout,
du cœur sans trem
blement de la vérité,
.
sphère accomplie, mais
aussi de ce
qu'ont en
vue les mortels, où l'on
ne
peut se fier à rien
de vrai.
Mais oui, ap
prends aussi comment
:z;,..,;f.
la diversité qui fait L_ _ __.::_ _:_:_: ~ ~~~~""""" ~'-"~~ montre d'elle-même de-
« Ô jeune homme, toi
qu'accompagnent
d'immortels cochers
..• »
vrait déployer une présence digne d'être
reçue, étendant son règne à travers toutes
choses.
L'enseignement de la Déesse
Eh bien donc je vais parler - toi, écoute mes
paroles et retiens-les -
je vais te dire quelles
sont les deux seules voies de recherche à
concevoir : la première, comment il est et
qu 'il n'est pas possible qu'il ne soit pas, est
le chemin auquel se fier, car il suit la Vérité.
La seconde, à savoir qu'il n'est pas et que le
non -être est nécessaire, cette voie, je te le
dis, n'est qu'un sentier où ne se trouve
absolument rien à quoi se
fier.
Car on ne peut
ni connaître ce qui n'est pas -il n'y a pas
là
d'issue possible -ni l'énoncer en une parole.
La V oie de la vérit é: l'Être
Il est immobile dans les limites de liens
puissants, sans commencement et sans
cesse, puisque naissance et destruction ont
été écartées tout au loin où les a repoussées
la foi qui se fonde en vérité.
Restant
le même
et dans
le même état, il est là, en lui-même,
et demeure ainsi immuablement fixé
au même endroit ; car la contraignante
Nécessité
le maintient dans les liens d'une
limite qui l'enserre de toutes parts.
C'est
pourquoi
la loi est que ce qui est ne soit pas
sans terme ; car il est sans manque ; mais
n'étant pas,
il manquerait de tout.
Or c'est le même penser et ce à dessein de
quoi
il y a pensée.
Car jamais sans l'être où
il est devenu parole, tu ne trouveras le
penser; car rien d'autre n'était, n'est ni ne
sera à côté et en dehors de l'être, puisque
le
Destin l'a enchaîné de façon qu'il soit d'un
seul tenant et immobile; en conséquence de
quoi sera nom tout ce que les mortels ont
bien
pu assigner, persuadés que c'est la
vérité : naître aussi bien que périr, être et
aussi bien n'être pas, changer de lieu
et
varier d'éclat en surf ace.
En outre, puisque la limite est dernière,
alors
il est terminé de toutes parts, sem
blable à
la courbure
d'une sphère bien
arrondie( ...
).
A lui
même, en effet de
toutes parts égal,
il
se trouve sembla
blement dans ses
limites.
Traduit du grec par
Jean Beaufret,
P.U.F., 1955
Le prologue du poème,
qui introduit
à la« Voie
de la vérité », donne au
texte de Parménide une
dimension proprement
poétique.
Il y
va d'une
initiation, qui n'est
pas sans rappeler
celle qui permettait,
dans
la tradition
pythagoricienne,
l'accès aux« mystères ».
Avec
ce paradoxe, ce
qui est découvert ici
n'est autre que la
rigueur même de la
pensée .
« Eh bi en donc, je vais
p arler - toi, écoute mes
paroles et retiens-les ••• »
NOTES DE L'ÉDITEUR
«Est-il besoin de préciser aux cartésiens
que nous sommes que l'expression:" Car
même chose sont et le penser et l'être " ne
signifie pas que le sujet pensant soit une
chose pensante dont l'existence est
appréhendée par
l'acte même de penser.
L'intention de Parménide
n'est pas de nous
proposer une expression
du cogito.
Elle
signifie,
comme le notait Plotin, que
l'activité de l'intellect est impuissante à saisir
autre chose que ce qui est, de telle
sorte que tout
ce qui n'est pas, à savoir
aussi bien les multiples que le passé
et le
futur, se situe en dehors de toute pensée
intellectuelle.
» Jean-Paul Dumont,
Les
Écoles présocratiques, Folio, 1991.
en son poème est anachroniquement plus
proche de
la philosophie de Kant et de la
phénoménologie que de toute métaphysique.
Mais la pensée de Parménide
n'a pas,
comme la philosophie de Kant et la
phénoménologie, à retrouver laborieusement
par une " révolution copernicienne '', ou par
cette transposition qu'en est la" réduction
phénoménologique '', le chemin
de la
transcendance, tant elle se tient naturellement
en elle ! » Jean Beaufret, préface au Poème
de Parménide, P.U.F., 1955.
l, 2, 3 dessins de Johann Heinrich Dannecker, Staatsgalerie Stuttgart
« Si donc, pour Parménide, être et pensée
n '
ont pas à réaliser une concordance
extérieure à partir
d'un état de scission
artificiellement prétendu,
c'est peut-être
parce que
ce matin de la pensée qui chante
PARMENIDE02.
»
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