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Le Château des Désertes de Sand

Publié le 13/10/2018

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Le Château des Désertes

 

Ce roman de taille moyenne, achevé en 1847 et publié seulement en 1851 (après les retombées de la révolution de 1848), raconte l’histoire d’un jeune peintre, Adorno Salentini, qui est le fruit des amours « d’un pauvre ténor italien et d’une belle dame française ». Son itinéraire se croise avec celui d’artistes de la scène, Célio Floriani, les Boccaferri (père et fille), et le jeune homme se joint à eux jusqu’à constituer, pour un temps, une grande famille dans la solitude d’un château d’où sortiront deux jeunes couples : Adorno-Stella (sœur de Célio) et Célio-Cécilia (Boccaferri). Le roman s’articule lui-même, sur les pas du narrateur-héros, en deux parties sensiblement égales : un temps d’errance, où les êtres, lancés à la poursuite les uns des autres et d’eux-mêmes, se cherchent entre Turin et Vienne; un temps de stabilité, où ils se trouvent dans l’isolement du château de la région briançonnaise, mais surtout en participant à une action théâtrale commune.

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« proximité de Briançon.

puis au châtea u des Désertes.

où se sont retrouvés -et où il ret rouve.

dans une tout autre si tuation -les Boccaferr i et les enfants de la grande Lucré­ zia Floriani.

Dès lo rs.

dans le ch âteau mystérieu x (pou r les a u tres) et mervei lleux (pour les in té ressés).

les événements e t l es sen timents prennent une nouve lle direction que pré­ c ip ite.

au se ns chimiq ue du te rme.

l'expé rience théâtrale comm une.

C'est la double su rprise de l'amour.

qui fai t de Céc il ia l'épouse de Célio et de Stella, sœur de Célio, l'épo use d'Adorno.

Dans la métamo rphose général e.

le v ieux Bocca f erri lui -même aur a joué un rô le no n nég lig ea­ b l e.

Le plu s bea u rôle dans le r oman est cependant celui que tient Céc ili a .

L e t h éâtre, t hèm e essentiel dans ce ro man, obéit à une alternative qu i corr espo nd à la doub le art i cula tion n arrative : o u b ien prost itut ion de l 'art et de l'âme , ou bien resp ect de l'un et de l'autre.

C ar tou t se tient, et to ut t i en t à la qua lité de ce que 1' on fai t et de ce qu e 1' on e st.

Les cond ition s idéa les de réal isation artisti que et perso nn e lle vont êtr e offertes par le chât eau des Déser­ t e s, o ù se retrou vent, p ar un jeu de coïncidences heureu ­ s e s , les B occaf erri, d eve nu s châtelains de Bal ma, Cél io, avec ses frère et sœ urs , et, u ltime in vité, Ad o rn o, qui, de dé pit , re n tra it en France .

A eu x tous , ils vo nt m onte r, d a n s u ne pa rtie secrète du château , un Don Juan, qui n'est ni cel ui de M oli ère ni celui de Moza rt, m ais une œ uvre t ena nt des deux et qui est en o utr e imprég n ée de s idée s d'Hoff mann, b ref leur création.

Et ce qu'il s créent d ans l'allég r esse de la com m un a uté le s c r ée en reto ur, c'est-à- d ire leur fai t découv rir non seulemen t la vér ité de l'art , qui n'ex is te plu s ind épe nd amme nt de la vie, mais aussi la vérité de le ur être profon d et, en de rn ier re ss ort, de l ' am our .

M ira cle d u théâtre, qui n'es t plus con çu c om me le mo yen va nit eux de se mett re en ve d ette -et alors de se per dre- mais comme l'occasion privi ­ légiée d'u n e ini tiati on.

Ca r c'est bi en d'u ne init iation, là auss i, q u 'il s'agit, bie n q ue les rite s n'en soie nt pas m arqués , com me dan s le châ teau d es Inv i sible s ou parmi les corpo rati on s de son neurs.

Si la représentation de Don J ua n en constitue l e prétexte , le texte du ro m an fait plu s d'un e fois penser à l'arg um e nt ou, au moins, à l'e njeu de la Flûte enchan ­ tée.

D u j our où Ado rno est introd uit au châte au pa r les tro is j e un es f illes, le temps d es épreuves négat ives est fini et celui des révéla t ions po s itives co mme nce, m ai s, e ntre les de u x, il y a - et il r este ra co m me un tal is man -l'air de Don Juan e nt endu à Tu rin.

Le déc or de nei ge et de nu it qu i prési de à l'avè nement d'un autre type d e relatio ns ne sau r ait res ter ex t érieur à l'év olut ion qui débouche su r u n printemps radieux.

Si, par le théâtre - u n th éâtre qu i joue avec la mort e t fait to mb e r les cloi­ sons de la ré ali té -, o n accède à une au tre v ie e t à une a u tre ré alit é, c'est qu e c e thé âtre est mis en œ uvre par d es êtres d'éli te com me le s Bo ccaferr i («B o u che de fer ») et q ue le lieu lui- m êm e fa it en t re r p ar la «por te d'ivo ire», comme d it le te xte , « da ns l e san ctu aire des so nges >>.

Est-on si loi n, non seulement de la F lûte enchantée , mais aussi d'Au r élia? E n tout cas, d'u ne t ell e ex périenc e on sort ép rou vé, ma is r égé néré : «A l'heure où j'écr is ces l i g n es >> , no te in fine le na rra teu r, associa nt ainsi le temp s d e la na rra tio n à cel ui du narré, « Béat rice (la s œ ur, au n om p rédes ti né, de C él io e t d 'A dorno ) cueille d es camé ­ lias blancs et des cyclame n s dan s la serre pour les cou­ ro nnes des d eux ma riées» .

Le chemin parc ouru depu is l e début jus qu' à ces noces mystiques est imme ns e.

D ans le récit de ce tt e exp éri en ce ré ussie, on a vu - c o mme Ge orge Sa nd y invite dan s sa no tic e d e 1853 - la tra nsposi tio n d es soi r ées de Nohant, au t em p s heu- reu x de la présen c e de Ch op in, l orsque la pe tite société, a u co urs de l'hiver 1846-1847 , s'e xerçai t à la commedia de ll'arte.

Il ne faut pas manq u er d'y voir égalemen t, reflété par le tale nt i ntuiti f de Ge org e Sand, ce que le théâtre a toujo urs rêvé d'êt re.

B IBLIOGRA PHIE La seule édition r écente du Château des Désertes est celle des Éd .

d'Aujourd 'hui, 1976 .

T rois étud es récentes se sont pen ­ chées avec bonhe ur sur ce roman : J.

Rousset, l'Intér ieur et l'Extérieur, C orti, 1 968; R.

Chambers , la Comédie au chtiteau, Corti, 1971; J.-M.

Bailbé, «le Théâtre et la Vie dans le Cfuîteau des Désertes», Revue d'his to i re littéra ire , 19 7 9, n° 4.. »

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