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Le chevalier à La Charrette - Chrétien de Troyes

Publié le 22/02/2012

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I - L'AVENIR DU ROMAN, COMME LANGUE ET COMME GENRE Alors que jusqu'au XIIe siècle, l'essentiel de la littérature s'écrit en latin, la langue vernaculaire acquiert ses lettres de noblesse aux alentours de 1150, dans le milieu anglo-normand et parmi les cours de la France du Nord. Le nom de « roman », qui désigne d'abord ce langage par opposition au latin, en vient à désigner plus spécifiquement un certain type d'oeuvres : on assiste en un quart de siècle à la naissance du genre romanesque, dont Chrétien de Troyes est le produit le plus achevé. D'abord en vers (octosyllabes à rimes plates), puis, à partir du tournant du XIIIe siècle, souvent en prose, le roman va constituer une part importante de la littérature médiévale pendant près de deux siècles avant de connaître une longue éclipse.

« Le « chevalier charreté » est abondamment raillé partout où il passe, mais chaque étape ou chaque rencontre sesolde par sa victoire.

Il est bientôt désigné par tous comme le sauveur des prisonniers de Logres, mais lui ne songequ'à la reine qu'il aime éperdument, comme le prouvent plusieurs épisodes de tonalités variées.

Deux pontspermettent de pénétrer en Gorre ; Gauvain et son compagnon se séparent: l'un se dirige vers le Pont-sous-l'Eau, l'autre vers le Pont-de-l'Épée. La traversée de ce dernier ne va pas sans mal : le héros, déchaussé et sans ses gants de fer, s'entailleprofondément pieds et mains.

Il n'en est pas moins tout prêt à combattre sur-le-champ Méléagant, le ravisseur de lareine, mais le père de celui-ci, le roi Baudemagu, s'interpose : la bataille n'a lieu que le lendemain.

Lancelot, dont on apprend le nom à ce moment, remporte la victoire en dépit de sa fascination pour la reine qui le met un moment en difficulté, mais il accepte d'épargner son adversaire sur la prière conjointe de Baudemagu et deGuenièvre. Celle-ci, cependant, accueille très froidement son libérateur alors que tout le monde se réjouit autour d'elle.Lancelot, désespéré, s'en va à la rencontre de Gauvain, et à la suite d'une série de quiproquos, la reine le croitmort.

Elle se désole et perd toute sa beauté ; la rumeur la dit morte, Lancelot fait une tentative de suicide (trèsmaladroite d'ailleurs), mais enfin les deux amants sont réunis.

Cette fois la reine se montre des plus aimables et donne un rendez-vous à Lancelot pour la nuit suivante, à la fenêtre de sa chambre. Lancelot arrache les barreaux de cette fenêtre et connaît l'extase amoureuse dans les bras de la reine ; tout à sonbonheur, il ne se rend pas compte que ses plaies se sont rouvertes, et que les draps en sont tout ensanglantés.

Lelendemain, Méléagant furieux accuse la reine d'adultère avec Keu, qui dort à la porte de sa chambre et dont lesblessures ont aussi saigné pendant la nuit.

Lancelot entreprend le combat judiciaire contre Méléagant ; une seconde fois, il épargne son adversaire bien qu'il ait le dessus. Gauvain, qui a failli se noyer au Pont-sous-l'Eau, escorte la reine sur le chemin du retour, car Lancelot a disparu ; ila été fait prisonnier par Méléagant qui l'a confié à son sénéchal.

La femme de celui-ci, éprise de son prisonnier,l'autorise cependant à sortir incognito de sa geôle pour participer au tournoi de Noaut, où personne ne le reconnaît sauf la reine, qui teste son pouvoir sur lui en exigeant qu'il combatte comme un lâche.

Satisfaite de son obéissance,elle lui ordonne enfin de combattre « au mieux », et Lancelot est le vainqueur du tournoi. Fidèle à sa promesse, il retourne à sa prison.

Méléagant, informé de cette escapade, fait construire une tour danslaquelle il mure le chevalier.

Celui-ci ne doit qu'à l'intervention d'une soeur du prince de Gorre, à laquelle il a jadisrendu service, de pouvoir sortir de la tour et rejoindre la cour d'Arthur à temps pour la dernière bataille avec Méléagant, à l'issue de laquelle il lui coupe la tête. Structure de La Charrette L'originalité de La Charrette est d'associer des épisodes de type classique (combats, tournoi) avec des séquences dramatiques ou psychologiques qui correspondent à une nouvelle recherche esthétique.

Lesdeux fusionnent harmonieusement pour construire une « conjointure » nouvelle, et très convaincante. I - ÉPIQUE ET ROMANESQUE L'aventure individuelle À la différence de la chanson de geste, qui repose sur la description de « scènes de foule », et de batailles rangéesentre chrétiens et païens, le roman suit le schéma d'un parcours individuel, celui d'un héros.

En dépit de la présence de Gauvain, et de l'existence d'une temporalité parallèle, signalée par quelques allusions à d'autresaventures qui ont lieu simultanément à celles du roman en cours, La Charrette se focalise avant tout sur le trajet de Lancelot, qu'elle accompagne d'aventure en aventure. Les combats L'aventure chevaleresque par excellence est le combat avec un chevalier de rencontre.

La Charrette est tout entière ponctuée par une collection de combats ressortissant plus ou moins à ce modèle, organisés en séries signifiantes : d'abord celui de Keu avec Méléagant, puis, sur la route de Gorre, les trois rencontres de Lancelot avec des personnages secondaires, qui ne tardent pas à disparaître du champ romanesque : le gardien du Guéinterdit, le prétendant de la demoiselle (dans ce cas, le père du jeune homme empêche le combat), enfin le chevalierorgueilleux dont la demoiselle à la mule exige et obtient la tête. Cette première série de trois constitue en quelque sorte une répétition générale par rapport aux trois duels qui vont opposer dans la seconde partie Lancelot à Méléagant.

Comme dans un conte de fées, cet épisode essentiel est «démultiplié », et ce n'est qu'à la troisième fois que le héros peut mettre à mort son adversaire, ce qui entraîne la finimmédiate du roman. Cette tripartition se retrouve au demeurant dans une autre séquence pour ainsi dire obligée du roman, qui remplacedans ce genre nouveau la bataille rangée, tout en conservant ses avantages narratifs : celle du tournoi de Noaut, où Lancelot combat d'abord à sa manière habituelle (c'est-à-dire très bien), puis « au pire » sur l'ordre de la reine,et enfin « au mieux », également selon les consignes de sa dame, remportant ainsi une victoire éclatante.. »

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