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Le Cratyle de Platon (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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En 407, à vingt ans, Platon s'est attaché à Socrate dont il a été l'auditeur pendant près de huit ans. Il a sans doute eu d'autres maîtres. Aristote cite, en particulier, l'héraclitéen Cratyle. Après la chute des Trente et l'exécution de Socrate (399), Platon quitte Athènes et entre-prend quelques voyages autour du monde familier aux Athéniens d'alors. A son retour à Athènes, en 387, il fonde une école de philosophie, l'Académie, où il commence son enseignement. Peu de temps après, il compose le Cratyle. 2 Le Cratyle dans le contexte de la philosophie platonicienne Le Cratyle est un dialogue qui met en scène Socrate, Cratyle et Hermogène. La discussion se perd dans une impasse et semble n'aboutir à aucun résultat. On reconnaît ici la structure «aporétique» propre aux dialogues de jeunesse de Platon. Toutefois, le Cratyle annonce d'une certaine manière les oeuvres de la maturité. D'une part, il semble clore les dialogues comme le Gorgias et le Protagoras contre la sophistique. D'autre part, il fait déjà voir et prépare la théorie des Formes ou des Idées que Platon exposera, en pleine lumière, au Livre VII de La République.

« «Convention» s'oppose à «nature».

Les sophistes opposaient les résultats de la convention, tenue pourarbitraire, aux produits de la nature.

Selon eux, la loi, la vérité n'avaient aucun fondement naturel maisdépendaient de libres décisions individuelles ou collectives.

Que des sophistes aient vu dans le langage lui-même, qui était pourtant leur arme, le produit d'une convention, c'est probable.

De la thèse conventionnalisteà la thèse de l'homme-mesure de Protagoras, il n'y a, pour les contemporains de Platon, qu'un pas.

Socrate lefranchit puisqu'il assimile la thèse d'Hermogène au relativisme.

Si c'est l'homme qui donne valeur et sens auxchoses, il n'y a alors ni vérité, ni erreur, il n'y a rien que l'on puisse dénommer ou qualifier avec justesse.

Ce quisera proclamé grand par l'un, apparaîtra aussi bien petit à un autre.

Il en sera ainsi de tout, rien n'étant un, niquoi, ni rien.

Il n'y aura plus moyen de dialoguer.

Tout ce qui sera dit, sera également vrai ou également fauxou plus précisément ne sera ni vrai ni faux.

Voilà pourquoi Platon rejette le conventionnalisme.Notons que la thèse opposée, celle de Cratyle, aboutit, au fond, à la même conséquence.

S'il y a identiténaturelle entre le nom et la chose, alors tout discours dit l'être et est donc vrai.

Or si tout est vrai, rien n'estvrai. • ImitationLa justesse naturelle des noms pourrait se fonder sur leur valeur imitative ou onomatopéique.

Ceux-ci neseraient pas arbitraires parcequ'ils imiteraient les choses qu'ils désignent, telles les expressions «cocorico», «coasser» ou encore «miauler».Platon récuse une telle conception.

Le mot n'est pas l'imitation de la chose dans ce qu'elle a de sensible maisdans ce qu'elle a d'intelligible.

Ce n'est point de l'onomatopée, mais de la généralisation que le langageprocède.

Les plus récentes découvertes de la philologie semblent confirmer le point de vue de Platon.

Leslangues ne paraissent pas s'être formées d'après le principe d'une semblable imitation.

Les onomatopées n'ontqu'une part très minime dans les langues.

L'interjection, les onomatopées, les cris ou l'imitation des sons de lanature ne sont tout au plus que la matière brute de la parole.

Le vrai langage commence quand cessel'imitation grossière des objets et là où commence la pensée. 5 Résumé du Cratyle 1 Préambule (383a-384e) Les deux thèses en présence : celle de Cratyle (les noms sont justes par nature) et celle d'Hermogène (lajustesse des noms est affaire de convention).

Socrate, appelé à arbitrer, commence par réfuter la thèseconventionnaliste. 2 Entretien de Socrate avec Hermogène (385a-427e) a.

Les noms sont faits pour instruireSocrate fait d'abord admettre à Hermogène que les choses ont une existence stable, «un certain êtrepermanent qui n'est ni relatif à nous ni dépendant de nous».

Il en est de même des actes qui, eux aussi, sontune forme déterminée de réalité.

C'est donc en conformité avec leur propre nature qu'ils se font, et non passelon notre façon de voir.

Par exemple, si nous voulons couper, nous devons couper suivant la façon naturellede couper et en employant ce qu'il faut pour couper.

Or parler et donc aussi nommer sont des actes et le nomest un instrument qui sert à instruire et à distinguer la réalité comme la navette fait le tissu.

Il s'ensuit qu'ilfaut nommer les choses «suivant la manière et le moyen qu'elles ont naturellement de nommer et d'êtrenommées» et qu'un bon instructeur doit user du nom comme il faut, c'est-à-dire de «façon propre à instruire»comme un bon tisserand se sert comme il faut de la navette, c'est-à-dire de «façon propre au tissage». b.

Établir les noms est un art pratiqué par les législateurs En second lieu, Socrate convainc Hermogènequ'établir les noms est un art difficile.

Si la navette est l'oeuvre du menuisier, de quel artisan le nom est-ill'ouvrage ? La réponse de Socrate paraît étonnante : «N'est-ce pas la loi (l'usage) à ton avis qui les met ànotre disposition? – Apparemment...

– Ainsi Hermogène, ce n'est pas au premier venu qu'il appartient d'établirle nom, mais à un faiseur de noms ; et celui-là, semble-t-il, est le législateur...» (Commentaire : on sait quedans l'Antiquité, le terme de nomos désignait la loi aussi bien que l'usage.

Les premières lois, en effet, ne furentque les premiers usages.

Et d'où vinrent d'abord les usages, si ce n'est des peuples eux-mêmes ? Certainscommentateurs voient donc dans cette notion de législateur le peuple avec ses chefs et c'est lui qui aurait peuà peu créé la langue.

Mais d'autres y voient un personnage mythique ou un homme doué d'un instinct divin,d'autres enfin les premiers hommes.

Socrate laisse dans le vague cette notion.) c.

La tâche du législateurSelon Socrate, de même que le menuisier qui fabrique une navette pour le tissage a les yeux fixés sur la formede la navette (la navette en soi), de même le législateur devrait savoir ce qu'est le «nom en soi», «le nomnaturellement approprié à chaque objet» pour l'imposer aux sons et aux syllabes.

Il y aurait donc pour chaquechose un nom unique mais qui se trouverait appliqué par le «faiseur de nom» ou le législateur à une matièresonore variable selon les lieux.

D'où les variétés des langues.

«De même que tous les forgerons n'opèrent passur le même fer en fabriquant pour le même but le même instrument», de même chaque législateur n'opéreraitpas sur les mêmes syllabes chez les Grecs ou les Barbares mais donnerait néanmoins à toutes «la forme du nomrequise par chaque objet». d.

Le législateur devra être guidé par le dialecticien. »

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