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Le Deuxième Sexe

Publié le 12/04/2013

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Les oeuvres de Simone de Beauvoir sont fortement marquées par la pensée de Sartre. Le Deuxième Sexe (1949) semble ainsi répondre au désir sartrien d'une littérature qui agisse sur le monde. Bien que théorique dans la forme, cette étude s'appuie sur une multitude d'exemples très concrets et offre des conclusions des plus réalistes : « C'est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle; c'est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète. «

« ~-- ----- EXTRAITS « ••• elle n'en révère pas moins l'homme» Pendant vingt ans d'attente, de rêve, d'es­ poir, la jeune fille a caressé le mythe du héros libérateur et sauveur : l'indépen- .

dance conquise dans le travail ne suffit pas à abolir son désir d'une abdication glo­ rieuse.

Il faudrait qu'elle eût été élevée exactement comme un garçon pour pouvoir surmonter aisément le narcissisme de l'ado­ lescence : mais elle perpétue dans sa vie d'adulte ce culte du moi auquel toute sa jeu­ nesse l'a inclinée ; de ses réussites profes­ sionnelles, elle fait des mérites dont elle enrichit son image; elle a besoin qu'un re­ gard venu d'en haut révèle et consa c re sa valeur.

Même si elle est sévère pour les hommes dont elle prend quotidiennement la mesure, elle n'en révère pas moins l'Homme et si elle le rencontre , elle est prête à tom­ ber à ses genoux.

Se faire justifier par un Dieu, c'est plus facile que de se justifier par son propre effort; le monde l'encourage à croire en la possibilité d'un salut donné : elle choisit d'y croire.

Paifois, elle renonce entièrement à son autonomie, elle n'est plus qu'une amoureuse; le plus souvent elle es­ saie une conciliation ; mais l'amour ido­ lâtre, l'amour abdication est dévastateur: il occupe toutes les pensées, tous les ins­ tants, il est obsédant, tyrannique.

L'état de dépendance comme condition économique L'histoire nous a montré que les hommes ont toujours détenu tous lès pouvoirs concrets; depuis les premiers temps dupa­ triarcat ils ont jugé utile de maintenir la femme dans un état de dépendance ; leurs codes se sont établis contre elle ; et c'est ainsi qu'elle a été concrètement constituée comme !'Autre.

Cette condition servait les intérêts économiques des mâles; mais elle convenait aussi à leurs prétentions ontolo­ giques et morales.

Dès que le sujet cherche à s'affirmer, !'Autre qui le limite et le nie lui est cependant nécessaire : il ne s 'atteint qu'à travers cette réalité qu'il n'est pas.

Les femmes ont joué le rôle de témoin et non d'acteur Aspasie, Mme de Maintenon, la princesse des Ursins furent des conseillères écoutées: encore a-t-il fallu qu'on consentît à les écouter.

Les hommes exagèrent volontiers l'étendue de ces influences quand ils veu­ lent convaincre la femme qu'elle a la plus belle part ; mais en fait les voix féminines se taisent là où commence l'action concrè­ te ; elles ont pu susciter des guerres, non suggérer la tactique d'une bataille ; elles n'ont guère orienté la politique que dans la mesure où la politique se réduisait à l'intrigue: les vraies commandes du mon­ de n'ont jamais été aux mains des fem­ mes; elles n'ont pas agi sur les techni­ ques ni sur l'écono­ mie, elles n'ont pas fait ni défait des États, elles n'ont pas découvert des mon­ des.

C'est par elles que certains événe­ ments ont été dé­ clenchés : mais elles ont été prétextes beaucoup plus qu'agents.

Le suicide de Lucrèce n'a eu qu'une valeur de symbole.

Le martyre demeure permis à l'opprimé; pendant les persécutions chrétiennes, au lendemain de défaites sociales ou natio­ nales, des femmes ont joué ce rôle de té­ moin; mais jamais un martyr n'a changé la face du monde.

Gallimard, 1949 Simone de Beauvoir en novembre 1945 NOTES DE L'ÉDITEUR 1949 : parution du Deuxième Sexe, L'ouvrage a servi de moteur au mouvement féministe, ce qui explique son immense succès aux États-Unis , vingt ans après sa parution.

A.

Schwarzer, féministe, s'y féministe indépendante est indispensable : «Je ne pense pas qu'elle [la lutte féministe] découle de la lutte des classes.

» Sartre.

qui est très critiqué par des écrivains aussi différents que Mauriac et Camus.

« Ce livre est magnifique, brutal, impudique, irritant, nécessaire.

Il ne cache rien.

Il fouille tout.

li dit tout avec une violence et une colère froides .

Il révèle ce que nous savions déjà.

li répète inlassablement ce qu'il était peut être inutile de dire.

Il arrache l'admiration et provoque l'agacement.

» G.

Hourdin.

1.

2.

3 phot os Gamm a 4 p ho to H arlin gue-Y io llc l réfère : « Elle incarne l'exigence existentialiste de se transformer d'objet en sujet, de refuser la passivité, d'agir malgré tout et de devenir ainsi et à ce prix un être humain .

» Parti de l'idée que le problème de la question féminine trouverait sa solution dans l'évolution socialiste de la société, le fameux couple Beauvoir-Sartre est amené à penser, trente ans après, qu'une lutte Cependant, la thèse du Deuxième Sexe s'avère toujours valide.

Des années après, Simone de Beauvoir porte un regard concluant sur son œuvre : «Tout compte fait, c'est peut-être de tous mes livres celui qui m'a apporté les plus solides satisfactions.

Si on me demande comment je le juge aujourd'hui, je n'hésite pas à répondre : je suis pour.

» BEAUVO IR 02. »

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