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Le Partage des eaux

Publié le 29/03/2013

Extrait du document

Alejo Carpentier ( 1904-1980) est né à Cuba d'un père breton et d'une mère cubaine. Il aura toute sa vie le sentiment d'appartenir à deux cultures. Pour lui, la pureté raciale n'a aucun sens puisque le sang des Noirs, des Blancs et des Indiens se trouve inextricablement confondu. Musicologue, l'écrivain a occupé des postes officiels dans le gouvernement de Fidel Castro.

« « La forêt vierge était le domaine du mensonge, du piège , du faux­ semblant...

» -------- EXTRAITS Profession de foi d'un artiste Ils mentent ceux qui affirment que l'homme ne peut échapper à son temps.

L'âge de pierre de même que le Moyen Ages' offi'ent encore à nous à notre époque.

Les demeures ombreuses du romantisme s'ouvrent encore avec leurs amours difficiles.

Mais rien de cela ne m'a été promis, car la seule race humaine qui ne peut pas se détacher des dates est la race des créateurs d'art : non seulement elle doit dépasser un passé immédiat, représenté en témoignages tangibles, mais deviner encore le chant et la forme de ceux qui vien­ dront plus tard, créant de nouveaux témoi­ gnages avec la pleine conscience de ce qui a été réalisé jusqu'à nous.

La révolution par le petit bout de la lorgnette Profitant de l'occasion, je laissai Mouche en conversation avec le premier venu, et allai vider un verre d'alcool pour oublier la présence si proche des cadavres qui venaient de se raidir là tout près du trottoir ...

Après un repas froid qui n'augurait guère de futurs banquets, les heures de l' après-midi s'écoulèrent avec une incroyable rapidité, occupées à des lectures décousues, des parties de cartes, des conversations soutenues avec l'esprit ailleurs, qui cachaient mal l'angoisse générale.

La nuit venue, Mouche et moi bûmes éperdument, enfermés dans notre chambre pour ne pas trop penser au monde extérieur.

Finalement nous trouvâmes la liberté d'esprit pour nous adonner au jeu des corps, nous étreindre avec une rare et vive volupté, tandis que d'autres autour de nous se livraient au jeu de la mort.

De l'inutilité des machines à laver le linge ...

Il était plus intéressant pour un peuple de conserver le souvenir de « La Chanson de Roland » que d'avoir de l 'eau chaude à domicile .

Il me plaisait de voir encore des hommes peu disposés à vendre leur âme profonde contre quelque dispositif automa­ tique qui, en abolissant le geste de la laveuse, faisait disparaître aussi ses chansons, et en même temps, d'un coup, un folklore millénaire L'exécution d'un criminel Nous avançâmes un peu plus, et tout à coup Mar c s'arrêta : Nicasio était là, à genoux au milieu d'une clairière , nous regardant de ses yeux horribles .« Vise le visage », me dit­ il.

Je levai l'arme et mis la mire au niveau du trou qui s'enfonçait dans la figure du misérable .

Mais mon doigt ne se décidait pas à appuyer sur la gâchette.

De la gorge de Nicasio sortait un mot inintel­ ligible , qui était à peu près: « Onjejion, Onjejion, On­ jejion ...

» Je baissai mon arme : le criminel deman­ dait la confession avant de mourir.

Je me tournai vers Marc.

« Tire » , dit-il d'une voix pressante .

« Il vaut mieux que le curé ne s'en mêle pas.

»Je visai à nou­ veau.

Mais il y avait deux yeux en face de moi : deux yeux sans paupières, pres­ que sans vie, qui conti­ nuaient à regarder.

Les éteindre dépendait de la pression de mon doigt.

Éteindre deux yeux .

Deux yeux d'homme.

Traduit de l'espagnol par René L.

F.

Durand, Gallimard , 1982 « Dans ce monde vierge encore ( ...

)je n'ai guère connu des fauves que les rugissements ...

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Il est étrange que la quête spirituelle du narrateur se déroule hors des contingences réelles, lesquelles sont, en Amérique latine, des plus sordides : corruption, attentats, pauvreté absolue ...

Pourtant, les réflexions qui nous sont livrées sont de simples lieux communs.

Ainsi, comment croire à cette révolution décrite au début du roman ? narrateur qui les observe, légèrement angoissé et très indifférent, de sa chambre d'hôtel.

Mais en matière sociale, l'indifférence cache le plus souvent un conservatisme très aigu ! Célébrer par exemple l'absence d 'ea u courante : pas une femme d'Amérique latine ne souscrirait à une telle ineptie, même pour " sauver " le folklore local ! Preuve de son incompréhension : le narrateur ne retrouvera pas la belle Indienne ni la civilisation" authentique".

Le roman , écrit à la première personne, sous la forme d'un journal, pose un problème maintes fois débattu : celui du retour aux sources.

Les sociétés ont commencé à être malades de leur civilisation à la fin du xvme siècle.

C'est le temps où Jean-Jacques Rousseau chante le Bon Sauvage, où Bougainville découvre les charmes de Tahiti, mais également celui des débuts du colonialisme.

L'Occident célèbre la pureté des nations auxquelles il apporte très vite la misère.

» Guillemette de Véricourt.

Des gens arrivent qui en tuent d'autres : phénomènes météorologiques pour le 1 Gamma 2, 3, 4 peinture s de Henri (d it le Douani er) Rou ssea u.

O.R .

CARPENTIER 02. »

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