Le personnage de JEDERMANN

JEDERMANN (Everyman, Eickerlijk, Ognuno]. Personnage d’une « moralité » célèbre qui fut repris dans des légendes, « miracles», « mystères » et représentations sacrées, dont le thème est le contraste formé par la joie de vivre et l’arrivée brutale de la mort. On retrouve le même sujet dans la Danse macabre (début du xve s.), et ce n’est là qu’un développement de l’histoire exposée. dans la parabole du mauvais riche- et du pauvre Lazare — Évangile de saint Luc, xvi, 19-31. Jederrnann incarne l’humanité pécheresse qui, reprenant la bonne voie, parvient à son salut et à la béatitude. Riche, adonné aux plaisirs, amoureux de la vie, lorsque Jedermann rencontre la Mort. qui, messagère de Dieu, vient lui dire de se préparer à son dernier voyage, il est frappé de stupeur. Il se débat, dans son affolement, et tente de corrompre la Mort avec les moyens qu’il avait accoutumé de mettre en œuvre sur terre et qui n’ont jamais failli. Le voilà nu, déjà dépouillé de tous les attributs du passé ; il n’y a plus personne pour intervenir en sa faveur et pour déguiser ses actions avant de les présenter au divin juge. Les détails, les figures, les actes, les habitudes de sa vie ancienne perdent de leur force, et restent alentour comme des comparses aux noms abstraits; il se- tourne vers l’Amitié, la Parenté, la Richesse, la Beauté, la Force, les Cinq Sens, la Connaissance, la Discrétion, pour leur demander aide et assistance dans ce voyage qu’il va entreprendre. Son ingénuité a quelque chose de pathétique ainsi que son désespoir de bête prise au piège. Jedermann fait songer à ces