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Le personnage de Judith

Publié le 23/10/2017

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La Judith du drame homonyme (1841) de Friedrich Hebbel s’écarte fort du modèle biblique. Estimant en effet que le dévouement extraordinaire de l’héroïne, digne seulement d’une vierge, ne pouvait cependant être accompli par une ame toute virginale, car celle-ci eût perdu sa force en même temps que sa pureté, Hebbel a fait de sa Judith une veuve dont le mariage n’aurait pas été consommé. Mais le drame de la femme soudain révélée à elle-même va ici entrer en conflit avec l’élan patriotique et religieux. Judith a senti qu’Holo-pheme était le seul homme vraiment digne d’elle. Au moment de le frapper elle ne peut plus voir en lui qu'une sorte de Titan fascinant et elle épargnerait Holopherne si celui-ci, juste à ce moment, ne l’offensait grossièrement. Selon les apparences, Judith est sans faute : elle a tué une brute, un ennemi de Dieu et son peuple la glorifie. Au fond d’elle-même cependant, elle sait bien qu’au moment de son crime elle a oublié les motifs sacrés qui devaient l’inspirer et qu’elle a songé seulement à venger une offense personnelle. Drame de la culpabilité, typique de ceux auxquels se plaisait Hebbel, de cette sorte de culpabilité soustraite aux lois humaines et qu’aggrave ici l’angoisse toute féminine de Judith qui, n’ayant eu longtemps que le désir d’être mère, finit par implorer le ciel de la rendre stérile plutôt que de donner une postérité au monstre dont elle a

 

partagé la couche.

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