Le personnage de WALLENSTEIN

WALLENSTEIN. C'est au début de 1791, alors qu'il travaillait encore à son Histoire de la guerre de Trente ans, que Friedrich Schiller a conçu le plan d’une tragédie sur Wal-lenstein — retour à la scène après un intervalle de cinq ans. Cette pause n’a pas été inutile à l’œuvre naissante: les réflexions esthétiques, les études historiques l’ont enrichie ; mais elle garde surtout la trace des contraintes de la maturité, captive des servitudes de l’action. Si Don Carlos (1787) était la tragédie de la liberté, Wallenstein porte à la scène le tragique de l’homme lié par les interprétations qu’a suggérées sa conduite, par ses pensées secrètes, par ses hésitations même — et qui doit constater qu’à force de toujours remettre la décision à plus tard, il a, en fait, déjà aliéné ce qui lui restait de liberté. Une telle vue suppose l’expérience de l’âge mûr : Schiller a passé la trentaine lorsqu’il entreprend son Wallenstein ; le