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LE ROUGE ET LE NOIR - STENDHAL (analyse)

Publié le 08/05/2011

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stendhal

1830
Après l'échec d'Armance (1827), Stendhal a publié en 1829 Promenades dans Rome, où l'étude du caractère italien, plus poussée que dans Rome, Naples et Florence, lui fait découvrir que l'énergie humaine, amollie par la civilisation, se déploie aussi bien sous la tyrannie que dans l'anarchie : seulement elle doit s'habiller d'hypocrisie, laquelle devient alors une vertu. Et sur ces entrefaites, il eut à Marseille, au cours d'un voyage, dans la nuit du 25 au z6 octobre 1828, « L'idée de Julien, appelé depuis, en mai 183o, Le Rouge et le Noir «. Ce titre, qui a paru longtemps énigmatique, est aujourd'hui assez bien éclairci par les confidences mêmes de Stendhal que les érudits ont retrouvées : sous l'Empire, Julien Sorel aurait été soldat, et la couleur rouge symbolise la nostalgie de ces temps héroïques; sous la Restauration, il choisit pour faire triompher son ambition la carrière ecclésiastique, le noir de l'habit et des sentiments dissimulés.

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« Dans un accès de remords et de jalousie, madame de Rênal envoie une lettre au marquis dans laquelle elle dépeintson ancien amant comme un vil séducteur; la réaction du jeune homme, mis au courant, est extrême : il part sur lechamps pour Verrières et, dans l'église, au moment de l'élévation, il tire deux coups de feu sur celle qu'il a aimée.Elle ne sera que blessée.En prison, Julien Sorel reçoit plusieurs visites dont Mathilde qui s'acharne à le faire libérer, et madame de Rênal dontl'amour toujours vivace lui a dicté le pardon.

Si Julien reste indifférent devant la fougueuse Mathilde, les accents demadame de Rênal résonnent en lui comme une ultime passion.

Cependant conscient de l'acte qu'il a posé, il attend leverdict, refusant d'aller en appel.

Il sera décapité.Dans la voiture qui suit le cortège funèbre, Mathilde de la Mole, réitérant le geste de Marguerite de Navarre enversun de ses ancêtres, tient sur ses genoux la tête du condamné.

Quant à madame de Rênal, bien qu'elle n'ait pastenté de se suicider, elle meurt trois jours après, en embrassant ses enfants. Pistes de lecture Carrière militaire et carrière littéraireHenri Beyle est né à Grenoble en 1783.

La disparition de sa mère, alors qu'il n'a que sept ans, l'affecteprofondément.

Il ressentira par la suite une rancoeur certaine envers son milieu familial dont il rejette les idéespolitiques et religieuses, ainsi que le décor provincial.Il quitte au plus tôt sa ville natale pour Paris (1799) sous prétexte de présenter le concours de polytechnique.Engagé comme sous-lieutenant dans l'armée d'Italie, puis comme officier d'intendance, il découvre la péninsule quidevient sa patrie de prédilection, alternant les séjours dans la capitale française et dans les villes italiennes.

En1808, il mène une existence mondaine à Paris avant de suivre l'armée napoléonienne en Russie (1812).Après la chute de Napoléon, il se lance dans la carrière littéraire, tout en vivant différentes intrigues amoureuses.Ses premières oeuvres sont des ouvrages de critique, essais et compilations : Vie de Haydn, Vie de Mozart (1814),Vie de Napoléon (1816), Histoire de la peinture en Italie (1817), qu'il signe du pseudonyme de Stendhal (de Stendal,petite ville allemande), De l'Amour (1822).

1827 voit la parution de son premier roman, Armance, suivi quelquesannées plus tard de son chef d'oeuvre, Le Rouge et le Noir (1830), accueilli par la plus parfaite incompréhension.Nommé consul à Trieste puis à Civita-Vecchia, Stendhal continue cependant à mener une activité littéraire intense :Lucien Leuwen, Souvenirs d'égotisme sont rédigés durant ces années ainsi qu'un second chef d'oeuvre, écrit enmoins de deux mois : La Chartreuse de Parme (1839), confession poétique dans laquelle l'auteur, au sommet de samaîtrise artistique, a mis le meilleur de lui-même.

C'est en 1842 qu'il s'éteint, frappé d'une crise d'apoplexie. Trois interprétations pour un titreLe Rouge et le Noir est incontestablement l'oeuvre de littérature classique dont le titre souleva le plusd'interrogations.

De nombreuses études furent consacrées à cette question.

Le Rouge et le Noir est, contrairementà bien d'autres, un titre non explicite, que les philologues ont tenté d'éclairer par trois interprétations : la premièrele rapproche des couleurs du jeu de la roulette.

Les deux autres explications, plus élaborées, privilégient le symbole: le rouge est la couleur de l'habit militaire, le noir, celle de la carrière ecclésiastique, deux chemins potentiels dupersonnage principal, Julien Sorel.

Mais le rouge est également la couleur du sang versé par le crime, et celle de lamort qui clôture le roman, tandis que le noir reflète l'état sombre de la France depuis 1815. Quand le fait-divers engendre le chef d'oeuvreTout comme Madame Bovary de Flaubert, Le Rouge et le Noir tire son origine d'un fait-divers.

Stendhal, ferventlecteur de la Gazette des Tribunaux, fut vivement impressionné par le compte rendu d'un procès en cours, celuid'Antoine Berthet.

Lorsqu'il rédigea le manuscrit qui devait au départ s'intituler Julien, Stendhal ne modifia que trèspeu les données réelles.

Cependant, le fait-divers sordide, inséré dans une structure étudiée, dans une atmosphèredécrite avec minutie et, surtout, centré sur un personnage psychologiquement très développé, se mue en chefd'oeuvre littéraire.

C'est au fond de lui-même que l'auteur alla chercher les caractéristiques principales de JulienSorel, lui faisant accomplir un périple qu'il aurait pu vivre lui-même. Julien Sorel : le revirement d'un «enfant du siècle»La personnalité du héros est extrêmement complexe.

Sa jeunesse, ses origines modestes, son instruction et sonambition le poussent à rejeter ce qu'il appelle la médiocrité et à désirer s'élever dans l'échelle sociale.

Tout commeRastignac dans Le Père Goriot, il convoite les privilèges des grands.

Le roman s'attache en effet à décrire saremarquable ascension.Cependant, l'hypocrisie inhérente à cet arrivisme va à l'encontre de sa nature véritable et cet antagonisme précipitele drame; Julien, au faîte de sa réussite, commet un « crime » social — dans.

la mesure où il rejette le portraitcynique que la société a dressé de lui-même — et un acte éminemment romantique.Cet acte fou est suivi d'un face-à-face poignant du héros avec lui-même : «Je me ferais fort malheureux si je melivrais à quelque lâcheté.

» En perdant socialement tout, Julien Sorel, du fond de sa cellule, a regagné sa propreestime.. »

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