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Le Véritable Saint Genest

Publié le 10/04/2013

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La première moitié du XVIIe siècle est une période préclassique, dite « baroque «, où la tragédie religieuse connaît un succès exceptionnel auprès du public : ainsi, de Corneille, Polyeucte (1642) ou Théodore, vierge et martyre (1646). La technique dramatique du « théâtre dans le théâtre « connaît son plein essor entre 1660 et 1680; Rotrou (1609-1650) fait donc figure d'avant-gardiste en l'utilisant, et surtout en la rattachant au genre de la tragédie religieuse. La pièce dans la pièce insérée dans Le Véritable Saint Genest est inspirée du Sanctus Adrianus, oeuvre latine du Père Cellot.

« « Poursui s Gene st ton personnage,/ Tu n'imitera s point en vai n;/ Ton salut ne dépend que d'un peu de courage,/ Et Dieu t'y prêtera l a main .» EXTRAITS Alors que Genest répète le rôle d' Adrian, une voix divine s'adresse à lui Qu'entends-je, juste Ciel, et par quelle mer veille, Pour me toucher le cœur me frappes-tu l'oreille ? Souffle, doux et sacré, qui me viens enflammer, Esprit Saint et Divin, qui me viens animer, Et qui me souhaitant, m'inspires le courage, Travaille à mon salut, achève ton ouvrage ; Guide mes pas douteux dans le chemin des Cieu x, Et pour me les ouvrir, dessille-moi les yeux .

Genest enfermé dans son cachot Ô fausse volupté du monde, Vaine promes se d'un trompeur! Ta bonace la plus profonde, N 'est jamais sans quelque vapeur; Et mon Dieu, dans la peine même Qu'il veut que l'on souffre pour lui, Quand il daigne être notre appui, Et qu'il reconnaît que l'on l'aime, Influe une douceur extrême, Sans mélange d'aucun ennui.

Pour lui la mort est salutaire; Et par cet acte de valeur, Jean de Rotrou On fait un bonheur volontaire, D'un inévitable malheur; Nos jours n'ont pas une heure sûre, Chaque instant use leur flambeau , Chaque pas nous mène au tombeau ; Et l'Art imitant la Nature, Bâtit d'une même.figure, Notre bière, et notre berceau.

Cassandre, personnage de la tragédie Venceslas, de Rotrou Fureur de l'empereur Dioclétien apprenant la conversion de Genest Mon soin nuit plus aux Dieux qu'il ne leur est utile, Un ennemi défait leur en reproduit mille ; Et le caprice est tel de ces extravagants, Que la mort les anime, et les rend arrogants.

Genest, dont cette secte aussi folle que vaine, A si longtemps été la risée et la haine , Embras se enfin leur Loi contre celle des Dieux , Et l'ose insolemment professer à nos y [e]ux; Outre l'impiété, ce mépris manifeste, Mêle no tre intérêt Céleste ; En ce double attentat, que sa mort doit purger, Nous avons , et les Dieux, et nous-même à venger.

NOTES DE L'ÉDITEUR Un spécialiste de la littérature baroque décrit le parcours de Genest, l'acteur­ martyr, ainsi que la construction de la pièce: « Quatre actes constamment rompus ont montré un homme sourdement sollicité, en proie à un travail obscur, s'ignorant, se cherchant, titubant en lui-même ; il est maintenant dénudé, unifié, assuré, il a pris possession de sa vérité, qu' il ne lui reste qu 'à réaliser promptement : ce sera l'affaire du cinquième acte, acte simple et rectiligne à l'image du héros ( ...

).

La structure de la pièce et sa vie interne se disposent donc parallèlement.

» Jean Rousset, La Littératur e à l'âge baroqu e en France, Librairie Corti, 1985 .

La pièce met en valeur , selon un critique contemporain , la supériorité de l'ordre divin sur l'ordre humain: «L'irruption de l'absolu dans le monde du divertissement, celui de la cour romaine ou celui de la tragédie mondaine du xvn e siècle, atteste le refus d'une intégration pure et simple de la structure dramatique dans la structure politique et sociale d'une époque donnée, et la volonté de rendre compte de cette dernière par son insertion dans un cadre infiniment plus large de l'ordr e divin.

» 1 Edimédia 2, 3 , 4 grav ures d' A llouard, P aris , Lap lace , Sanchez et Cie , s.d.

I B.N.

ROTROU 02. »

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