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Légataire universel (le) de Jean-François Regnard (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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Légataire universel (le). Comédie en cinq actes et en vers de Jean-François Regnard (1655-1709), créée à Paris à la Comédie-Française le 9 janvier 1708, et publiée à Paris chez Pierre Ribou en 1714.

Le vieux Gérante est malade. Son neveu Éraste guigne son héritage, qui lui permettrait d'épouser Isabelle, la fille de Mme Argante. Encore faut-il que le vieillard rédige un testament en sa faveur. Le jeune homme peut compter sur le secours de son valet Crispin, et de Lisette, la servante de Gérante. Mais celui-ci envisage lui-même de se marier avec Isabelle (Acte I). Ce dessein est aisément rompu : il suffit de convaincre Mme Argante qu’Éraste héritera de la fortune du vieillard. Mais il y a d'autres héritiers possibles, un gentilhomme de Basse Normandie et une dame du Maine, et Gérante veut laisser à chacun d'eux vingt mille écus comptant (Acte II). Crispin va se travestir, se faire passer tour à tour pour

chacun de ces deux personnages et les rendre odieux à Gérante. Tout semble s'arranger, quand Gérante rend l'âme (Acte III). Crispin sauve encore la situation : il prend le rôle du vieillard et dicte à sa place le testament aux deux notaires, M. Scrupule et M. Gaspard (Acte IV). Gérante ressuscite : on lui fait croire qu'il a lui-même -dans sa « léthargie » - dicté le testament. Il s'en persuade, et les jeunes gens peuvent se marier (Acte V).

On prétend que Regnard s'est inspiré d'un fait réel, et que les jésuites, pour capter l'héritage d'un vieux célibataire de Besançon, recoururent à un paysan de la même région, qui fit à sa place le testament. Regnard ne s'est soucié ici ni de vérité psychologique ni de vérité sociologique. 11 se réfère ouvertement, avec les noms de Géronte et d'Isabelle, à la comédie italienne (alors proscrite de France), et il ne cherche qu'à divertir. Les successifs travestissements de Crispin font naître un « théâtre dans le théâtre », et l'apostrophe au public, qui clôt la comédie, concourt à cette distanciation burlesque.

Regnard a transféré la farce italienne dans le plus noble registre. Sa versification est élégante, et son comique, très rarement gestuel, réside dans le langage. Le poète ne se laisse jamais oublier, et l'on ne cesse de le retrouver dans les tirades de ses acteurs ; il leur prête sa fantaisie : jeu de mots, répétitions (\"C'est votre léthargie\", V, 4), cataractes de synonymes, et surtout burlesque. Tous les rôles, en particulier celui de Crispin, abondent en vers nobles employés pour des actions basses ou vulgaires (« Certain devoir pressant m'appelle en certain lieu », II, 7 ;

« Faisons-nous un courage auKiessus des malheurs. (...] Et Lisette et Crispin, et l'enfer et les dieux », III, 10). C'est ainsi, sur la ruine de toute profondeur et de toute vraisemblance, que s'édifie un théâtre d'une liberté et d'une gaieté extraordinaires.

« Les mêmes vertus règnent dans la Critique du «Légataire», une petite pièce en prose créée le 19 février 1708.

On y chercherait en vain les grandes idées ou les graves disputes de la *Criti­ que de «l'École des femmes».

Quelques fantoches s'agitent : l'apothicaire se plaint d'être joué sur les planches; Boniface, auteur sans talent, argue de la Poétique d'Aristote et du Code jus­ tinien pour critiquer la pièce de Regnard; un marquis lui démontre que les règles ont été respectées.

Un finan­ cier (qui ressemble à Regnard) est satis­ fait de l'Œuvre.

Comble de burlesque: deux Clistorel -le vrai et celui qui l'incarne sur la scène -en viennent aux mains.

Le poète paraît se moquer de tout -des partisans des Anciens en tout cas, peut-être aussi de la fameuse Critique de Molière -, et nous conduit à une totale dérision.. »

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