Les Confessions
Publié le 10/04/2013
Extrait du document
Parmi les nombreux ennemis de Rousseau, Voltaire a montré le plus d'acharnement. Le conflit, sans cesse relancé par l'un ou par l'autre, fit tant de bruit que les deux noms devinrent vite inséparables ! Témoignage d'une vie, Les Confessions sont aussi une « arme polémique « contre les adversaires de Rousseau, qui ambitionne de répondre à la calomnie par la vérité des faits.
«
«Je veux montrer à
mes semblables un
homme dans toute la
vérité de la
nature ;
et cet homme, ce sera moi.»
EXTRAITS
Première rencontre
avec Mme de Warens
C'était un passage derrière sa maison, entre
un ruisseau à main droite qui la séparait du
jardin,
et le mur de la cour à gauche,
conduisant
par une fausse porte à l'église
des Cordeliers.
Prête à entrer dans cette
porte, Mme de Warens se retourne à ma
voix.
Que devins-je à cette
vue! Je m'étais
figuré une vieille dévote bien rechignée ;
la
bonne vieille dame de M.
de Pontverre ne
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pouvait être autre
chose à mon avis.
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, Je vois un visage
_,,-i pétri de grâces, de
beaux
yeux bleus
pleins de douceur,
un teint éblouis
sant, le contour
d'une gorge en
chanteresse.
Rien
n'échappa au ra
pide coup d'œil du
jeune prosélyte, car
je devins à l'instant le
sien, sûr qu'une religion prêchée par de tels
missionnaires ne pouvait manquer de mener
au paradis.
Elle prend en souriant
la lettre
que
je lui présente d'une main tremblante,
l'ouvre,
jette un coup d'œil sur celle de
M.
de Pontverre, revient à la mienne, qu'elle
lit tout entière, et qu'elle eût relue encore si
son laquais ne l'eût avertie qu'il était temps
d'entrer.
«Eh! mon enfant, me dit-elle d'un
ton qui me fit tressaillir, vous voilà courant
le
pays bien jeune ; c'est dommage en
vérité.
» Puis, sans attendre ma réponse, elle
ajouta :
« Allez chez moi m'attendre ; dites
qu'on vous donne à déjeuner ; après la
messe
j'irai causer chez vous.
»
Une bien grande lenteur à penser
Deux choses presque inalliables s'unissent
en moi sans que
j'en puisse concevoir la
manière : un tempérament très ardent, des passions
vives, impétueuses,
et des idées
lentes à naître, embarrassées et qui ne se
présentent
qu'après coup.
On dirait que
mon cœur et mon esprit n'appartiennent pas
au même individu.
Le sentiment,
plus
prompt que l'éclair, vient remplir mon âme ;
mais au lieu de m'éclairer,
il me brûle et
m'éblouit.
Je sens tout et je ne vois rien.
Je
suis emporté, mais stupide ; il
faut que je
sois de sang-froid pour penser.
Ce qu'il y a
d'étonnant est que j'ai cependant le tact
assez
sûr, de la pénétration, de la finesse
même, pourvu
qu'on m'attende : je fais
d'excellents impromptus à loisir, mais sur le
temps je n'ai jamais rien fait ni dit qui
vaille.
Je ferais une fort jolie conversation
par la poste, comme on dit que les
Espagnols jouent aux échecs.
Rousseau n'est pas homme
du monde, à quoi il doit beaucoup
de ses malheurs
Le même soir, M.
le duc d 'Aumont me fit
dire de me trouver au château le lendemain
sur les onze heures, et qu'il me présenterait
au Roi.
(
...
)Je me figurais
devant le Roi, présenté à
Sa Majesté, qui daignait
s'arrêter et m'adresser
la
parole.
C'était là qu'il fal
lait de la justesse et de la
présence d'esprit pour ré
pondre.
Ma maudite timi
dité, qui me trouble devant
le moindre inconnu, m'au
rait-elle quitté devant le
Roi de France, ou m 'au
rait-elle permis de bien
choisir à l'instant ce qu'il
fallait dire ? Ce danger
m'alarma, m'effraya, me
fit frémir au point de me
déterminer, à tout risque,
de ne pas
m'y exposer.
------
Jean-Jacques Rousseau et Mme de Warens
NOTES DE L'ÉDITEUR lu, je puis dire, en tous sens ; et encore hier
j'ai retrouvé dans Les Confessions une idée
que
je croyais bien avoir inventée.
» Alain.
écrivains
étaient sincères, après seront seuls
sincères ceux qui consentiront à dévoiler,
avec une sorte de délectation raffinée, leurs
vices, leurs défaillances, les parties
honteuses de leur vie.
» Kléber Haedens.
« L'objet propre de mes confessions est de
faire connaître exactement mon intérieur
dans toutes les situations de
ma vie.
»
Jean-Jacques Rousseau.
« J'ai promis ma confession, non ma
justification.
C'est à moi d'être vrai, c'est
au lecteur d'être juste.» Jean-Jacques
Rousseau.
« Rousseau fut toujours mon maître; je l'ai
1 co ll.
Viollet 2, 3, 4 dessins de A.
Calbet, éd.
Levasseur, Paris, 1934 I B.N.
«Les Confessions, ce titre est significatif.
Avant Rousseau , aucun écrivain
n'avait eu
l'idée de révéler au public les troubles les
plus intimes de son âme, ses inquiétudes et
ses tares, visibles seulement pour le regard
de Dieu .
Lui, dans une atmosphère d'orage
traversée d'éclairs de chaleur, détruit
soudain la politesse,
la modestie et la
discrétion.
Avant Les Confessions, tous les
« A tort ou à raison, Rousseau n'a pas
consenti
à séparer sa pensée et son
individualité, ses théories
et son destin
personnel.
Il faut le prendre tel
qu'il se
donne, dans cette fusion
et cette
confusion de l'existence et de
l'idée.»
Jean Starobinski.
ROUSSEAU 06.
»
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