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Les États-Unis et la guerre du Vietnam – J. Portes

Publié le 31/08/2012

Extrait du document

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Parallèlement, les rencontres entre Kissinger et Lê Duc Tho s’intensifient. Pour les Américains, le maintien d’un Sud-Vietnam non communiste est le dernier objectif. Les dernières troupes américaines quittent le pays mais les négociations butent toujours sur les exigences des uns et des autres. Un évènement les accélère : Nixon décide l’opération Lineback II, bombardement massif (36 000 tonnes de bombes tombent entre le 18 et 29 décembre soit plus qu’entre 1969 et 1971). L’indignation est brutale et immense. Le Congrès s’empresse de voter un arrêt de financement de la guerre. * Les négociations reprennent début janvier 1973, Nixon oblige Thieu à coopérer. L’accord est signé le 27 janvier 1973 à Paris. La paix est enfin signée.

III. La profondeur de l’impact du Vietnam

En 1975, le Vietnam se réunifie sous la férule du régime communiste. Le bilan s’avère lourd. A. Un bilan économique et social contrasté 1. Le coût de la guerre Contrairement à ce qu’on pense le poids de la guerre n’a pas été si considérable. Certes la guerre a coûté entre 120 et 170 milliards de $ mais elle n’a atteint qu’1.9% du PNB en 1968. Elle n’est pas un facteur essentiel de déséquilibre pour budget des USA. En parallèle est lancé un programme social qui pèse aussi sur le budget. C’est la simultanéité des 2 plans qui pose problème (ils se sont offert « le beurre et les canons «). Ce sont surtout les dépenses sociales qui conduisent à l’accroissement du budget fédéral. On peut même dire que le Pentagone contribue à l’activité économique. * La guerre n’a pas fourni les bases d’un essor économique solide mais elle n’a pas non plus détourné des fonds qui auraient pu être utilisés à des fins sociales. 2. Des réactions sociales hiérarchisées, depuis des étudiants qui manifestent… Seulement une fraction de la jeunesse (diplômée et surtout blanche) a participé aux manifestations monstres, aux concerts gigantesques et rarement des travailleurs manuels. Le mouvement contre la guerre est peu représentatif de la société américaine dans son ensemble. Mais le mouvement est divisé entre ceux qui manifestent par pur pacifisme, par peur de la conscription,… La mobilisation est très composite. Quelques vedettes viennent soutenir le mouvement comme Joan Baez (chanteuse profondément pacifiste). A ce soutien, s’ajoute celui de certaines églises comme le montre l’exemple du pasteur William S. Coffin. * La guerre pénètre de façon particulière dans la société, divisant les groupes.

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« * Tous les changements effectués par Johnson montrent que la guerre peut durer.

Les Américains n'ont donc pas changé de tactique.

La guerre secrète est réactivéeavec le but de déstabiliser le régime du Nord mais les succès sont rares, le Vietcong prend de plus en plus de place.2.

La guerre de M.

Johnson : pourquoi peut-on dire que Johnson est responsable ?Après 2 attaques du destroyer Maddox (américain) par des Nord-Vietnamiens relayées par les médias, Johnson pour avoir les mains libres, décide de mobiliser leCongrès qui le soutient en votant « Résolution du Tonkin ».L'action « Rolling Thunder » (bombardements qui vont durer 3 ans) est décidée suite à l'évolution de la situation mais les bases créées sont attaquées.

Westmorelanddemande donc l'envoi de troupes supplémentaires.

Johnson sait qu'un renfort de troupes risque d'inquiéter l'opinion publique mais il y répond favorablement.

Onenvoie 3500 marines.

L'envoi de troupes officiellement a une vocation uniquement défensive.

Mais très vite, les GI's se retrouvent aux prises avec les combattantsnord-vietnamiens.

Westmoreland réalise qu'il faut envoyer encore plus de GI's, surtout que l'opération Rolling Thunder ne produit pas les effets désirés.

Certainespersonnes commencent à douter.

Ex : l'ambassadeur Taylor doute de la capacité de GI's à être victorieux dans un terrain aussi difficile.

C'est le début desmouvements de protestation dans les campus.

Pour contenter l'opinion américaine, des promesses de négociation sont faites.

En réalité, rien n'est fait pour engagerdes négociations.* Le plan d'envoi massif de troupes est enclenché.

Les Américains sont persuadés que « les faucons » belliqueux l'emportent facilement sur les « colombes ».

Lesdécisions prises sont essentielles mais les citoyens ne sont toujours pas mis au courant de l'enjeu.3.

Une stratégie de guerre limitéeEntre 1954 et 1965, les buts de la guerre ont changé : on passe d'une lutte inscrite dans la Guerre Froide (anticommuniste et offensive) à une lutte contre uneagression.

On ne se soucie guère de « gagner les cœurs » ce qui explique l'utilisation des moyens militaires.

Paradoxalement, on présente toujours le sort du Vietnamcomme essentiel à la chaîne des dominos alors qu'en fait la guerre ne relève plus de la GF.Le nouvel enjeu de la guerre est d'épuiser les Nord-Vietnamiens pour qu'ils négocient en position de faiblesse.

Exemple des objectifs américains avec le rapport de1965 de McNamara: éviter à 70% une défaite humiliante, à 20% éviter que le Sud-Vietnam ne devienne communiste et à 10%, permettre au peuple de vivre mieux.

Ildevient donc impossible d'envisager une défaite.Tous ces glissements amènent au choix de la guerre d'usure.

Ce plan passe par des bombardements (plus de bombes au Vietnam qu'en Allemagne pour briser le moraldu Nord-Vietnam mais ce chiffre est à nuancer car il y est plus difficile de toucher son but), par le principe du search and destroy (unités de GI's pour « nettoyer » leszones aux mains du Vietcong), par le free killing (zones où les tirs sont libres) et l'usage de la technologie.

C'est une guerre frustrante pour les Américains car il n'y apas de bataille rangée où ils seraient sûrs de gagner.* Les GI's sont soumis au climat, à la difficulté du terrain, à l'opiniâtreté des combattants.

Les chefs militaires n'arrivent pas à se débarrasser de leurs habitudes deguerre traditionnelle et s'appuient sur un gouvernement non légitime.4.

L'impasse de la guerre américaineLe conflit essentiellement vietnamien s'est transformé en guerre américaine.

Le choix même de la guerre d'usure par les Américains convient plus à leur adversaire :l'opinion américaine a besoin de résultats probants tout de suite ce qui n'est pas le cas d'Ho Chi Minh.

La technique de search and destroy a infligé de grosses pertesau Vietcong mais parallèlement à l'arrivée de GI's, les combattants nord-vietnamiens infiltrent le Sud.

Les Américains n'arrivent pas à les user car le Vietcong éviteles combats inutiles, limite leur recrutement,…* La guerre américaine s'enfonce très tôt dans une impasse.5.

Les Américains au VietnamL'arrivée de centaines de milliers de soldats et d'officiels au Vietnam provoque de grands bouleversements.Société : l'armée américaine adapte le pays à son fonctionnement plutôt que l'inverse.

Les soldats américains restent en général 1 an donc ne cherchent pas àconnaître le pays : ils retrouvent au Vietnam tous les produits de leur pays : Coca Cola,… De nombreux Vietnamiens tirent profit de ces nouvelles richesses etacquièrent un niveau de vie souvent supérieur tout en subissant le choc de la civilisation américaine.Armée : Le déploiement de forces de 1966 donnait aux soldats une grande confiance mais la réalité est souvent différente car les combats, même sporadiques, sonttrès durs : difficultés à se déplacer, pièges du Vietcong particulièrement redoutés,… Cela entraîne une sensation de frustration chez les fantassins.B.

La diffusion de la guerre dans la société (1965-1968)La logique de guerre s'est mise en place sans que l'opinion américaine ne l'ait vraiment réalisée.1.

La prise de conscience de la guerre s'est faite progressivementEntre 1965 et début 1967, les protestations sont encore peu entendues.

Certaines actions montrent l'émergence d'un doute précoce.

Ex : immolation d'Alice Herz,femme de 82 ans en signe de protestation (mais peu d'audience).

La contestation prend 2 formes :* Contestations dans les universités menées par le SDS (Students for a Democratic Society) et SANE.

En 1964, de véritables journées d'études sur le Vietnam avecinterventions de professeurs sont organisées : les « teach-in ».

Cela a un certain écho dans le mouvement pacifiste (ex : succès de la version anglaise de la chanson deBoris Vian, « Le Déserteur »).

Mais cela n'érode pas la majorité qui soutient Johnson.

En 1966, d'autres formes de manifestations paisibles apparaissent.

Ex : 27novembre, à Washington, 30 000 personnes défilent avec des slogans comme « Hey, Hey, L.B.J, combien d'enfants as-tu tué aujourd'hui ? ».

Les 1ères destructionsde livrets militaires apparaissent.* Contestations au sein de l'establishment.

Ex : février 1966, sénateur Fullbright organise des auditions de l'administration sur le choix de la politique au Vietnam.Evolution de l'opinion par rapport à la guerre : en 1965, 61% pour et 24% contre et en 1967, 46% pour et 45% contre.Presse : le NY Times prend ses distances avec la politique de Washington mais en général, la presse la soutient sans état d'âme.Plan international : tous les alliés des USA prennent leurs distances.* Le climat qui se met en place prouve la mobilité de l'opinion et le durcissement de la contestation.2.

La mise en mouvement de la sociétéDe 1965-67, le Vietnam prend de plus en plus de place dans l'opinion.

Les mouvements de contestation sont divers et divisés (les hippies, les intellectuels,…) maisrestent minoritaires et trop souvent connotés à gauche.

Ex : le pasteur William S.

Coffin à l'Université d'Harvard milite pour le retour des boys.L'accélération va venir de la résistance qui se développe parmi les jeunes.

Ex : le mouvement « Nous ne partirons pas » connaît un écho important dû à l'inquiétudedes familles.

Se multiplient alors des manifestations au cours desquelles on brûle les livrets militaires, on souille le drapeau.

Ex : la manifestation du 15 avril 1967,« Mobilisation pour mettre un terme à la guerre du Vietnam », à l'initiative de la gauche radicale attire aussi des modérés.

Des Noirs, des Blancs, des hippies et despasteurs, des Indiens avec des panneaux « Ne faites pas aux Vietnamiens ce que vous nous avez fait » défilent.

Cependant, les Américains « moyens » ne serapprochent guère du mouvement anti-guerre.Exemple de réponses gouvernementales :* La répression : les atteintes au drapeau sont punies.* Noircir les contestataires : on les fait passer pour des agents de l'ennemi, pour des communistes.Le pays est divisé : 45% des Américains considèrent désormais que la guerre était une erreur, sont inquiets de sa durée, de la place de la conscription.

Johnson tentede reprendre l'initiative face à cette contestation et produit des documents plutôt optimistes.* Une majorité d'Américains est choquée par les gestes de jeunes qui brûlent leurs livrets militaires mais cette action a nécessairement une résonnance supérieure.3.

Les effets pervers de la conscriptionAux USA, il n'y a pas de tradition de service militaire.

Le Selective Service n'est que théoriquement obligatoire à l'époque, les exemptions sont très nombreuses.

Lasituation au Vietnam se dégradant et étant donné qu'il faut un renouvellement (les GI's ne restent qu'un an sur le terrain), l'appel se fait plus pressant.Effets pervers de cette conscription.

Elle est très inégalitaire à cause de l'organisation des bureaux de recrutement.

Il est beaucoup plus facile de se faire exemptéquand on est issu d'un milieu favorable et que l'on fréquente l'université.

D'ailleurs, profil type du GI : très jeune (18-20ans), sans expérience, avec un faible niveaude diplôme et assez souvent issu d'une minorité ethnique.* La conscription a perturbé tous les jeunes, même au-delà de ceux qui partaient.

En 1969, 75% des jeunes placent le service militaire et l'éventuel départ au Vietnamcomme préoccupation n°1.4.

Le refus de la guerreUne faible proportion de la classe d'âge est partie au Vietnam.

60% des jeunes en âge de partir se sont débrouillés pour éviter de le faire par divers moyens légaux :cumulation de sursis, s'engager dans la Garde Nationale ou les Réserves, s'exiler au Canada (pays accueillant)… Cependant, brûler son livret militaire reste un gestetrès marginal et assez peu accepté par les jeunes...

NB : les actions spectaculaires n'ont pas nécessairement eu l'importance que les médias leur ont accordée mais elle. »

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