Les Faux-Monnayeurs
Publié le 12/04/2013
Extrait du document
«
« Il était bien forcé
de s'avouer qu'il ne
ressentait pas
pour elle
un grand amour ...
»
EXTRAITS
É dou ard , roma ncier,
insc rit so n roman dan s
celui de Gide
Édouard somnole ; ses pensées insensible
ment prennent un autre cours.
Il se demande
s'il aurait deviné, à la seule lecture de la
lettre de Laura, qu'elle a les cheveux noirs
?
Il se dit que les ro
manciers,
par la des
cription trop exacte
de
leurs personnages, gê
nent plutôt l'imagi
nation qu'ils ne laser
vent et qu'ils devraient
laisser chaque lecteur
se représenter chacun
de ceux-ci comme il
lui
plaît.
Il songe au
roman qu'il prépare ,
qui ne doit ressembler
à rien de ce qu'il a
écrit jusqu'alors.
Il
n'est pas assuré que
Les Faux-Monnayeurs
soit un bon titre.
Il a
eu tort de l'annoncer.
Absurde, cette coutu
me d'indiquer les « en
préparation », afin
d'allécher les lecteurs.
Celan' allèche personne et cela vous lie ...
Il
n'est pas assuré non plus que le sujet soit
très bon.
Une réflexio n s ur le ro man
p ar l '
un des prota goni st es :
É douard , le roma ncier
« Est-ce parce que, de tous les genres litté
raires, discourait Édouard, le roman reste
le
plus libre, le plus lawless ...
est-ce peut
être pour cela, par peur de cette liberté
même (car les artistes qui soupirent le plus
après la liberté sont les plus affolés souvent ,
dès
qu'ils l'obtiennent), que le roman, tou
jours,
s'est si craintivement cramponné à la
réalité ? Et je ne parle pas seulement du
roman français.
Tout aussi bien que le
roman anglais, le roman russe, si
échappé
qu'il soit de la contrainte, s'asservit à la res
semblance.
Le seul progrès
qu'il envisage ,
c'est de se rapprocher encore plus du natu
rel.
Il n'a
jamais connu, le roman, cette
«formidable érosion des contours », dont
parle Nietzsche, et ce volontaire écartement
de la vie,
qui permirent le style, aux œuvres
des dramaturges grecs par exemple , ou
aux tragédies du xvll e siècle français.
Connaisse z-vous rien de plus parfait et de
plus profondément humain que ces œuvres ?
Mais précisément, cela n'est humain que
profondément ; cela ne se pique pas de le
paraître,
ou du moins de paraître réel.
Cela
demeure une œuvre
d'art.
»
Le journa l d'Édouar d.
Le lecteur
pe ut ai nsi p énétrer toutes l
es strates
d u ro man
pa r l e biais du ro mancier
« Ce matin, rencontré Molinier, sous
l'Odéon.
Pauline et Georges ne rentrent
qu'après-demain.
Seul
à Paris depuis hier, si
Molinier s'ennuyait au
tant que moi, rien d'éton
nant à ce qu 'il ait paru
ravi de me voir.
Nous
avons été nous asseoir au
Luxembourg, en atten
dant l'heure du déjeuner,
que nous avons convenu
de prendre ensemble.
Molinier affecte
avec moi
un ton plaisantin, parfois
même égrillard , qu'il
pense sans doute de na
ture à plaire à un artiste.
Certain souci de se
mon
trer encore vert.
»
Gallimard, 1925
« Il me paraît toujours
inutile d 'expliquer
tout
au long ce que
le lecteur attentif a
compris; c'est lui faire
injure.
» (André Gide,
Le Journal des Faux
Monna yeurs.)
«Il n'est pas assuré que Les Faux-Monnayeurs soit un bon titre.
Il a eu tort de l'annoncer.»
NOTES DE L'ÉDITEUR
«C'est sans doute une des réussites de Gide
que de donner au lecteur le sentiment que
tout se tient, que tout est lié par quelque
côté, que le moindre geste suppose une
motivation infinie.
(
...
) Outre les prouesses
techniques qui valent ce qu'elles valent,
la
succulence de beaucoup de dialogues,
l'éclat de beaucoup de morceaux,
c'est un
roman
d'un ton vif, plaisant, où l'humour
est constant, où affleure à chaque instant une
merveilleuse intelligence toujours
en éveil et comme souriante.
» Michel
Raimond,
Le Signe des temps,
PUF-SÉDÈS .
«
Gide consacra plusieurs années aux
Faux-Monna yeurs, le seul de ses récits
qu'il ait consenti
à intituler roman.
Ce livre
singulier et plein étonna,
d'un étonnement
mêlé de réserves.
A la construction centrale
du roman s'accolèrent des récits, des
figures, des portraits, des événements tirés
plus librement
d'une réalité et d'une
autobiographie transposées, des dialogues ,
des morceaux de journal, ce qui donne un
ensemble singulièrement intelligent, mais
presque exclusivement intelligent, ce qui
n 'est évidemment pas la qualité la plus
nécessaire
d'un roman.
( ...
)L es Faux
Monnayeurs trouvèrent d'ailleurs auprès
d'une jeunesse" inquiète" un accès
extraordinaire .
» Albert Thibaudet, Histoire
de
la littérature française.
1 po rt ra it pa r J.
E.
Blanc he , R oue n , mu sée des Bea ux-A rts I Roge r- Violle t 2.
3.
4.
5 illu str a tions de Sieg fried Œlke, Ca ro n-V e rlag.
Zurich.
s.d.
GIDE 06.
»
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