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Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos (résumé et analyse)

Publié le 10/05/2011

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Un complot libertin  Les Liaisons dangereuses appartiennent au genre très courant au XVIII' siècle du roman épistolaire, c'est-à-dire du roman par lettres. A travers quatre parties sur lesquelles se répartit l'action dramatique, les échanges de lettres déroulent un écheveau romanesque complexe et subtil fondé sur les relations amoureuses qui se nouent entre les cinq principaux personnages : la jeune et naïve Cécile de Volanges, son amoureux le chevalier Danceny, la prude présidente de Tourvel, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, les deux libertins qui mènent le jeu.  Nous apprenons tout d'abord qu'un mariage se prépare entre Cécile de Volanges — que sa mère vient de retirer du couvent, où l'on veillait jalousement sur sa virginité — et le comte de Gercourt, libertin sans scrupules, qui, tout comme l'Arnolphe de L'Ecole des femmes, veut une épouse d'une innocence totale et entièrement ignorante des choses de l'amour. Or, une lettre de la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont révèle que ce Gercourt a naguère abandonné la marquise pour lui préférer une certaine intendante de XXX qui, de son côté, lui a sacrifié Valmont.   

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« au prix de l'obstacle.

Il doit pour cela porter le masque de l'amoureux transi afin de toucher le coeur de la damemurée dans le sentiment du devoir et dont la fidélité conjugale est scellée avant tout par des scrupules d'ordrereligieux.

Il refuse donc de céder aux instances de sa complice à laquelle il répond avec une morgue toute masculinesans craindre de la désobliger.

L'intérêt du roman s'inscrit dès lors dans un ordre de priorité des intrigues qui révèleun rapport de forces entre les deux protagonistes.Or, il apparaît bientôt que Valmont se prend à son propre piège et qu'il est véritablement épris de la jeune et belleprésidente.La marquise est doublement ulcérée par l'attitude de Valmont.

D'abord, il refuse le service qu'elle lui demande, ce quila place, ou plutôt la maintient, dans une humiliante posture d'infériorité.

Ensuite, il a le front de lui avouer qu'il estamoureux d'une autre femme.

L'ironie libertine de Valmont dissimule mal, en effet, un mépris bien masculin pour lesfemmes libertines, une considération paradoxale pour la résistance que lui oppose Madame de Tourvel.

«J'ai bienbesoin d'avoir cette femme, pour me sauver du ridicule d'en être amoureux : car où ne mène pas un désir contrarié?O délicieuse jouissance! Je t'implore pour mon bonheur et surtout pour mon repos.

Que nous sommes heureux queles femmes se défendent si mal! Nous ne serions auprès d'elles que de timides esclaves.

J'ai dans ce moment unsentiment de reconnaissance pour les femmes faciles qui m'amène naturellement à vos pieds.

»La marquise de Merteuil avale l'insulte, car elle a besoin de Valmont pour arriver à ses fins.

Elle tâche patiemment dele dissuader d'un projet de conquête dont elle s'attache à lui montrer le ridicule.

Comprenant le point faible de sonpartenaire, elle s'attaque à sa vanité.

Elle s'emploie pour cela à déconsidérer Madame de Tourvel : « Croyez-moi,Vicomte, quand une femme s'est encroûtée à ce point, il faut l'abandonner à son sort; ce ne sera jamais qu'uneespèce.

»Et elle lâche déjà un argument qui sera plus tard décisif, blessant Valmont au vif dans sa prétention d'être le plusirrésistible, le plus incontesté des séducteurs, l'atteignant ainsi dans sa fierté à la fois libertine et masculine : « Parquelle fatalité faut-il donc que Gercourt garde toujours quelque avantage sur vous? Tenez, je vous en parle sanshumeur: mais, dans ce moment, je suis tentée de croire que vous ne méritez pas votre réputation; je suis tentéesurtout de vous retirer ma confiance.

» La guerre des sexesIci apparaît ce qui sera une dominante de l'oeuvre de Laclos : les règles du jeu libertin consistent à porter àl'extrême l'inégalité entre l'homme et la femme et à manifester dans toute sa crudité, tout son cynisme, lasupériorité de l'un sur l'autre.

Le duel engagé entre Valmont et la Merteuil est le véritable enjeu du roman.

Celamontre que, derrière le canevas banal d'une histoire de moeurs, se dessine un propos plus général et plus ambitieux,celui de la guerre des sexes.Mais pour l'instant, le sentiment amoureux que le vicomte éprouve pour la présidente, sentiment dont il se déclare,dans ses lettres à la marquise, parfaitement conscient, s'allie au souci de sa « gloire ».

Sous prétexte de sincéritélibertine, il prend la marquise pour confidente de ses émois.

Le ton d'adoration qu'il prend (non sans une pointe desadisme à l'égard de la marquise) pour vanter les charmes de la présidente («pour être adorable, il lui suffit d'êtreelle-même ») ne trompe pas la Merteuil qui, sous le déguisement du libertinage, décèle un amour vrai dont, pour sapart, elle n'a jamais fait l'objet.Certes, Valmont cherche à masquer ses sentiments sous le persiflage et, sans doute, s'illusionne-t-il sur lui-même.Quand il s'efforce de « rassurer » sa complice, on se demande s'il ne cherche pas avant tout à se rassurer lui-même.Plus perspicace que lui, aiguillonnée par la jalousie féminine, la marquise ne s'y trompe pas.

Valmont, pour lapremière fois, fait l'expérience de l'amour-sentiment, de l'amour-passion, ce qui le met en contradiction avec sesconvictions libertines, selon lesquelles seul existe le plaisir physique, seule compte « la possession ».C'est pourquoi Valmont redoublera de cynisme envers la présidente pour se défendre contre l'emprise d'unattachement que, en tant que libertin, il ne peut juger que dégradant.

La Merteuil saura tirer habilement parti decette ambiguïté, de cette confusion, dans laquelle se débat celui qu'elle avait cru tout d'abord un allié et en qui elleverra de plus en plus un adversaire.On constate une évolution dans le comportement de Valmont.

D'abord, il feint de confondre les élans du coeur avecle simple désir physique.

Puis, quand il ne pourra plus dissimuler, il usera d'un suprême recours pour faire croire à saconfidente qu'il reste fidèle à la « doctrine » du libertinage.

H prétendra que l'intuition de sa bien-aimée, inexperteaux tactiques de la galanterie, mais protégée par une sensibilité naturelle intacte et intègre, rend inopérante toutesimulation.

Le seul moyen de la toucher, de la convaincre, afin de la séduire, est donc d'en tomber réellementamoureux.

H réintègre ainsi, dans le cadre de son entreprise de séduction, ce qui était pour la sourcilleuse marquisela pire infraction aux règles du libertinage.On assiste donc à un double conflit : l'un, extérieur, qui oppose le vicomte à la marquise dans une rivalité pareille àcelle de chasseurs ou de jouteurs faisant émulation de trophées.

L'autre, intérieur, au sein de Valmont, qui met auxprises en lui le libertin qu'il était et auquel il se veut fidèle, par vanité et désir de « gloire », et l'amoureux qu'il estdevenu.

L'intrusion de la marquise dans ce débat intime aura un effet déterminant sur l'issue de la partie.En parallèle à ce dialogue entre les deux libertins, le lecteur entre dans la confidence, d'une part, des sentiments dela présidente à travers les lettres qu'elle échange avec Madame de Volanges, d'autre part, dans celle des secrets deCécile qui avoue, dans des lettres à une amie, l'amour que lui inspire le jeune chevalier Danceny, son maître demusique. Une facile victoireAmoureuse de Valmont, la présidente, effrayée par les mises en garde de Madame de Volanges sur la vraie nature deson soupirant, mais surtout consciente de ne pouvoir résister à ses propres sentiments, obtient qu'il quitte lechâteau de Madame de Rosemonde, ce qu'il considère comme un retrait stratégique.

En compensation, Valmont. »

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