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Les Misérables (résumé & analyse) Hugo

Publié le 14/12/2018

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Les Misérables

 

Quoique d’accès aisé et de lecture populaire, le plus célèbre des romans de Hugo est aussi le plus déroutant. D’une part parce qu’il réalise une synthèse toute classique, plus goethéenne que shakespearienne, entre plusieurs formes romanesques : pour l’essentiel, le roman mélodramatique des bas-fonds lancé avec succès par Eugène Sue, la fresque réaliste d'un milieu, d’une ville et d’une aventure individuelle, la saga populaire d’un héros mythique, le roman didactique, renouvelé du xvme siècle, alternant l’intrigue et de vastes digressions.

 

D’autre part, parce que ses significations trop nombreuses et trop riches ne le laissent pas réduire à un sens, ni même à un objet unique. De quoi parlent les Misérables? De ce trou où l’histoire est tombée en 1815, dont ni la Révolution, ni le Prince, ni l’insurrection ne surmontent l’escarpement, et où les individus vivent la désespérance du progrès promis; de la rédemption sociale et individuelle par la souffrance et la mort consenties; de la peine profonde des pauvres; de la ruse impitoyable par laquelle la justice et la charité fabriquent et se renvoient les coupables et les secourus dont elles ont besoin pour construire la société sur l’exclusion des « misérables » : criminels et malheureux; du geste mystérieux qui constitue l’humanité et l’individu : celui de la conscience — de soi et du bien; de tous les accomplissements par avortement : celui de la République dans l’échec d’une insurrection; celui de la virilité généreuse dans l’héroïsme suicidaire d’un garçon; celui de la femme dans la féminité embourgeoisée, détruite ou prostituée; celui de la paternité et de « l’amour proprement dit » dans l'adoption d’une orpheline bâtarde par Jean Valjean, forçat évadé et « vieillard vierge ».

 

Enfin, parce qu’il y a deux textes dans les Misérables. Commencé en 1845 et achevé aux quatre cinquièmes en 1848, c’est le roman d’un académicien, plutôt bien-pensant, pair de France provisoirement écarté des charges publiques et qui travaille à reconquérir son auditoire perdu en même temps qu’à prouver ses capacités en matière sociale et politique. Repris en 1860 et publié en 1862, c’est le livre du grand prophète républicain, de l’exilé irréconciliable, tête-à-tête avec Dieu et l’Océan.

 

Tels sont les débris dont se construit ce texte-barricade. Conçu et composé de part et d’autre de 1848, il s’installe à la limite de l’histoire moderne : entre les deux monarchies restaurées et les deux Empires, entre la Révolution et la République. Il récuse le réalisme conservateur de Balzac et le socialisme paternaliste d’Eugène Sue, mais aussi les certitudes philosophiques et religieuses de Hugo lui-même. Faisant, très logiquement, sens de sa propre genèse, il s’extrait à la fois de sa première version, corrigée — et de sa « Préface philosophique », abandonnée.

 

Contre les simplicités passives des économistes, qui étudient la « question sociale », des métaphysiciens, qui

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« posent le « problème du mal », des moralistes, friands des fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, des historiens du progrès linéaire ou de la tradition immuable, Hugo invente un objet nouveau : la misère, qui désigne l'unité des confins de la société -barrières et égouts parisiens-, de l'histoire -bataille perdue et barricades suicidaires -et de l'individu -«effondre­ ments intérieurs » et « tempête sous un crâne >>-,où les hommes tout à la fois accomplissent et manquent leur appartenance à l'humanité.

Hors de portée de tous les discours parce qu'elle est l'ailleurs et l'envers de la société qui les parle, la misère exclut et exige leur inévitable emploi.

Les Misérables assument et transgressent tous les langages : l'argot, le poème, la langue des tribunaux et celle des. »

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