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Les Plaideurs de Jean RACINE (Résumé & Analyse)

Publié le 21/06/2011

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A l'époque de Racine, la première représentation des Plaideurs a été assez mal accueillie du public. Ce n'est que lorsque la pièce fut jouée devant le roi et que celui-ci laissa échapper son rire qu'elle remporta l'estime des spectateurs. Dans sa préface. Racine déclare avoir emprunté à Aristophane et à sa pièce Les Guêpes- le sujet des Plaideurs. Il en reprend la scène du procès du chien, et à ce sujet Racine considère que son devancier a eu « raison de pousser les choses au-delà du vraisemblable «. Poussé par ses amis et peut-être aussi par sa rivalité avec Corneille, Racine écrit une seule comédie, Les Plaideurs, pour railler les moeurs et l'éloquence des gens de loi comme des plaignants.

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« Ces farces avaient presque toujours le plus vif succès.

C'est à elles que Molière devait une bonne partie sinon de saréputation tout au moins des recettes de son théâtre.

Pourtant les Plaideurs échouèrent lors des premièresreprésentations à Paris.

Racine lui-même reconnaît que le succès ne vint qu'après une représentation à Versailles oùle roi et la cour ne se « firent point de scrupule de se réjouir ».

C'est que Racine avait tout à fait transposé la farceitalienne et la farce française, et même la farce de Molière.

Il avoue dans sa Préface que son inclination ne le portaitpas à prendre Aristophane pour modèle et qu'il aurait beaucoup mieux aimé imiter la régularité de Ménandre et deTérence.

Il a cédé pourtant, sans s'en rendre compte, à ses préférences.

Il dit expressément qu'il s'est interdit« cessales équivoques et ces malhonnêtes plaisanteries qui coûtent maintenant si peu à la plupart de nos écrivains »,c'est-à-dire à Montfleury, à d'Ouville, et à Molière lui-même, avec qui Racine s'était brouillé.

Mais le génie de lafarce tenait à autre chose qu'à de telles plaisanteries ou même aux pirouettes et calembredaines.

Il tenait à l'allureet au ton du comique.

La farce est, par essence, populaire.

Tout y est fait pour plaire à des gens capables d'esprit,de raillerie perspicace et de bonne humeur mais qui n'ont pas l'esprit de finesse ni même l'esprit de mesure ; leurjoie, franche et vivante, passe tout de suite à l'outrance.

Le ton et le style ont les mêmes qualités et les mêmesdéfauts.

On y goûte le naturel et comme une sorte de jaillissement.

Mais il n'y faut chercher ni les scrupules, ni ladélicatesse.

C'est là le ton des farces de Molière et c'est, bien souvent, la franchise et la liberté de cette vervepopulaire qui en font la saveur.L'esprit des Plaideurs est tout autre.

Les situations sont des situations de farce ; les personnages ne sont guèreque des caricatures.

Pourtant ces situations sont dans une certaine mesure choisies parmi celles qui ne prêtentguère aux gesticulations de pitres : rien qui ressemble au sac et aux bastonnades de Scapin, ni même auxbouffonneries du Médecin malgré lui.

Surtout le style, le ton de la plaisanterie restent toujours discrets.

On ychercherait en vain cette grosse jovialité faite pour plaire aux gens du parterre.

Petit-Jean, lui-même, n'est pas levalet hilare ou désinvolte de la farce ; il a pris à ses maîtres quelque chose de leurs manières et de leur éducation.Ainsi s'explique sans doute l'échec momentané des Plaideurs.

Ceux qui aimaient la comédie sérieuse, la « grandecomédie » se sont offusqués, comme le pense Racine, des « badineries » et des « extravagances » ; ceux quiaimaient la farce ont dû trouver que les badineries manquaient de gaieté et les extravagances de folie.

Mais c'est làaussi ce qui fait l'originalité des Plaideurs.

Avant la pièce, et d'ailleurs après elle, il y avait des comédies d'intrigue,parfois avec une ébauche de comédie de caractère, comme Le Menteur de Corneille — ou bien les comédies decaractère et de moeurs de Molière où le comique naît de la peinture exacte de la vie et de quelques traits de farce— ou bien des farces pures, des caricatures populaires.

Les Plaideurs sont le premier badinage pour honnêtes gens,la première caricature de bonne compagnie. IV.

- LA PORTÉE DE LA PIÈCE. Il ne faut pas y chercher, en effet, autre chose qu'un badinage.

La pièce, écrite au xviiie siècle par unBeaumarchais, aurait pu avoir une portée sociale profonde.

Parmi tous les abus de l'ancien régime, ceux de la justiceétaient, avec ceux de la finance, les plus odieux et les Cahiers de remontrance des paroisses, en 1789, montrerontqu'on n'avait pas moins de haine contre les Perrins-Dandins que contre les Turcarets.

Vénalité des charges qui, nonseulement donnaient les postes de judicature à des incapables ou à des fripons mais qui obligeaient les juges, par leprix excessif qu'ils avaient déboursé, à se faire payer par les plaideurs — abus scandaleux de ces cadeaux forcés ou« épices » et des interminables « sollicitations » auprès des juges — complications inextricables et duréeinterminable des procédures qui prolongeaient certains procès pendant plusieurs générations — diversité profondedes « coutumes » ou législations locales grâce à quoi un procès pouvait être gagné ou perdu selon que l'objet dulitige était à gauche ou à droite d'une route, etc...

De tous ces abus il n'y a rien ou à peu près rien dans la pièce deRacine.

Jamais il n'attaque les institutions.

Il ne s'en prend qu'au caractère des hommes.

Il ne veut pas démontrerque la justice est mal organisée, que la plupart des juges ou beaucoup de juges sont vénaux et les procès jugésselon l'intérêt et à l'aventure.

Il nous montre seulement qu'il peut y avoir des juges et des plaideurs maniaques, queleur mania et non la force des choses rend ridicules et dangereux.

Les vers même sur la torture qui « fait toujourspasser une heure ou deux » ne sont pas une protestation contre cette torture mais un trait du caractère de Perrin-Dandin, de la manie d'esprit qui lui enlève toute sensibilité humaine dès qu'il est pris par le plaisir de ses fonctions.La tirade d'Alceste contre le franc-scélérat avec qui il a le procès qu'il va perdre a presque plus de portée que toutela comédie de Racine.

Encore la satire y reste-t-elle assez discrète.

Il faudra attendre la fin du siècle et La Bruyèrepour que l'amertume et un commencement de révolte apparaissent.. »

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