Les Plaideurs de Molière
Publié le 28/11/2018
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Les Plaideurs
L’unique comédie de Racine a été représentée par les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne en 1668 et publiée en janvier 1669. Assez mal reçue par le public parisien, elle fut au contraire bien accueillie par le roi et la Cour. Elle connut ensuite une assez belle carrière. Dès sa fondation en 1680, la Comédie-Française lui assura une place de choix dans son répertoire. L’œuvre avait probablement été commandée à Racine par la troupe de l’Hôtel, soucieuse de rivaliser dans le genre comique avec celle de Molière. Dans son avis « Au lecteur », Racine a affecté de n’avoir écrit les Plaideurs que pour le divertissement de quelques amis bons connaisseurs d’Aristophane (ils n’étaient pas très nombreux alors), et pour montrer au public qu’il était possible de faire rire sans tomber dans les « sales équivoques » et les « malhonnêtes plaisanteries ». Peut-être a-t-il voulu surtout se prouver à lui-même qu’il était capable de triompher dans le genre comique selon des principes de composition et d’écriture comparables
«
que:
multiplicité des sources d'inspiration (des Guêpes à
Pantagruel et au Roman bourgeois de Furetière [1666]),
rigueur de la versification et du style, jeu d'allusions à
l'actualité (le roi venait de publier en 1667 une Ordon
nance civile touchant la réformation de la justice).
Le
sujet lui permettait enfin de mettre en scène un type de
monomaniaque encore ignoré par Molière, et que la seule
complaisance de son entourage parvient, sinon à guérir,
du moins à rendre supportable.
Synopsis.
-Le juge Perrin Dandin pousse jusqu'au
délire sa passion pour les procès.
Son fils Léandre.
assisté
par le secrétaire l'Intimé et par le portier Petit-Jean, tente
de l'empêcher de courir les rues chaque nuit pour se rendre
au Palais Deux plaideurs aussi fous que Dandin.
Chican
neau et la Comtesse de Pimbesche, assiègent sa maison
pour obtenir audience et se prennent de qu ere lle .
Léandre
est amoureux d'Isabelle.
la fille de Chicanneau.
mais craint
d'être rebuté par le père.
qui n'entend fréquenter que des
gens de justice.
L'Intimé promet au jeune homme de l'aider
à communiquer avec la fille et à leurrer le père (acte 1).
L'Intimé, sous le déguisement d'un sergent.
puis Léandre.
sous celui d'un commissaire.
parviennent.
sous le prétexte
d'une sommation remise à Chicanneau au nom de la Com
tesse.
avec laquelle il a en effet échangé des mots un peu
vifs.
à gagner la complicité d'Isabelle et à faire signer à
Chicanneau.
sans qu'il s'en rende compte.
un contrat de
mariage entre les deux jeunes gens.
Ce subterfuge ne par
vient pas cependant à calmer la folie des plaideurs ni.
bien
sOr, celle du juge.
On réussit à se débarrasser de la Com
tesse en la poussant à bout.
et à retenir Dandin et Chican
neau dans la maison (acte Il).
Léandre a promis à Chican
neau qu'on lui rendra justice.
ainsi qu'à sa fille.
Pendant
que le plaideur.
rassuré, va chercher Isabelle.
un procès
burlesque se déroule.
où Dandin doit juger le chien Citron.
coupable d'avoir dévoré un chapon.
L'ultime scène.
sous le
prétexte du faux procès engagé à l'acte Il.
voit se conclure
le mariage attendu, Dandin se résoudre à ne plus juger que
chez lui.
et le chien Citron bénéficier d'une heureuse relaxe
(acte Ill).
Les Plaideurs composent une satire assez réussie, et
sans doute courageuse, non seulement de la manie des
procès, largement attestée à 1' époque, mais aussi des
vices de la procédure, du caractère intéressé des gens de
justice et de pratique, de l'inhumanité des jugements.
Molière s'en souviendra dans la scène de la galère des
Fourberies et Boileau dans la Satire contre les femmes.
La pièce, Racine le reconnaissait, est dans son intrigue
dépourvue de toute vraisemblance.
Elle peut ainsi appa
raître comme inspirée, dans le registre comique, par des
principes comparables à ceux que Corneille appliquait à
la tragédie.
Au rest,e, Racine ne s'interdit pas plus ici
que Molière dans l'Ecole des femmes de parodier les vers
de son adversaire.
Mais l'œuvre est avant tout un bel
exemple de virtuosité farcesque.
Certes, Je poète s'y
conforme au mouvement aristophanesque, et à t'allé
gresse de structure des comédies du poète athénien.
C'est
pourtant à la comédie italienne qu'elle fait surtout son
ger, et ce n'est pas sans raison sans doute que la préface
évoque les Italiens comme de possibles interprètes du
sujet : Isabelle et Léandre désignent des personnages de
la commedia.
Les déguisements, la vivacité des échanges
de répliques, la plaisante utilisation des praticables par
le personnage central, autant d'éléments présents dans
les canevas italiens et dans les farces où Molière s'inspi
rait de Scaramouche.
Molière venait de donner George
Dandin quand Racine fit représenter sa pièce : J'homony
mie a peut-être un sens.
Inversement, la comédie du
jugement « à domicile » a pu être pour quelque chose
dans l'inspiration du Bourgeois et du Malade.
BIBLIOGRAPHŒ R.
Gara po n, «les Plaideurs, comédie burlesque>>, /nf litt.,
1954; T.
C on son ni, «le Thème de la folie dans les Plaideurs>>,
Jeunesse de Racine, 1967..
»
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