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JEAN-JACQUES ROUSSEAU : LETTRE A D'ALEMBERT SUR LES SPECTACLES (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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Rédigée en trois semaines, cette lettre est une réponse à l'article « Genève » de l'Encyclopédie qui « avait pour but, rappelle Rousseau dans les Confessions, l'établissement de la comédie à Genève ». Or pour celui qui se désigne alors comme le « citoyen de Genève », le théâtre est un fléau. C'est d'abord un mal qui atteint l'âme humaine et corrompt le caractère comme les moeurs. La critique n'est pas très neuve, de ce point de vue. Elle reprend en effet les vieux poncifs hérités des moralistes et des religieux des siècles précédents : le théâtre n'est qu'un divertissement qui détourne non seulement de soi-même mais aussi des autres. Loin d'encourager la convivialité, il a une action désagrégatrice : « L'on croit s'assembler au spectacle, et c'est là que chacun s'isole ; c'est là qu'on va oublier ses amis, ses voisins, ses proches pour s'intéresser à des fables, pour pleurer les malheurs des morts, ou rire aux dépens des vivants... » Rousseau récuse en outre la dimension cathartique du spectacle que les Grecs avaient formulée à propos de la Tragédie : « Ainsi le théâtre purge les passions qu'on n'a pas, et fomente celles qu'on a. » Enfin, la comédie ne vaut guère mieux dans la mesure où, si elle se plaît à fustiger les vices, elle célèbre rarement les vertus... Parfois même elle les tourne en ridicule, à l'instar du Misanthrope de Molière, auquel Rousseau accorde d'ailleurs trop d'attention pour n'avoir pas cédé à l'identification !

« spécifiquement aux réflexions sociopolitiques de Rousseau.

Enfin conviendra-t-il d'étudier l'ambiguïté que laisseplaner le critique par l'utilisation du terme de « sentiment » et de voir s'il s'agit avant tout des sentiments deshommes ou bien de ceux de l'auteur. * * * L'ouvrage se situe dans un contexte d'écriture particulier.

Rédigé à la suite des textes et discours les plusreprésentatifs de la philosophie de Rousseau, tels que le Discours sur l'origine de l'inégalité entre les hommes ou Le contrat social , la Lettre à d'Alembert annonce en quelques sortes les Confessions et la Nouvelle Héloïse par ses aspects autant littéraires que philosophiques. La dimension littéraire de l'ouvrage s'affirme au travers de la posture critique de Rousseau à l'égard duthéâtre.

« On frissonne à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française, pour l'amusement du peuple leplus doux et le plus humain qui soit sur la terre ! » explique-t-il ainsi page 83, faisant référence à Mahomet , Médée ou encore Thyeste .

Le travail critique s'exprime aussi au travers d'une remise en question des effets de la « catharsis » aristotélicienne.

« Ainsi le théâtre purge les passions qu'on n'a pas et fomente celles qu'on a » (page70) est une phrase qui sous une apparence équilibrée dénonce une véritable absurdité. Rousseau se pose ainsi dans le domaine littéraire de manière isolée « Ce n'est pas qu'un homme de génie nepuisse inventer un genre de pièces préférables à ceux qui sont établis » lance-t-il finalement page 76, montrantainsi que ses relations avec la coterie des philosophes influencent son travail d'écriture. Un autre aspect littéraire de la Lettre à d'Alembert peut être révélé en étudiant l'œuvre sous l'angle paradoxal de sa théâtralité.

On peut véritablement parler d'un « personnage Rousseau » qui sait bien qu'il sera lu parbien plus de personnes que d'Alembert. La première phrase de la préface, « j'ai tort, si j'ai pris en cette occasion la plume sans nécessité », révèlece trait.

Ce chleuasme qui ouvre un horizon d'attente annonce le monologue du comédien Rousseau. Cette mise en scène de l'isolement intellectuel dans lequel Rousseau se trouve vis-à-vis notamment desphilosophes des Lumières trouve son exutoire dans les nombreuses exclamations que l'auteur semble lancer à unparterre imaginaire.

Ainsi en est-il aux pages 134 et 135 : « mais pourquoi ce désordre est-il inévitable ? Ah,pourquoi ! » « Préjugés populaires ! Me crie-t-on.

Petites erreurs de l'enfance ! Tromperie des lois et de l'éducation !La pudeur n'est rien.

» Passionné, l'auteur s'adresse aux lecteurs de sa lettre ouverte comme au théâtre, et lesabondantes notes de bas de page semblent dans un tel schéma comme autant d'apartés. L'importance de réflexion de Rousseau sur des œuvres théâtrales achève, au travers de l'explication parl'auteur de son sentiment à l'égard des pièces, de donner à la Lettre à d'Alembert son caractère littéraire. Ainsi trouve-t-on à partir de la page 77 à 83 des références précises à Mahomet ¸Atrée , Œdipe et Médée venants étayer ses propos.

Enfin l'auteur s'exprime-t-il plus précisément sur Le Misanthrope de Molière et Bérénice de Racine.

C'est ainsi par exemple l'occasion pour lui d'expliquer page 91 ce qu'avait dû être Le Misanthrope .

Cette capacité ç réécrire dans un objectif de promotion de la vertu d'aussi grandes œuvres témoignant de la sensibilitélittéraire que Rousseau laisse transparaître au travers de cette lettre.

Mais son talent se trouve aussi dans sacapacité à faire entrer sa critique littéraire dans le champ des considérations sociopolitiques.. »

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