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L’Hermès de Chénier (résumé & analyse)

Publié le 21/11/2018

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L’Hermès

 

L'ambition de l'Hermès était démesurée : dix mille vers en trois, peut-être quatre ou cinq chants; l’histoire et les avatars de la matière, l’apparition des animaux, de l’homme naturel puis social : formation des langues, des « sottises religieuses », de la morale et des sciences; une conclusion décrivant le « système du monde » et une « rêverie d’avenir » où règne « la paix universelle ». Le projet de Chénier emprunte à la fois au matérialisme de Diderot et d'Holbach, au Condillac de l'Essai sur ll'origine des connaissances humaines, au Rousseau du Contrat social, etc. Enfin cet Hermès trismégiste — prêtre, philosophe, roi —, ultime incarnation de l’homme, appartient aussi à l’illuminisme du xviiie (malgré les réticences de Chénier à l’égard de Swedenborg), voire à la franc-maçonnerie à travers le commun symbole du « delta » grec, qui marque tous les feuillets de l’Hermès.

« Chénier, sensualiste et athée « chaudement de son siè­ cle» (Sainte-Beuve), pouvait-il, à moins de faire de la prose rimée, être le «poète de l'Encyclopédie» (P.

Naville)? Car la philosophie du xvm• siècle est aussi un langage, et le dictionnaire qui l'exprime bannit la métaphore et la périphrase.

On constate que les passages rédigés de l'Hermès ne concernent que l'Antiquité qui, elle, peut se dire en « vers antiques >>; le monde moderne n'y paraît qu'au travers de considérations générales et intemporelles sur « les princes et les grands », le « légis­ lateur », etc.

L'Hermès est déchiré par une contradiction interne; voué à dire le progrès de l'humanité, il nie celui de l'écriture qui a tout rendu possible.

Esquivant le pré­ sent, Je poème se réfugie dans le passé ou propose un « rêve d'avenir >> curieusement prophétique: Perdu, n'existant plus qu'en un docte cerveau, Le français ne sera dans ce monde nouveau Qu'une écriture antique et non plus un langage ...

L'échec de l'Hermès permet de comprendre pourquoi le siècle des Lumières fut « un siècle sans poètes >>, dès que ceux-ci, rejetant l'académisme, voulaient être de leur temps.

Mais ce ne fut pas seulement la faute des poètes.

BffiUOGRAPHIE C.

Kramer, «les Poèmes épiques d'André Chénier», Neoplli­ lologus, VI, p.

13-28.. »

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