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Liberté de philosopher contre ferveur religieuse : Le point de vue spinoziste à travers son …   « Tractatus theologico-politicus »

Publié le 22/02/2012

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Les hommes se croient forts et importants lorsque tout va bien pour eux ; mais dès que les difficultés se présentent, ils ne savent plus où donner de la tête et tombent dans la superstition. « Ayant forgé ainsi d'innombrables fictions, ils interprètent la nature en termes extravagants, comme si elle délirait avec eux. » Donc, comme les superstitions proviennent d'un heurt avec le monde extérieur, qui ne répond plus à nos désirs, les hommes les plus superstitieux ne peuvent manquer d'être ceux qui désirent le plus ardemment les biens extérieurs. Quand ce monde extérieur ne leur sourit pas, et qu'ils ne trouvent aucune voie pour se sortir de l'embarras, ils décrètent la raison impuissante, et prennent les délires de leur imagination pour des réponses divines. « La crainte serait donc la cause qui engendre, entretient et alimente la superstition » : il s'agit ici de la crainte face aux revers de la vie. Dès que cesse leur frayeur, les hommes cessent de consulter les entrailles des bêtes et de s'adonner à la superstition.

« politique décrétait que seuls les actes peuvent être poursuivis, sans que les paroles soient jamais sujettes à sanctions , les troubles intérieurs ne se pareraient plus d'une apparence de droit.

» è Ce que réalise en fait la religion (i.e.

la superstition fardée d'un appareil qui la stabilise), c'est la réduction del'illégalité de la guerre civile à la légalité de l'intérêt politique.

Mais c'est un sophisme, car les dissensions civiles,dues à des divergences d'opinions, sont une plaie pour la communauté publique, et non une condition de son salut. Ce que réclame donc Spinoza, c'est la liberté de pensée et d'expression, et il entend montrer dans ce traité quecette liberté est la condition nécessaire à la pietas (ferveur véritable, par opposition à la superstition religieuse), et à la paix au sein de la communauté publique (par opposition aux guerres civiles dues à la religion). Pour démontrer cette thèse, Spinoza veut en premier lieu indiquer les préjugés les plus répandus concernant lareligion.

Ensuite, il lui faut « examiner les préjugés concernant le droit des détenteurs de la puissance souverainedans l'Etat.

» « Nombreux, en effet, sont les impudents, qui s'efforcent d'arracher à la souveraine Puissance [SummaePotestates : le pluriel en latin souligne que ces puissances sont détenues par un groupe plutôt étendu d'individus]l'essentiel de son droit et de détourner d'elle, sous couleur de religion, le coeur de la masse – non encore délivrée dela superstition païenne.

» Spinoza expose ensuite les raisons qui l'ont poussé à rédiger ce traité.

Il dit avoir souvent observé des hommesreligieux qui, prêchant l'amour, s'étripaient au nom de cet amour même.

De fait, il est souvent difficile de distinguerun chrétien d'un juif ou d'un turc, si l'on s'en tient à leur comportement extérieur.

La cause de cela, dit Spinoza,c'est que ce que la foule prend désormais pour religion, c'est l'élévation injustifiée des emplois ecclésiastiques, tenuspour des dignités et des honneurs.

Des honneurs démesurés sont rendus au clergé.

Depuis, les méchants sontavides d'exercer le sacerdoce, et une ambition sordide a supplanté la volonté de propager la religion de Dieu.

« Onne s'étonnera donc pas que rien ne soit resté de la religion première, sauf le culte extérieur (dont la pratiquevulgaire a tous les caractères d'une adulation plutôt que d'une adoration).

La foi ne consiste plus qu'en crédulité, enpréjugés.

» NB : Cela signifie qu'on peut concevoir une foi plus originelle et non encore pervertie, qui ne serait pas tissée depréjugés.

Ces préjugés sont de ceux qui réduisent l'homme à l'état de bêtes, puisqu'ils rendent impossible le libreexercice du jugement, et la distinction du vrai et du faux.

Désormais, la religion est identifiée à d'absurdesésotérismes contraires à la raison.

Cela ne fut sans doute pas toujours le cas.

Donc, les hommes se sont détournésde la lumière originelle de la religion : si ce n'était pas le cas, ils n'étriperaient pas leur prochain qui erre, ils auraientpitié de lui ! Bien plus : les doctes de l'Eglise, non seulement déraisonnent avec les Grecs, avec Platon et Aristote, mais encore,ils cherchent à interpréter à leur lumière les Ecritures, et font ainsi « délirer les prophètes avec eux.

» Donc, leur foiest moins foi qu'aveugle servilité.

Spinoza en avance la preuve suivante : la plupart, pour comprendre l'Ecriture eten dégager le vrai sens, posent pour commencer la divine vérité de son texte intégral, alors que cette conclusiondevrait découler d'un examen sévère de son contenu.

Ils donnent d'avance ce que l'examen nous ferait mieux saisir. è Non seulement la lumière naturelle est méprisée, mais elle est condamnée souvent comme source d'irréligion.

C'estpourquoi la crédulité est prise pour foi.

C'est pourquoi, aussi, des controverses philosophiques soulèvent parmil'Eglise et les Pouvoirs publics les passions les plus vives, ce qui ne devrait pas être le cas. C'est pour cela que Spinoza veut reprendre à nouveau l'examen de l'Ecriture, pour en faire une lecture en quelquesorte cartésienne puisqu'il prétend « n'en plus rien affirmer et ne plus rien accepter comme faisant partie de sonenseignement, qui ne puisse être tiré de ses textes avec une parfaite certitude.

» Ce pourquoi il dit avoir formé uneméthode d'interprétation des Livres saints.

Il s'agit de savoir clairement ce que dit la religion, pour qu'on ne puisseplus mêler les croyances humaines à ce qui se trouve vraiment dans le texte. Une fois en possession de cette méthode, Spinoza s'est d'abord demandé ce qu'était une prophétie, de quelle façonDieu s'est révélé au prophète, et pourquoi il a consenti à les laisser jouer ce rôle.

Il prétend avoir conclu de l'examende ces questions que la parole des prophètes n'est décisive qu'en ce qui concerne la pratique de la vie et lesqualités morales. S'appuyant sur cette prémisse, il a recherché ensuite pour quelle raison les Hébreux ont été appelés les élus deDieu.

D'après sa réponse, la signification en est que Dieu a fait choix pour eux d'une certaine contrée où ils pussentvivre en sécurité et dans de bonnes conditions matérielles : dès lors, les Lois révélées à Moïse par Dieu ne sont rienque la législation propre à l'Etat des Hébreux ; ce qui signifie qu'aucun autre peuple n'est tenu de les accepter, et. »

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