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L'Ile des pingouins d’Anatole France (résumé & analyse)

Publié le 05/12/2018

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L’Ile des pingouins est l’un des ouvrages les plus célèbres d’Anatole France. Cette notoriété tient surtout au procédé utilisé : proposer aux hommes une image d'eux-mêmes sous le couvert transparent de sociétés animales a fait le succès des fabulistes de tout temps, comme de certains contes philosophiques (chez Swift, par exemple). Introduire cette distance entre un univers dont les valeurs et les comportements paraissent aller de soi et un observateur « étranger », c’est restituer à l’esprit critique un regard neuf, indépendant, dessillé, favorisant une remise en question axiologique. C’est précisément ce que France affirme dès sa Préface, par la voix de Jacquot le Philosophe : « Lorsqu’ils verront leurs actions ainsi travesties et dépouillées de tout ce qui les flattait, les Pingouins en jugeront mieux, et, peut-être, en deviendront-ils plus sages. »

« d'eux-mêmes sous le couvert transparent de sociétés ani­ males a fait le succès des fabulistes de tout temps, comme de certains contes philosophiques (chez Swift, par exemple).

Introduire cette distance entre un univers dont les valeurs et les comportements paraissent aller de soi et un observateur «étranger», c'est restituer à l'esprit critique un regard neuf, indépendant, dessillé, favorisant une remise en question axiologique.

C'est pré­ cisément ce que France affirme dès sa Préface, par la voix de Jacquot le Philosophe :« Lorsqu'ils verront leurs actions ainsi travesties et dépouillées de tout ce qui les flattait, les Pingouins en jugeront mieux, et, peut-être, en deviendront-ils plus sages.

» L'histoire de la nation pingouine est divisée en gran­ des périodes : les origines (l), les Temps anciens (Il), le Moyen Age et la Renaissance (III), les Temps modernes (IV, V, VI, VII) et les Temps futurs (VITI).

On retrouve dans cette présentation l'art, si cher à Voltaire, de réduire 1' enchaînement des causes et des effets à des proportions mesquines, tournant, à des fins polémiques, en ridicule ou au burlesque des événements historiques dont nombre furent dramatiques.

C'est ainsi que la mauvaise vue et le zèle évangélisateyr du saint homme Maël font entrer des pingouins dans L'E gli se de Dieu et forcent Celui-ci, après une assemblée tumultueuse au paradis, à les métamor­ phoser en hommes.

C'est ainsi que les conspirations royalistes et le boulangisme deviennent les manœuvres grossières du prince Crucho et de J'amiral Chatillon, « un imbécile », ou que l'affaire Dreyfus devient l'affaire des 80 000 balles de foin qui auraient été volées par un juif nommé Pyrot.

Mais le ton parfois enjoué de la fable ne doit point abuser.

L'Ile dt!S pingouins est un conte philosophique qui formule les antipathies et les sympathies de France.

A côté de l'obscurantisme et des superstitions religieu­ ses, de 1' anarchie sanglante des guerres de Religion (T, 1 l), des conquêtes de Trinco (Napoléon) laissant le pays exsangue (IV), vigoureusement condamnés, on trouve affirmés l'enthousiasme pour «les Antiquités pingoui­ nes » et « Je culte des primitifs » en art, « le scepticisme aigu du siècle philosophique », ou la foi en la République avec l'histoire de Madame Cérès.

Enfin, Je pessimisme foncier de France se libère dans l'anticipation d.es Temps futurs.

L'apogée de la civilisa­ tion pingouine débouche sur la catastrophe.

La Républi­ que, dévorée d'appétit de richesse, de violence, fondée « sur deux grandes vertus publiques -le respect pour le riche et le mépris du pauvre», « ce qu'il y a de plus fort dans la nature humaine, l'orgueil et la cupidité» -, s'asphyxie sous ses tares, ses contradictions, ses vices, et en vient à se détruire elle-même ...

Alors tout recom­ mence selon les mêmes lois d'évolution des origines aux Temps futurs, e:n une funeste « Histoire sans fin >>.

« ...

Et, peu.t-être, en deviendront-ils plus sages», disait Jacquot le Philosophe.

France ne semble guère, en définitive, souscrire à ces paroles.

Il paraît plutôt proche, par son dernier chapitre, des propos du vieillard subtil de la Préface, qui affirmait : « [le lecteur] ne cherche jamais dans une histoire que les sottises qu'il sait déjà.

Si vous essayez de l'instruire, vous ne ferez que l'humi­ lier et le fâcher.

Ne tentez pas de l'éclairer, il criera que vous insultez à ses croyances >>.. »

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