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Thaïs d'Anatole France (résumé & analyse)

Publié le 06/12/2018

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Thaïs

 

Premier grand roman historique, Thaïs manifeste deux des aspects fondamentaux de l’œuvre de France, et ce dès 1889 : sa profonde connaissance de l’Antiquité; ses convictions radicalement antichrétiennes.

 

Thaïs est d’abord une évocation de l’Égypte du IVe siècle de notre ère, où, sous le regard de l’administration romaine, s’entremêlent les vies les plus diverses. Tandis que le désert abrite les anachorètes abîmés dans la contemplation extatique, Alexandrie, la ville « belle et dorée », grouille d’une foule bigarrée. Le silence, la frugalité, voire le dénuement, et le mysticisme des moines dans les étendues de la Thébaïde contrastent avec les lamentations des mendiants, le luxe, la luxure des riches et des courtisanes, la science ratiocinante de la cité. Solitude vs promiscuité, pureté vs souillure, austérité de la vie spirituelle vs débauche de « l’air empoisonné du siè

« cie», foi chrétienne vécue saintement vs idolâtrie anti­ que corrompue, c'est tout cela que Thaïs donnerait à lire, si ...

si, en définitive, la mission que s'est donnée Paphnuce, abbé d' Antinoé, ne se soldait par un échec ou, plus exactement, ne l'amenait à vérifier que, comme le rappelle frère Palémon, en citant le père Antoine, « les moines qui s'en vont hors de leurs cellules et se mêlent aux gens du siècle s'écartent des bons propos ».

Car Thaïs est aussi la dénonciation d'une morale qui refoule l'humain.

Certes, Paphnuce résiste bien aux voluptés du monde des «gentils»; certes, sa foi n'est aucunement ébranlée par les discours stoïcien, épicurien, sceptique ou hérétiques tenus par les participants au « Banquet >> (pastiche du Dialogue antique placé au cen­ tre du roman); certes, Paphnuce réussit à « sauver>> la courtisane Thaïs, à la détacher de sa vie de corruption et à la faire se retirer dans la maison d'Albine, où elle connaît une « fin bienheureuse >>, mais lui, Paphnuce, ne sort pas indemne de l'aventure.

En effet, lui qui se croyait investi d'une mission divine découvre qu'il n'a été que le jouet du Diable, que là où il ne voyait que volonté salvarrice, il fallait comprendre «Orgueil, Luxure et Doute».

Il apprend aussi que Vénus est plus rusée, plus puissante que Dieu; que Thaïs, c'est Hélène, qu'elle est la femme à laquelle on ne saurait échapper, car elle est le désir, 1' amour, la vie.

Alors, dans un uni­ vers où Dieu se tait (on reconnaît là l'influence de Vigny) pendant que Satan agit, à quoi bon mourir sans avoir vécu, à quoi bon ne pas céder > et ne pas aimer, à quoi bon cette continence, cette réten­ tion, cette frustration devant la beauté du monde? A l'encontre des idées nouvelles qui, au Iv" siècle, soçt en train de supplanter les morales antiques (celle d'Epicure, notamment), revient à la surface en une ultime lueur, dans Thaïs, ce message que l'obsession chrétienne du péché de la chair, > et >.

Car, quand il se laisse vivre, «l'homme est un bel hymne de Dieu», et, comme le comprend trop tard Paphnuce, par le souffle de Thaïs, de la femme, les hommes expriment «aisément la splendeur humaine >> : « amour, beauté, vérité >>.

Thaïs, qui avait été précédée par un article publié en 1867 dans te Chasseur bibliographe, intitulé « la Légende de sainte Thaïs >>, deviendra un opéra de Jules Massenet (livmt de Gallet), créé le 16 mars 1894.. »

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