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L'Oedipe-Roi de Sophocle (résume et analyse)

Publié le 12/03/2011

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oedipe
  Manifestement, Sophocle a composé son Oedipe-Roi d'après un plan longuement médité ; et il a voulu, suivant son habitude, marquer clairement ses intentions et distribuer avec art ses effets. On y distingue : une première partie, où sont exposées les circonstances qui obligent Oedipe à rechercher le meurtrier de Laïos ; une seconde, où son enquête, égarée par la dénonciation de Tirésias, s'oriente faussement vers un innocent, le frère même de sa femme ; une troisième, où, tout à coup, il est amené à entrevoir partiellement la vérité, à se douter qu'il est le meurtrier de Laïos, sans soupçonner d'ailleurs que celui-ci soit son père ; une quatrième, où se fait la révélation complète ; une cinquième enfin, qui nous le montre écrasé par la réalisation de son destin. La progression de l'intérêt est, comme on le voit, habilement ménagée. Mais c'est en suivant de près le développement de l'action qu'on peut en apprécier la singulière beauté.

oedipe

« de nous t'eût rien appris, rien suggéré.

C'était donc par une inspiration divine, comme on le dit et comme on le croit,que tu nous as fait revivre.

Eh bien, maintenant encore, puissant Oedipe, tous ici, suppliants, nous t'implorons, pourque, averti par un dieu ou instruit par quelque mortel, tu trouves un moyen de salut.

Il est certain que les projetsdes hommes expérimentés sont les moins sujets à faillir.

A l'Oeuvre donc, ô le plus sage des hommes, relève notrecité, avise à ne pas échouer ; car, aujourd'hui, ce peuple te nomme son sauveur, en souvenir du zèle que tu lui astémoigné.

Qu'il ne soit pas dit de ton règne qu'après nous avoir redressés, il nous a laissés ensuite retomber.

Non,c'est notre pleine sécurité qu'il faut que tu assures.

Jadis, tu as eu des augures favorables pour notre salut ; sois,cette fois encore, égal à toi-même.

Si tu dois être dans la suite roi de cette terre, comme tu l'es à présent, il seraplus beau de régner sur une ville peuplée que sur un désert.

Qu'est-ce qu'un rempart ou un navire, s'ils sont vides,s'il ne contiennent plus d'hommes ? Mais Oedipe n'a pas besoin d'être stimulé.

Ces instances si pressantes le touchent presque comme un demi-reproche.

Il tient à faire savoir que, de lui-même, avant d'avoir entendu les prières de son peuple, il a envoyé déjàCréon, le frère de Jocaste, à Delphes, consulter l'oracle d'Apollon; il attend son retour d'un instant à l'autre.

Ainsic'est lui qui, de son propre mouvement, se trouve avoir provoqué la consultation fatale qui va entraîner sa ruine.

Enagissant de la sorte, il n'a fait cependant que se conduire comme tout autre chef de peuple, prudent et religieux,aurait fait à sa place.

Mais les dieux ont résolu qu'il se perdrait par sa sagesse même.

Dès son premier pas, ils'avance vers le précipice, en croyant faire preuve de sens.

Un public athénien, qui n'ignorait rien de la légende, nepouvait manquer de frémir, en voyant cet homme si noble, aussi grand par lui-même que par la confiance et lerespect de son peuple, poussé ainsi vers l'abîme par une puissance mystérieuse. Au moment même où Oedipe prononce ces dernières paroles, on voit arriver Créon, revenant de Delphes.

Son aspectjoyeux, la branche de laurier dont il est couronné font pressentir qu'il apporte une heureuse nouvelle.

En effet ledieu a parlé, il a fait savoir la cause du fléau et il en a indiqué le remède.

Invité par le roi à s'expliquer pluscomplètement, Créon demande s'il doit parler devant tous.

C'est laisser entendre qu'il s'agit d'une affaire qui doitêtre traitée avec prudence.

Mais Oedipe, impatient, lui ordonne de répéter publiquement ce qu'a dit le dieu.

Créonobéit.

Apollon a révélé que la ville était souillée par la présence de l'homme qui avait tué le roi Laïos.

Le dieu exige lechâtiment du meurtrier.

Le roi, alors, de s'enquérir des circonstances du meurtre.

Créon lui explique comment ellessont demeurées obscures.

Tous ceux qui accompagnaient Laïos ont péri avec lui, sauf un seul qui a pris la fuite.

Ona su de celui-là que le meurtre avait été commis par des brigands.

Au reste, nulle recherche n'a pu être faite alors ;car, aussitôt après, est apparu le Sphinx qui a si cruellement tourmenté la ville.

Ainsi est plus ou moins dissimuléeune des invraisemblances signalées plus haut.

C'est sur ces quelques renseignements que va s'engager l'enquête quisera le drame lui-même.

L'un des faits énoncés est inexact.

Laïos, en réalité, a été attaqué et tué, non par unetroupe de brigands, mais par Oedipe seul.

L'unique témoin survivant, le serviteur fugitif, a donc altéré la vérité surce point, sans doute pour excuser sa propre lâcheté.

Ce mensonge sera découvert plus tard.

Pour le moment, il nesoulève ni objection, ni doute ; ce sera un des éléments importants de l'action.

On pourrait s'étonner qu' Oedipe nefasse pas immédiatement rechercher et comparaître cet homme.

Le poète a prévenu toute réflexion à ce sujet parla prompte décision qu'il a prêtée à Oedipe.

Celui-ci, après tout, peut penser que toutes les vérifications utiles ontété déjà faites.

Confiant en sa pénétration, il préfère d'ailleurs une enquête publique, qu'il dirigera lui-même, et dontil ne met pas en doute le prompt succès.

Il est dans son caractère de prendre ainsi le premier rôle et de se jeterdans une recherche difficile avec ardeur et passion, assuré qu'il est d'en sortir à son honneur. Eh bien, s'écrie-t-il, c'est moi qui reprendrai tout à l'origine et qui mettrai tout en lumière.

Apollon et toi, Créon,vous avez provoqué la recherche comme il était digne de l'un et de l'autre.

Maintenant, vous allez voir en moi l'alliéqui vous est dû, bien décidé à venger ce pays et le dieu en même temps.

Ce n'est pas pour des amis éloignés, c'estpour moi-même que je dois écarter en personne cette souillure.

Celui qui a tué Laïos pourrait bien s'attaquer aussi àmoi, son vengeur.

En servant sa cause, c'est la mienne que je sers.

Hâtez-vous donc, mes enfants, emportez cesrameaux de supplication ; et qu'un autre convoque ici le peuple de Cadmos.

Car c'est moi qui ferai tout.

Ou nousréussirons avec l'aide de dieu, ou nous succomberons. C'est donc son honneur, sa popularité, son crédit auprès du peuple qu'Oedipe engage dans l'action qui vacommencer, et l'on voit avec quelle fougue il en a pris sur lui toute la responsabilité.

Il semble que, grâce à lui,Thèbes touche à sa délivrance.

Un rayon d'espérance a lui sur la ville désolée.

C'est ce qui inspire au chOeur, quientre en scène à cet instant, le beau chant qui termine cette première partie.

Formé des premiers citoyens de laville, interprètes du peuple tout entier, il salue cette espérance ; mais, sous l'impression profonde de la désolationqui règne encore, il retrace aussi avec effroi le tableau des ravages causés par le fléau, et il invoquesuccessivement tous les dieux patrons de la ville, Apollon d'abord, qui a témoigné si durement sa colère, mais qui estaussi le dieu de la guérison et du salut, Athéna, adorée à Thèbes dans deux temples, Artémis, la sOeur d'Apollon, lavierge bienfaisante et secourable, enfin Bacchos, fils de la thébaine Sémélé, allié naturel des enfants de Cadmos.Par l'effet de ce chant, nous revoyons une seconde fois l'état de terreur et de souffrance, auquel Oedipe a prisl'engagement de remédier.

Mais c'est sur lui désormais que l'intérêt va se concentrer. II Lorsqu'il a ordonné que Créon fit connaître à tous la réponse du dieu, lorsqu'il a ensuite fait convoquer le peuple, il aclairement manifesté la volonté que l'enquête eût lieu devant tous.

Nous devons donc admettre qu'au moment oùelle commence, le peuple thébain est rassemblé devant le palais.

C'est, en effet, à lui tout entier que le rois'adresse.

Il est possible que les Thébains fussent représentés au théâtre par un groupe de figurants assemblésdans l'orchestre.

Il se peut aussi que les Athéniens, assis sur les gradins de bois de l'amphithéâtre, devinssent alors. »

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