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L'Opéra de quat'sous 1928 Kurt Weil (1900-1950)

Publié le 29/06/2015

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weil

dépravées de la haute société, la version de Brecht et de Weill, puisant largement dans la tradition du cabaret expressionniste alle­mand, constitue davantage un brillant réquisitoire contre une société pourrissante, contaminée encore par la montée sournoise du nazisme. Parce qu'elle met en scène des éléments de la fange de la société, elle renoue avec l'esprit de l'« opéra du peuple« (Zei-toper) ou du «ballad opera« anglais. Par la bouche de Macheath, c'est toute l'Allemagne qui ridiculise un parti totalitaire naissant.

La distanciation

Dans une Allemagne mortifiée par l'après-guerre qui voit les valeurs traditionnelles écartelées par le Bauhaus et l'expression­nisme, Brecht édifie les fondements de son «théâtre de la démys­tification«: les bases du théâtre traditionnel s'écroulent ; les personnages, à desseins marginaux, frappent de plein fouet la bonne conscience collective. Les héros s'enorgueillissent d'être criminels, corrompus et avilis.

 

Brecht se passionne pour ce qu'il appelle «l'effet de distancia­tion«: ses caractères auront d'autant plus d'impact vis-vis de la société qu'ils en seront irrévocablement rejetés. Toutefois, dans son désir d'identification du spectateur à ses protagonistes, il indi­que que, au-delà de leur évident cynisme, ils portent en eux une grande tendresse. La désillusion charrie son propre remède.

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« 21 l'itinéraire philosophique de jacques : contrepoint opti­ misme/pessimisme (Laufer), interaction du moi et du hasard (Nykrog), voyage symbolique de l'état de nature à l'état social (Pruner).

On y a vu une « expérience morale » (Crocker, Ehrard, Fabre) où le postulat fataliste est soumis à l'épreuve du vécu, ce qui aboutit à une restauration prag­ matique de la liberté (cf.

ch.

10), etc.

Le défaut de ces lectures, c'est qu'elles escamotent l'organisation du récit (la narration) et réduisent Jacques au récit raconté (l'his­ toire).

C'est aussi qu'elles privilégient un axe thématique pour reconstituer autour l'unité supposée du livre et mieux se masquer la fuite du sens.

Or l'incertitude sur le sens de l'œuvre est accentuée par l'impossibilité de la rattacher à une région déterminée du domaine romanesque.

En même temps qu'il les pastiche, jacques disqualifie tous les types de récit : roman d'aven­ tures, roman sentimental ou libertin, conte philosophique ...

Et ce récit-entretien joue sur plusieurs modalités narra­ tives : la troisième personne de l'histoire, du portrait, la première personne des mémoires, des lettres.

S'il refuse l'appellation de roman, quelle étiquette utiliser ? Est-ce une nouvelle à la manière de Cervantès, de Scarron, de R.

Chasles ? Un proverbe : le développement narratif de la maxime fataliste ? Un conte à la Diderot : une mystifi­ cation organisée en dialogue ? Tant qu'à chercher une définition unifiante, ne pouvons-nous appliquer à jacques celle que Diderot proposait de Tristram Shandy : « Il est impossible de vous en donner une autre idée que celle d'une satire universelle » (lettre du 7 /10/1762) ? Philo­ sophique et comique, cette satire qui réécrit Rabelais, Cer­ vantès et Sterne, ne nous offre-t-elle pas quelque chose comme un « gai savoir » ? De fait, les rares allusions de Diderot à Jacques inscri­ vent ce texte dans la mouvance du récit comique.

Au direc­ teur de la Co"espondance littéraire, Diderot présentait La 1.

Cf.

H.

DIECKMANN, 3' Leçon : « en faisant de ses idées des êtres qui agissent dans un récit, Diderot se libère des. »

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