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Madame Bovary 1857 Gustave Flaubert (1821-1880)

Publié le 30/06/2015

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Le maître du réalisme

C'est un des grands mystères de ce chef-d'oeuvre: comment Flau­bert a-t-il pu brider son lyrisme, évacuer son goût du monumen­tal et sa truculence rabelaisienne pour s'astreindre pendant cinq ans à une écriture linéaire, sans relief,et s'acharner sur un sujet si éloigné de sa nature? «Il faut que j'entre à toute minute dans des peaux qui me sont antipathiques... La vulgarité du sujet me donne des nausées... Dans Saint-Antoine, j'étais chez moi. Ici, sujet, personnages, effets, tout est hors de moi... «

Pourtant personne avant lui n'avait fait preuve d'une telle rigueur, autant dans le souci de l'objectivité que dans la forme. Le désir de ne rien livrer de lui-même d'abord — «L'émotion est une chose inférieure, écrit-il. Je ne veux pas considérer l'art comme un déversoir à passion... « — pour impossible qu'il fût, tendait à formuler les fameuses règles de «l'art pour l'art«. Ainsi, Flaubert s'est-il mis en retrait, abandonnant sa plume fantasque pour le scalpel et disséquant sa Bovary avec une froideur toute chirurgicale.

 

Quant à la forme, elle fut, pour Flaubert, l'expression même de l'idée. Persuadé que, pour tel sentiment ou telle scène, il n'exis­tait que tels mots bien précis, qu'un style particulier, il suait sang et eau à refaire brouillon sur brouillon. Ratures, doutes, ajouts, réécritures : rivé à sa table de travail, Flaubert a vécu son roman comme un forçat une condamnation. «J'ai exclusivement toute la semaine pioché ma Bovary ennuyé de ne pas avancer, écrit-il à Louise Colet. Je mène une vie âpre, déserte de toute joie exté­rieure, et où je n'ai rien pour me soutenir qu'une espèce de rage

Un chef-d'oeuvre

Drame d'une femme qui rêve une vie qui n'existe pas et qui refuse de se soumettre à la monotonie, Madame Bovary est aussi un réqui­sitoire contre la bourgeoisie de province engoncée dans la médio­crité et les conventions. Le roman, reconnu comme le chef-d'oeuvre du réalisme de la littérature française, a pourtant une étrange genèse. Rien dans le tempérament fougueux de Flau­bert ne le portait à écrire cette oeuvre classique, toute en rigueur et en sobriété.

 

En septembre 1849, Gustave Flaubert a 28 ans, il n'a encore rien publié, mais il vient de terminer sa première version de La Tentation de saint Antoine, un drame épique, d'une écriture baro­que où il a laissé libre cours à son romantisme. Flaubert est fier de son travail. Pendant trois jours, il fait lecture de son manuscrit à Louis Bouilhet et Maxime Du Camp. Le verdict de ses amis est impitoyable : le roman est un fatras illisible, impubliable! Flau­bert est consterné. Ses amis lui conseillent d'écrire quelque chose de plus sobre, un roman où il éviterait tout lyrisme, un roman de province, par exemple, bien réaliste... Et ils vont même jusqu'à lui proposer le sujet, un fait divers : un médecin d'un bourg voi­sin, le docteur Delamare qui vient de perdre son épouse, une nymphomane qui s'est suicidée en prenant de l'arsenic... Madame Bovary était née.

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« 70 1 Les chefs-d'oeuvre de la littérature Emma depuis longtemps a laissé libre cours à ses goûts de luxe et s'est endettée auprès d'un vieil usurier.

Celui-ci la met bientôt au pied du mur et la menace d'une saisie.

Désespérée par la lâcheté de Léon et de Rodolphe qui refusent de l'aider, Emma ne voit pas d'autre issue que le suicide: elle s'empoisonne avec de l'arsenic.

Charles Bovary, le brave homme, n'aura rien compris:. »

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