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MARGUERITE DE NAVARRE : l’Heptaméron (résumé & analyse)

Publié le 26/11/2018

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MARGUERITE DE NAVARRE : l’Heptaméron
 
Le théâtre de Marguerite resta à l’état de manuscrit jusqu’à notre époque : il n’intéressait certainement pas sa fille. L’Heptaméron aurait certainement connu le même sort si le xvie siècle n’avait pas été si affamé de contes et de nouvelles, et si plusieurs ébauches du texte n’avaient pas déjà circulé, avant et après la mort de la reine. En 1558, Boaistuau interrompait cette circulation libérale en décidant de faire son profit du texte, mais il devait, dit-il, se fatiguer beaucoup à « servir d’esponge et nettoyer » : paraissent ainsi les Histoires des amans fortunez. Devant ce massacre, Jeanne d’Albret est contrainte de demander à l’honnête et savant Gruget de remettre de l’ordre dans l’ouvrage, ce qu’il fait en 1559, en donnant au recueil le titre d’Heptaméron (« sept jours », puisque la reine, qui avait envisagé dix journées, n’avait franchi le cap de la septième que de deux nouvelles). Gruget ajoute aussi le titre particulier à chaque nouvelle, et qui en constitue comme un sommaire, assez étranger au principe de composition que la reine avait peu à peu élaboré. Car des études récentes nous montrent de mieux en mieux que, si la reine avait bien, au départ, conçu d’écrire un Décaméron français à la manière de Boccace, qu’elle venait de faire traduire par Antoine Le Maçon (1545), c’est seulement progressivement qu'elle songea à lui donner la structure complexe que nous connaissons. La mort a saisi Marguerite en plein travail, sans que l’on sache si elle comptait publier un jour son œuvre, comme elle l’avait fait pour la seule poésie.
 
Tel qu’il est, l’Heptaméron suscite actuellement les analyses les plus diverses, et il leur résiste, par sa richesse même et son ambiguïté. Œuvre de divertissement, qui se refuse à entrer dans la littérature de métier, il possède la qualité des plus grandes créations : celle de livrer une vision du monde, et de devenir un livre de chevet, un guide de bonne compagnie. Ce dernier objectif, la reine se l’était fixé à l’usage exclusif de sa petite compagnie de devisants, sertis avec amour dans la trame des récits dont ils deviennent à la fois les narrateurs et les commentateurs partiaux et multiples. Contentons-nous de décrire le plus visible : après un Prologue dans lequel Marguerite met littéralement en place ses devisants, réunis par le hasard des orages dans une abbaye près de Cauterets, et leur fait promettre de ne dire que du vrai, qu’ils auraient vécu ou dont ils pourraient certifier l’origine, elle divise leur temps en journées, dont on ne dira jamais assez l’invraisemblance.

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