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MELIADOR de Jean Froissart (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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froissart

MELIADOR. Roman en vers à insertions lyriques de Jean Froissart (vers 1337-vers 1410), composé vers 1383 (probable remaniement d’une première version de 1365-1366, après le voyage du chroniqueur en Écosse).

Ce très vaste ouvrage qui, à en croire Froissart lui-même dans ses Chroniques, fit les délices du comte de Foix, Gaston Phébus, et qui figurait dans la bibliothèque de Charles d'Orléans, n'a guère été prisé de la postérité. Un seul manuscrit à peu près complet subsiste - on note toutefois quelques lacunes et le texte s’interrompt au vers 30 771 -, ainsi que quatre feuillets d'un manuscrit plus ancien ; et la première édition ne remonte qu'à 1895-1899.

 

Dans les premiers temps du règne d’Arthur, Carnet de Camois, chassant le cerf, s'éprend de la jeune Hermondine, fille du roi d'Écosse. Pour échapper à l'amour importun de ce soupirant que ses crises de somnambulisme rendent suspect, la jeune fille déclare qu'elle n'aura pas d’autre époux que celui qui, au terme d'une quête de cinq ans. sera consacré meilleur chevalier du monde par la cour du roi Arthur. La quête est proclamée à Carlion. De jeunes et valeureux chevaliers partent chercher l'aventure et la gloire ; parmi eux le fils du duc de Comouailles, Meliador, appelé le « chevalier au soleil d'or» en raison de ses armes. Toujours vainqueur dans les joutes, les tournois, les combats, tandis qu'il parcourt le Northumberland, le pays de Galles, l'Écosse et l'Irlande, Meliador tue Camel de Camois dès la première phase de la quête. Mais d'autres jeunes chevaliers se signalent par leurs exploits, dont Agamanor, Gratien. Dagoriset et le jeune fils du roi d'Irlande, Sagnemor, bien qu’il ne participe pas à la quête. Au terme des cinq ans. la main d'Hermondine revient à Meliador qui a depuis longtemps gagné son cœur. Ce mariage est suivi de ceux des principaux protagonistes de la quête. (Pour finir, le roman menait sans doute à leur conclusion les aventures de Sagremor, suspendues par le narrateur désireux d’achever le récit de la quête.)

 

Cet unique roman de Froissart révèle une autre facette du talent de ce polygraphe, maître de la narration historique (voir l’imposant ensemble de ses Chroniques) et habile poète du Joli Buisson de Jeunesse et des Ballades et Rondeaux. Renouant avec le récit arthurien en vers, tombé en désuétude depuis l’Escanor de Girard d’Amiens (vers 1280), la forme octosyllabique renvoie au temps des origines de ce genre romanesque (et même de tout roman en langue vernaculaire) et s'harmonise avec le temps de la diégèse, puisque l'histoire

froissart

« niqu es, fit les dé lice s du comte de Foix, Gaston Phébus , et qui figurait dans la b ibli o thèque de Charle s d'Orl éans, n 'a gu ère été pri sé de la po sté rité.

Un seu l manu scrit à pe u près complet sub­ siste -on note tout efois qu elques lac u­ nes et le text e s'in te rr o mpt au vers 30 771- , ain si que quatre feuille ts d'un manus crit p lus an cien ; et la première éditi on ne rem o nte qu 'à 18 95 -1899.

Dans les prem iers temps du règne d'Arthur.

Camel de Camo is.

chassant le ceri.

s'éprend d e la jeune Herm ondine, fille du roi d'Écosse.

Pour échapper à l'amour importun de ce soup irant, que ses crises de somnambulisme rendent sus ­ pect, la jeune fille déclare qu'elle n'aura pas d'autre époux que celui qui, au terme d'une quête de cinq ans.

sera consacré mei lleu r cheva­ lier du monde par la cour du roi Arthur.

La quête est proclamée à Carlion.

De jeunes et valeureux cheva liers partent chercher l'aventure et la glo ire ; parmi eux le fils du duc de Cornouailles, Me liador.

a p pelé le «cheva l ier au soleil d'or» en raison de ses armes .

Tou jours vainque ur dans les jo u tes, les tournois, les combats.

tandis qu'i l par­ court le North u mberland , le pays de Galles, l'Écosse et l'Irlan de, M e liador tue Came l de Cam6is dès la prem ière p hase de la quête.

Mais d'aut res je u nes cheva liers se signa lent p ar le u rs exploits, dont Agama nor, Grat i en, Dagoriset et le jeune fils du ro i d'Irlande , Sagre mor, bien qu'il ne part ic ip e pas à la quête.

Au te rme des cinq ans.

la main d'Hermondine revie nt à M eli ador qui a depu i s longtemps gagné son cœ ur.

C e m a riage est suivi de ceux des principaux protago nistes de la quête.

(Pour finir, le roman menait san s doute à leur conclusion les aventures de Sagremo r.

sus­ pendues par le narrateur désireux d'acheve r le récit de la quête.) C et uniqu e ro man de Froissart ré v èle u n e autre facet te du tal ent d e c e poly ­ grap h e, maître de la narra tion histori­ qu e (vo ir l'imp osa nt en se mbl e de se s Chroniques) e t h abile poète du Jol i Buis ­ so n d e Je unesse e t des Ball ades et Ron­ d eaux .

Ren o uant av ec le ré cit arthurien e n ver s, t o mb é e n d ésué tud e depui s l'Escan or d e Gir ard d'Am iens ( vers 1280 ), la fo rm e oc t osyllabiqu e renv oie au temps des on gme s de ce genre romanesque (e t même de to ut ro man en langue vernaculaire ) et s'harm o ni se avec le temps de la diégèse , pu is qu e l'histoire se situe dans les débuts du règne d'Arthur, en sa prime jeunesse (v.

4), alors que tous les héros devenu s dep uis légendaires, Lancelot, Tristan, Gauvain, Yvain, Perceval et tant d 'a utr es, sont encore des inconnu s (v.

26-43).

Des m e ntion s comm e cell e de ch an gements dans.

les usages (v.

9 525-9 553, 22 41 9-22 425, 26 890 ) ou celle des transformations topony ­ miques (Montrose devenu Chepstow - v .

10 436-10 441; Signandon, Sterling­ v .

1 4 759 -14 762; Monchus, Rox­ burg h -v.

28 997-29 007) émaillent le r écit et produisent un effet de perspe c­ tive tempore ll e.

Le narrateur tire parti de ce déca lage et, à l'occasion, satisfait au topos de la dégradation des mœur s ( autref ois , seule comptait pour les âm es bien nées la «prouesse ,., aujou rd 'hui c 'e st l' argen t qui prime - v.

4 4 29- 4 447 ), souligne que les co nd ition s de v ie se so nt adoucies (en ce te mp s -là l es gens vivaient plus rudement- v.

21-25), ou rend hommage à quelqu e bienf ai­ trice (les dames d'Angleterre o nt su conserver les lois exquises de l'h ospita ­ lité d 'antan- v.

9 550-9 566) .

Ma is le talent de Froissart ne se lim ite pas à jouer habilement de la mode antiquisante de son époque.

Il u se avec aisance de l'entrela c em ent et renouvelle l'usage des insertion s lyriques, apparu avec le Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole , de jean Renart (premi ère moitié du xm e siè­ cle) .

Les cinqua nte-deux rondeau x, les onze ballades et les seize virelais en ­ châssés so nt en effet l'œuvre d' un de ses protecteurs, Wenceslas, duc de Bra­ bant (« Et sont contenus audit livre ...

toutes les chanchons , balades , ron­ diaux , virelais que le du c fist en so n temp s,., est-il noté dans les Chro ni -. »

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