MENTEUR (le) de Pierre Corneille

« Pho1o E xplore r Achives Apr ès avoir co nnu la glo ire avec Le Cid (1636), Ho­ race ( 16 40 ), Cinna (1641 ), Polyeucte ( 1642 ) et La Mort de Pomp ée , C orn e ille revie nt au genre comiqu e avec Le Menteur (164 3), sa c om édie la plus populair e.

Le livre Du mensonge au quiproquo général A peine arrivé à Paris, Je premier souci de Dorante , jeune étudiant de province devenu soldat, est la séduction et la galanterie.

Il rencontre deux jeunes filles , Clarice et Lucrèce.

Pour mieux charmer Clarice, il se vante d'exploits de guerre glori eux et imaginaires.

Mais , mal informé par son valet Cliton , il croit que la jeune fille s'appelle Lucrèce.

Survient Alcippe qui discute avec un ami d'une fête donnée la veille par un inconnu.

Dorante se fait passer pour 1 'auteur de ce spectacle donné en 1 'honneur de Clarice et décrit mer­ veilleusement ces festivités, déclenchant la jalousie d' Alcippe, amoureux de la belle.

Entre-temps, Géronte, père de Dorante, a organisé le mariage de son fils avec Clarice , ignorant pour­ tant leur rencontre.

Dorante, trompé par le nom puisqu ' il croit encore que Clarice se nomme Lucrèce, invente qu'il est déjà marié.

Cependant , il arrive qu' il rencontre la véritable Lucrèce et tombe amoureux d'elle , oub liant alors Clarice.

Le qui­ proquo enfin élucidé, Dorante épouse Lucrèce, et Alcippe retrouve Clarice.

Un héros fantaisiste et charmant A vec Le Menteur , Corneille a ouvert la voie à la vraie coméd ie de caractères.

En effet, Dorante n'est pas un type général de menteur , sa personnalité est complexe et parti­ culière.

S' il ment, c'est d'abord pour charmer et éblouir.

Par des contes imaginaires, il métamorphose et embe llit l'exis­ tence.

Mais Dorante n'est pas un lâche qui fuit la réalité .

Si ses mensonges le mettent parfois en danger, il joue le jeu jusqu 'au bout , et il acceptera même un duel avec Alcippe.

Par ses dis­ cours, il se veut guerr ier glorie ux ou galant parfait ; et bientôt poussé à l'action par le destin , il a le courage et la splendeur des héros de tragédies .

Il est à la foi s acteur et metteur en scène de lui-même , puisqu'il vit ses mensonges comme s'ils étaient des vérités.

Dorante est un artiste, et son génie réside dans la beauté des fables qu' il invente .

Il est une parodie des héros cornéliens et une glorification de l' acteur.

Ainsi il vaut mieux chercher dans cette pièce une valeur esthétique du men­ songe , plutôt que morale.. »