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MÉPRIS DE LA VIE ET CONSOLATION CONTRE LA MORT (Le) de Jean-Baptiste Chassignet (résumé)

Publié le 13/11/2018

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MÉPRIS DE LA VIE ET CONSOLATION CONTRE LA MORT (Le)

Jean-Baptiste Chassignet. Poésie religieuse, 1594.

 

Les quatre cent trente-quatre sonnets du Mépris de la vie... ont été composés en quelques mois par leur auteur (1571-1635), dont l’œuvre comporte essentiellement des Paraphrases sur les Psaumes et les Prophètes. Ils constituent un excellent exemple de l’esthétique baroque, dans

la mesure où ils reposent sur une exploitation systématique de ses procédés: paradoxes, oxymores, retournements, contrastes, tous

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Commentaire composé : Sonnet 263 du recueil Mépris de la vie et consolation de la mort (1594) Observations : Jean-Baptiste Chassignet est un homme né en 1571 à Clairac en Angenais et mort en 1635.

Il reçoit une formation humaniste et étudie ledroit à l'université de Dole.

Il mène par la suite une carrière d'avocat fiscale et de conseiller au baillage de Gray.

Néanmoins il était aussiun poète de talent injustement méconnu, attaché à la culture baroque qu'il exprime à la perfection.

En effet, dans ses poèmes onentrevoit parfaitement les caractéristiques de ce courant (notion mise en place par Jean Rousset au XXème siècle).

C'est-à-direl'inquiétude concernant la vie et la mort, l'instabilité, la mobilité, la métamorphose ainsi que la prépondérance du décor.

En plus de cela,Chassignet est un homme qui aime la poésie complexe ou encore l'antiquité.

Dans son gigantesque recueil de poèmes (434 sonnets)Mépris de la vie et consolation de la mort, le 263ème sonnet semble particulièrement intéressant.

Effectivement, on peut se demanderdans quelle mesure Jean-Baptiste Chassignet nous donne dans ce poème une véritable « définition Baroque » de la vie.

Il s'agira toutd'abord de montrer que l'on observe des structures et des phénomènes de récurrence significatifs pour ensuite exalter l'expression de lavie associée à un songe. Ce qui nous dévoile ces structures et ces phénomènes de récurrence significatifs, c'est d'abord des constructions récurrentes et ensuite denombreux phénomènes de répétition.Ce sonnet frappe en premier lieu par ses constructions récurrentes : on observe la même ponctuation en fin de vers pour chaque quatrain(un point d'interrogation aux vers 2 et 6, une virgule aux vers 3 et 7 ainsi qu'un point virgule aux vers 4 et 8).

Par ailleurs, ces quatrainsont aussi le même début.

En effet, le poète utilise « Est-il rien de plus vain » au début du vers 1 et 5.

De plus, dans ces même vers quisont tous deux porteurs de comparaisons, les comparants (« qu' » et « que ») se trouvent dans le deuxième hémistiche du vers.

Ce quirenforce cette idée de constructions redondantes.

En outre, on remarque de même une symétrie entre les vers 2 et 6.

Ils sont tous lesdeux porteurs d'une question, la césure entre les deux hémistiches est pour ces deux vers une virgule, les noms « songe » (V.2) et« ombrage » (v.6) sont tous suivis de trois adjectifs (passager, vagabond et muable pour « songe ».

Remuant, inconstant et peu stablepour « ombrage.

De plus, les deux questions sont construites sur les même mots (comme dit précédemment), rythmes et sons (similitudedes rimes : « muable » et « peu stable »).

De même, les vers 1 et 5, 3 et 7 ou encore les vers 4 et 8 on exactement les mêmeconstructions.

Enfin, les rimes des deux quatrains sont identiques, des rimes embrassées (ABBA).Ensuite, ce sonnet frappe par ses nombreux phénomènes de répétitions : D'une part, l'utilisation d'anaphores aux vers 1 et 4 (« Est-il riende plus vain ») ainsi qu'aux vers 3 et 7 (« le vie est toutefois ») souligne une certaine lourdeur et témoigne de cette idée de répétition.D'autre part, les répétitions de mots comme « songe » répété aux vers 1, 2, 3, 4 ou « ombrage » répété aux vers 5, 6, 7, 8 créent uncertain martèlement et renforcent donc cette idée.

Par ailleurs, l'utilisation d'adjectifs synonymes : « comparable » (V.3) et « semblable »(V.7) qui annoncent la comparaison avec la vie nous démontre une fois de plus la théorie des phénomènes redondants.

De plus, l'emploidu champ lexical du mouvement : « vagabond »(v.2), « passager »(v.4), « remuant »(v.6), « peu stable »(v.6), « tremblant »(v.8) nousmontre bien cette répétition, ici répétition de mouvement.

En outre, on remarque l'utilisation de répétitions sonores (« remuant » v.6,« inconstant » v.6, « tremblant », v.8).

Enfin, l'usage du mot « aussi » (v.9) qui établie la relation logique entre les quatrains et les tercetsexprime ici l'addition et produit donc un effet de répétitions.Néanmoins, alors que l'on remarque ces structures et phénomènes de récurrence significatifs, on entrevoit aisément dans ce poèmel'expression de la vie associée à un songe.

C'est-à-dire l'irréel, l'illusion, l'éphémère, l'inaccessible et le mystérieux. Effectivement, on note facilement l'expression de la vie associée à un songe.

Tout d'abord car Chassignet nous donne une définition de lavie.

Ensuite parce qu'il adopte un raisonnement scientifique et enfin, on remarque que le songe occupe une place importante dans cesonnet.L'ensemble du poème donne une définition de la vie grâce à des comparaisons (« La vie est toutefois au songe comparable » v.3 ; « Lavie est toutefois à l'ombrage semblable » v.7) dont les comparants sont mis en valeur par des rimes.

Ce qui montre une volonté de nousdonner une définition de la vie.

De plus, l'emploi de l'article défini « la » devant le mot vie aux vers 3 et 6 montre une affirmation, celle dela définition de la vie.

De même, l'utilisation de l'adjectif démonstratif « cette » laisse transparaitre l'affirmation de la définition de la vie.Par ailleurs, la simple répétition du mot « vie » tout au long du poème aux vers 3, 6 et 10 illustre cette définition de la vie.Ensuite, afin de démontrer que la vie est associée à un songe, le poète adopte un raisonnement scientifique : Tout d'abord, l'usage dumot « aussi » aux vers 9 renvoi à une certaine logique propre au raisonnement scientifique.

De plus, les questions posées aux vers 1-2(« Est-il rien de plus vain qu'un songe mensonger Un songe passager, vagabond et muable ? ») et 5-6(« Est-il rien de plus vain quel'ombrage léger L'ombrage remuant, inconstant et peu stable ? ») sont construites sur les mêmes mots, rythmes et sons.

Ce qui met envaleur la manière de questionner (et donc de raisonner) ainsi que le thème des questions mais qui laisse sous entendre une réponsenégative.

Donc le « songe mensonger » et « l'ombrage léger » constitueraient les éléments les plus vains qui puissent exister.

C'estpourquoi les réponses à ces questions aux vers 3 (« La vie est toutefois au songe comparable ») et 7(« La vie est toutefois à l'ombragesemblable ») accompagnées de la restriction du mot « toutefois » font de la vie ce qu'il y a de plus vain au monde.

Il y a donc unsyllogisme qui marque le triomphe absolue du raisonnement scientifique : Le poète affirme qu'il n'est rien de plus vain qu'un songe.

Or,d'après lui la vie est comparable au songe.

Donc la vie est vaine.

Ce syllogisme témoigne de la complexité du cheminement intellectuelsuivi par Chassignet.

En outre, l'emploi du mot « Preuve » (v.9) montre parfaitement l'idée du raisonnement scientifique car avancer lapreuve de quelque chose est la base de tout raisonnement.

Enfin, le fait que le poète cite Pythagore suggère la notion de raisonnementscientifique puisque Pythagore était un philosophe et mathématicien à l'origine de plusieurs découvertes.Pour finir, on peut affirmer que dans ce poème la vie est associée à un songe car la notion de songe est très présente dans ce sonnet.

Eneffet, à travers ce poème on ressent la notion de l'éphémère, l'irréel, l'illusion, l'inaccessible ainsi que le mystérieux : D'une part, laquadruple répétition du mot « songe » aux vers 1, 2, 3 et 4 produit un effet d'insistance sur la notion de songe et confirme sonimportance.

D'autre part, la mise en valeur des mots « comparable » (v.3) et « semblable » (v.7) par la rime suggère un jeu sur les mots,les similitudes, la rigueur, la logique et enfin la fantaisie.

Ce qui insiste par conséquent sur le caractère léger, fragile, illusoire et vain de lavie : caractéristiques propre au songe.

Par ailleurs, les termes antithétiques « entrée » (fin du vers 10) et « Départ » (Début du vers 11)par leurs positions et sens opposés insistent sur l'aspect fugitif et éphémère de la vie aussi exprimé par l'emploi de l'adverbe « vitement »au vers 14.

Ce qui traduit parfaitement la notion de songe.

Enfin, la référence à l'Antiquité, à la philosophie ainsi qu'à la science grâce àl'usage du mot « Pythagore » (v.12) donne une dimension mystérieuse (propre au songe) aux tercets et donc au poème tout entier. En conclusion, en utilisant des structures et des phénomènes de récurrence et en donnant une expression de la vie associée à un songe,Jean-Baptiste Chassignet donne une véritable « définition Baroque » de la vie, puisque le songe (largement exprimé dans ce sonnet) peutraisonnablement être mis en relation avec le baroque.

Toutefois, on peut légitimement se demander si cette définition ne peut pas êtreremise en question.

En effet donner une définition est en quelque sorte contraire au baroque lui-même puisque celui-ci repose surl'instabilité et par conséquent sur l'inaccessible.

N'est-il pas alors impossible de donner une définition de la vie.. »

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