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Michel TOURNIER : Le Roi des Aulnes

Publié le 05/10/2012

Extrait du document

Mais l'Allemagne nazie, la légendaire Prusse-Orientale, ce n'était que la moitié du roman que je projetais. L' autre moitié, ce devait être mon héros principal, personnage à la fois trivial, réaliste - garagiste place de la Porte-des-Ternes - et ogre féerique, ayant secrètement partie liée avec le cours des choses. Le problème technique soulevé par la coexistence de ces deux aspects du même personnage était plus facile à résoudre qu'il ne peut paraître au premier abord. Il a toujours été hors de question pour moi de verser dans le genre fantastique. J'entends m'en tenir à un réalisme qui ne rejoint le fantastique que par un paroxysme de précision et de rationalisme, par hyperréalisme, hyperrationalisme...

« Pour Le Roi des Auln es, T ourni er o btint le prix G on­ co urt , voté e n 1970 à l' unanimité pour la premiè re fois dans /'hi sto ir e du G on­ court depui s sa cré a­ ti on en 1903.

Le livre Abel Tiffauges ou le destin d'un ogre pré date ur F rustrations, humiliations et dévalorisations ont contribué à faire d'Abel Tiffauges un anarchiste caractérisé par une immaturité irrémédiable .

Un épisode de sa vie d'écolier lui fait acquérir la conviction qu'il existe une secrète complicité entre le destin du monde et son destin personnel.

Plus tard, la mobili­ sation de 1939 lui vaut un non-lieu pour une affaire de viol.

Alors qu' il est fait prisonnier en 1940 et conduit dans la plaine désolée de la Prusse-Orientale, naît en lui le sentiment d'une étrange libération .

Si Tiffauges s'identifie au Roi des Aulnes, l 'ogre germanique qui ravit l'enfant dans la mort et emb léma­ tise le monstre nazi, il devient saint Christophe le protecteur en s auvant 1 'enfant juif Éphraïm.

Tiffauges accomplit ce qu' il pense être son destin lors que , s' enfuyant avec Éphraïm, il s 'enlise mortellement dans une tourbière.

La portée un iverse lle d u m yt he de l'ogre, en tr e le m age et l e monstre " A bel Tiffauges en ogre conséquent aime passionnément J-\.

selon un crescendo correspondant aussi à trois étapes de son destin : 1.

la fraîcheur et ce qui 1 'incarne (crudités, lai­ tages, voix claires) ; 2.

les petits animaux ; 3.

les enfants." (M.

Tournier, Le Vent Paraclet).

Si Tournier s'applique à caractériser avec réalisme 1 'ogre Abel Tiffauges qui incarne toutes les ambivalences , les perversions et les contradictions , il restitue par son hyperréalisme tous les symboles qui traversent les nombreuses mythologies de notre civilisation occidentale.

Contrairement à Günter Grass qui, dans Le Tambour , dépeint le nazisme sous un jour ridicule , Tournier montre que le danger vient de la fascination qu' il exerçait.

Ainsi Tiffauges prisonnier s'accommode du nazi sme du fait de la fascination qu'exerce s ur lui le thème des races si cher aux SS.

L'enfant, qui incarne l'espoir d' un monde nouveau , symbolise la métamorphose de l 'ogre prédateur en un mage sauveur.

Enfant, Abel Tiffauges a eu la vision de son destin, le destin de l'ogre ne s'accomp lit que dans 1 'inépui sable vision de l'enfance .. »

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