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Monsieur Teste de Paul Valéry (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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Monsieur Teste. Recueil de textes en prose de Paul Valéry (1871-1945), publié à Paris chez Gallimard en 1946. Le cycle, inauguré en 1896 par la publication de « la Soirée avec Monsieur Teste » dans la revue le Centaure, comprend : « la Soirée avec Monsieur Teste », « Lettre de Madame Émilie Teste », « Extraits du Log-Book de Monsieur Teste », « Lettre d'un ami », textes auxquels il faut ajouter des notes et esquisses que l'auteur, avant sa mort, avait réunies en vue d'une nouvelle édition.

Par un jeu savant de focalisations, la personnalité étrange de M. Edmond Teste nous est peu à peu dévoilée. Il s’agit d’un homme de quarante ans, impassible, à la démarche militaire et à la mémoire prodigieuse qui est parvenu, grâce à des années de discipline de l’esprit, à un état de maîtrise de l’intellect qui contraste avec la médiocrité apparente de son existence. C'est que M. Teste a atteint cette suprême sagesse qui dédaigne même de recourir à l'écriture pour se manifester. Ayant accédé au plus haut degré de « civilisation intérieure », il n’est plus que cette puissance infinie de connaître qui en fait un « homme de verre ». Cette hyperbole de la liberté de l'esprit relève selon Valéry du « genre roman (sans intrigue) ». À travers son personnage, l'auteur réalise ainsi son ambition d’« écrire la vie d'une théorie comme on a trop écrit celle d'une passion » (lettre à A. Gide à propos de Descartes).

 

Le jeune Valéry se décrit, dans sa Préface à Monsieur Teste, comme « affecté du mal aigu de la précision » et plus préoccupé de « l'énergie de l'ouvrier » que du résultat - l'œuvre - auquel il parvient. Cette fascination pour l'ascétisme d'un esprit socratique qui ne s'as-servit pas à l'écriture et se contente d'une « parole silencieuse » est à l’origine du personnage de M. Teste, parvenu « à découvrir des lois de l'esprit que nous ignorons ». On reconnaît là l'aspiration valéryenne à une perfection du génie qui se satisfait de ses réalisations intérieures sans requérir aucune confirmation sociale. Tout un univers, imaginaire et exaltant, se dévoile à travers ce cas particulier : celui des vrais grands hommes qui ont jugé inutile de se faire connaître. Tout occupés à la maturation de leurs « chefs-d'œuvre intérieurs », génies sans faiblesse, peu avides de consécration, ils composent une histoire parallèle de l'Esprit, qui nous demeure à jamais inconnue.

Monsieur Teste est une modeste contribution à cette histoire impossible à écrire. Les observateurs de

« Par un jeu savant de focalisations, la personna­ lité étrange de M.

Edmo nd Teste n ous est peu à peu dévoilée.

Il s'agit d'un homme de quara nte ans, impass ib le , à la démarche mi litai re et à la mémo ire pro digi eu se q ui est parve nu, grâce à des an n ées de discipli ne de l'esp rit, à un état de.

ma?tris e de l'i nte llect qui c ontrast e ave c la médio­ crit é a ppare nte de son existe n ce.

Cest que M.

Teste a att eint ce tte suprê me sagesse qu i déda ig n e m ême de reco u rir à l'écriture pour se manife ster.

Ayan t accé d é au plus haut degré de « civ i lisation inté rieure ».

il n'est plus que cette pu i ssance in fin ie de conna ître qui en fait un « homme de verre ».

Cette hyperbole de la libe rté d e l'e sp rit re lève selo n Valé ry du «genre ro m an ( san s i ntri gue ) ».

À travers son p erso n­ nage , l'auteur réalise ainsi son ambition d'« écrire la vie d'une théorie comme on a trop écrit celle d'une passio n » (lettre à A G ide à pro pos de De scartes).

Le jeune Valéry se décrit, dans sa Pré­ face à Monsieur Teste, comme « affecté du mal aigu de la précision » et plus préoccupé de «l'énergie de l'ouvrier» que du résultat -l'œuvre -auquel il parvient.

Cette fascination pour l'ascé ­ tisme d'un esprit socratique qu~ ne s'as­ servit pas à l'écriture et se contente d'une «parole silencieuse» est à l'ori ­ gine du personnage de M.

Teste, par­ venu « à découvrir des lois de l'esprit que nous ignorons».

On reconnaît là l'aspiration valéryenne à une perfec­ tion du génie qui se satisfait de ses réa­ lisations intérieures sans requérir aucune confirmation sociale.

Tout un un ive r s, imaginaire et exaltant, se dévoile à travers ce cas particulier : celui des vrais grands hommes qui ont jugé inutile de se faire connaître.

Tout occupés à la maturation de leurs «chefs -d'œuvre intérieurs», génies sans faiblesse, peu avides de consécra ­ tion, ils composent une histo i re paral­ lèle de l'Esprit, qui nous demeure à jamais inconnue.

Monsieur Teste est une modeste contribution à cette histoire impos­ sible à écrire .

Les observateurs de cet homme hors du commun en ébauchent un portrait en éclats.

Même si « on ne peut rien dire de lui qui ne soit inexact dans l'instant même » et malgré le peu d'insistance sur ces petits détails vrais qui forment la matière romanesque, honnie de Valéry , certai ­ nes caractéristiques du personnage .

sont mentionnées de manière récur­ rente dans leurs différents témoigna­ ges.

Son égocentrisme (il refuse d'être « mangé par les autres » ), son aversion pour l'émotion ont pour conséquence une grande dureté envers lui-même et envers autrui, attestée par la lettre de sa femme.

Son goût de la pureté, ses évasions dans la méditation le condui­ sent à s'abstraire jusqu'à devenir« invi­ sible».

Enfin, son absence d'espérance est patente.

La meilleure définition que puisse donner de lui son épouse, malgré les moqueries de son confes­ seur, est celle d'un « mystique sans Dieu ,, ou d'un « Sphinx » qui aurait préservé son énigme.

Aux observations de ses proches viennent paradoxalement se joindre · les réflexions de M.

Teste lui-même, qui nous permettent de pénétrer au cœur de cet esprit singulier.

En effet, bien qu'il n'écrive pas véritablement, il consigne des pensées dans son « Log­ Book», au fil desquelles se constitue une sorte d'autobiographie intellec­ tuelle d'où toute chronologie est absente.

«j'ai fait une idole de mon esprit>>, affirme M.

Teste, qui s'y décrit comme un « explorateur effréné », un « individu ordonné selon les puissan­ ces de ses pensées».

Son horreur du vague le pousse à vouloir « tout reconstruire en matériaux purs».

Et il confirme ainsi l'intuition de sa femme qui voit en lui un mystique de la pen­ sée : « Dieu n'est pas loin.

Il est ce qu'il y a de plus près.

» Inspiré par une relec­ ture active du "Discours de la méthode, Teste est une allégorie des pouvoirs de l'esprit humain, comme le confirme. »

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