MONTAIGNE : Essais
Publié le 23/02/2013
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« Essais « signifie « essais du jugement «, mais aussi « essais de la vie «, expériences. « Toute cette fricassée que je barbouille ici n'est qu'un registre des essais de ma vie «. Montaigne. Le titre évoque la modestie de l'auteur, mais aussi l'originalité de l'ouvrage. Les Essais sont marqués par l 'atrnosphère d' intolérance que les guerres de Religion fai saient alors régner dans le pays. A cette intolérance, Montaigne oppose la sagesse de l'honnête homme et le septicisme du philosophe.

«
« Après avoir fait périr ceux qui étaient jaloux
de l eur éléva tion , ils
trou vent puissance,
sûreté, honneur et
bonheur.
»
EXTRAITS ~~~~~~~~
Les enseignements de l'hi sto ire
Quant à l'exercice de l'esprit, le prince doit
lire l'histoire, s'intéresser principalement
aux actions des plus grands modèles ; voir
comment ils se sont comportés au cours des
guerres; examiner
les causes de leurs suc
cès et de leurs éche
cs, afin de pouvoir imi
ter les premières en évitant
l es secondes ;
et surtout
faire comme quelques-uns
des meilleurs princes du
passé : ils chois issaient un
maître aux prouesses parti
culièrement glorieuses,
et
le gardaient toujours pré
sent
à l 'es prit.
C'est ainsi
que , dit-on, Alexandre le
Grand imitait Achille ;
César, Alexandre ; Scipion
l'Afri cain , C y
rus.
Vaut-il mieux
se faire
craindre
ou aimer?
Sur ce point un problème
se pose : vaut -il mieux être
aimé que craint, ou craint
qu
'aimé? J e réponds que les deux seraient
nécessaires ; mais comme il paraît difficile
de les marier ensemb l
e, il est beaucoup plus
sûr de se faire craindre qu'aimer, quand on
doit renoncer à l'un des deux.
Car des
hommes on
peut dire généra lemen t ceci :
ils sont ingrats, changeants, simulateurs et
dissimulateurs , ennemis des coups, amis
des
pécunes ; tant que tu soutiens l eur
intérêt, ils sont tout à toi, ils t'o ffrent leur
sang, leur fortune, leur vie
et leurs enfants
pourvu, comme
j'ai dit, que le besoin en
soit éloi gné ; mais s'il se rapproche, ils
se révoltent.
Le
prince qui s'est fondé
en ti èrement sur leur parole, s'il n'a pas
pris d'autres mesures, se trouve nu et
condamné.
Les deux manières de combattre
Sache z donc qu'il existe deux manières de
combattre: l'une par les loi
s, l'autr e par la
for ce .
L 'une est propre aux hommes, l'autre
appartient aux bêtes; mais comme très sou
vent la première ne suffit point, il
faut
recourir à la seconde .
C'est pourquoi il im
porte qu'un prince sache user adroitement
de l'homme et de la bête.
Les prince s imprévoyant s
Nos princes qui, après ê tre restés longtemps
sur leur trône, ont fini par
le perdre, ne doi
vent donc pas accuser
la fortune mais leur
seule veulerie.
Car, n'ayant jamais pensé en
période de paix que ce temps pouvait chan
ger (commun défaut de tous les hommes qui
durant
la bonace ne prévoient pas la tem
pête) , lorsque ensu ite sont venus les orages,
ils se sont réfugiés dans
la fuite au lieu de
se défendre, espérant que leurs peuples ,
excédés de l'i nsolen ce des vainqueurs, fini
raient par les rappeler.
Faute de mieux, ce
parti
n'est pas mau
vais ; mais c'était fort
mal avisé d'avoir re
noncé
aux autres re
mèdes.
C'e
st comme
si tu te laissais tom
ber avec l'espoir que
quelqu 'un te ramas
sera ; ce la
n'arrive
pas souve nt.
« La meilleure forteresse
qui soit est de n'être pas
h aï du peuple .
»
NOTES DE L'ÉDITEUR «Si l'on appelle humanis m e une
philo sophie de l'homme intérie ur qui ne
trouve aucune difficulté de principe dans
ses rapports avec les autres , aucune opacité
dans le fonctionnement socia
l, et remplace
la cu ltu re politique par l
'ex hortation
morale , Machiavel n'es t pas
un humani ste.
Mais si
l'on appelle humani sme une
philosophie qui affro nte comme
un
problème le rapport de l'homm e avec
l 'homme et la constitution entre eux d'une
s ituation et d'une
histo ire qui leur soient
communes, alors
il faut dire que Machiavel a
formulé quelques conditions de tout
hum a
nisme sérieux.
»Merleau-Ponty .
« En feignant de donner des leçon s aux
rois,
il en a donné de grandes aux peuples.
Le Prin ce est le livre des républicains .
»
J.-J.
Rou ssea u.
« Penser est une fonction qui relève tous le
s
hommes au nive au du pen
seur; car on rirait
de celui qui ne penserait que pour
le prince .
Même
Le Prin ce de Machiavel est pour
tous ; et qui peut comprendre, il est
juge
du prince .
» Alain, Propos !, Gallimard .
1 portrait de M achiave l par Santi di Tito I Flore nce.
Pala zzo Vec chi o I Roger -Vio llet 2.
3.
4 d ess ins de Claude Ch an ot.
Ed.
Mart in sart.
Pari s.
1986 / B.N.
« Machiavel aimait la liberté et n 'en
dé g
uisait pa s so n amour.
Mais pour fonder
une principauté nouvelle ou débarra sser
l'Italie des barb ares, la lib erté
d'un peuple
corrompu aurait été impuissante.
»
Raymond Aron, préface du Prince,
Hachette , 1983.
MACHIAVEL 02.
»
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