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Montaigne: Essais

Publié le 08/01/2020

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2 - Résumé et composition

a - Résumé

Il est évidemment impossible de «résumer» les Essais, dont la démarche n’est pas narrative et il n’est pas possible non plus d’en exposer le système philosophique, pour l’excellente raison qu’il n’y en a pas. On peut en revanche donner une idée de la matière dont se nourrissent les cent sept chapitres des trois livres. Au premier coup d’œil, les titres frappent par leur diversité : les Essais s’intéressent à tout, aux senteurs et aux cannibales, aux menteurs et à l’ivrognerie, à la force de l’imagination, aux transports en commun (les coches), etc. Pourtant, si la palette est bigarrée, elle ne manque pas de quelques couleurs dominantes. Ainsi les Essais parlent de politique et abordent toutes les questions de société : la force de la coutume, l’inégalité naturelle des hommes entre eux, la justice, le luxe, l’éducation des enfants, la religion. Ils font la part belle aux attitudes devant l’existence, retravaillant les lieux communs de la philosophie antique : l’oisiveté, la peur, la, constance, la modération, la solitude, la présomption, la vanité, l’art du divertissement, la réflexion sur la mort. Ils montrent enfin un sujet dans ses goûts, ses plaisirs, ses rapports à autrui : amour, amitié, goût des livres, de la conversation, rôle de l’expérience, sagesse de plus en plus personnelle.

Les treize essais du livre III donnent, par leurs titres (passés en revue ci-après du premier au treizième) une juste idée de la variété et de l’unité des centres d’intérêt : «De l’utile et de l’honnête» réfléchit sur la difficulté, pour l’homme sage, de se mêler de politique, car politique et morale ne vont pas bien ensemble; «Du Repentir» est l’exposé peut-être le plus complet pour quelqu’un qui répugne aux systèmes, d’un mode de vie sage, d’un art de vivre; «De trois commerces » évoque l’amour, l’amitié et les livres comme trois formes de relations du moi au monde; «De la diversion» réfléchit sur les moyens dont l’homme dispose pour conjurer tous les malheurs qui s’attachent à sa condition; «Sur des vers de Virgile» est l’essai dans lequel Montaigne va le plus loin dans sa réflexion sur l’amour et la sexualité; «Des Coches», malgré son titre, ne s’occupe guère de l’histoire des voitures à travers le temps, mais tourne autour du luxe et du gaspillage; «De l’incommodité de la grandeur» est une réflexion sans concessions sur la difficulté de régner; «De l’art de conférer» est consacré à l’art de la conversation et esquisse le portrait de «l’honnête homme» tel que le XVIIe siècle le rêvera; «De la vanité», l’un des essais les plus importants de tous, illustre le célèbre «Tout est vanité» de L’Eccle'siaste; «De ménager sa volonté» développe une morale individualiste, occupée surtout de la conduite personnelle dont chacun est responsable; «Des Boiteux» est une réflexion lucide et critique sur la croyance dans la sorcellerie, très partagée en son temps, et que Montaigne

aux changements perpétuels..Point insignifiant dans l’univers, l’homme n’est pas supérieur aux animaux, il n’est pas ce roi de la création.de la tradition chrétienne : il n’a aucune connaissance certaine et sa raison est plutôt chimère, fantaisie et rêverie que raison. De même que nos opinions dansent une danse bouffonne, la plupart de nos occupations, que nous prétendons sérieuses, sont farcesques. Pour autant, ce scepticisme n’est pas négatif : il devient une sagesse .qui regarde lucidement le monde et une richesse, puisqu’il est attentif aux possibles illimités du réel, à son inépuisable et inventive diversité. Ce scepticisme est aussi généreux : il débouche sur la conscience du mystère des choses et des êtres, sur la saine conscience des limites de l’intelligence. Le savoir, bien qu’il ne soit pas impossible de saisir des bribes de vérité, est borné, en effet : il reste partiel, relatif, et surtout ne change rien à la condition humaine ; l’homme n’est pas le maître de la nature, mais son protégé et son obligé.

La «branloire pérenne»

Le thème-def des Essais, c’est sans doute le mouvement. Instabilité, fluctuation, métamorphose au cœur de l’homme, de la nature, des «systèmes». La diversité est la règle, non l’unité : la connaissance ne peut être que singulière et l’entreprise des Essais est bien d’apporter le témoignage d’une manière unique d’être au monde. Le corollaire de cette pensée du mouvement, c’est la relativité de tout.

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« LA FICHE DE LECTURE LITTÉRAIRE le risque qu'implique aussi l'expression de «coup d'essai».

Il faut ajouter que la matièr,e de l'essai est commune, voire basse, et surtout qu'elle est le fruit de l'expérience.

~essai est ainsi la mise à l'épreuve des facultés, des jugements, de la vie même de Montaigne: la page, où tout s'éprouve, est le lieu d'une mise en mots, ici et maintenant.

C'est en somme un «discours-acte», que Montaigne aime à nommer «barbouillage».

Les Essais ont occupé plus de vingt ans la vie de Montaigne : on comprend qu'ils aient évolué, même si la question du moi, celle de l'identité de celui qui écrit, était posée dès le début de l'entreprise.

Dans les premiers essais, Montaigne se sert des moyens traditionnels : il reprend aux Anciens les exempta, les modèles que fournissent les vies «exemplaires» des êtres admirables au travers desquels nous pouvons trouver notre «forme»; l'essai emprunte aussi à un genre répandu à l'époque de Montaigne, le commentaire des textes antiques; on trouve aussi des « curiositéS», parfois simplement mises bout à bout, ou encore des « disser­ tations» autour de sujets philosophiques classiques.

Mais, peu à peu, l'exemple lui apparaît comme une exception, un simple témoignage de la bigarrure du monde : tout exemple« cloche» (III, 13 ).

Le commentaire résiste mieux, mais prend de la distance avec le travail de la «glose» proprement dite.

Ce qui reste en revanche, c'est un réservoir inépuisable de choses qui se sont produites et se produisent, à partir desquelles se construit un traité jamais systématique sur la condition humaine, dont le moi est une bonne mesure puisque «Qui se connaît soi-même connaît aussi les autres».

Tel que Montaigne l'a donc inventé, l'essai est un « hyper-genre » englobant plusieurs genres de la prose d'idées et de la littérature personnelle.

c -Liens avec les autres œuvres de Montaigne La seule œuvre de Montaigne publiée avant les Essais est la traduction en 1569 de l'ouvrage d'un théologien catalan, Raymond Sebond, La Théologie naturelle.

Selon cet auteur, l'homme doit être considéré comme le sommet de la Création et la foi peut être fondée sur des arguments rationnels.

Dans le très long essai 12 du livre II (il représente un septième du volume total des Essais), intitulé Apologie de Raymond Sebond, Montaigne semble vouloir défendre la conception del' obscur Sebond, mais en développe en réalité une critique vive.

En dehors de la relation du voyage qui, à travers la Suisse et l'Allemagne, le conduisit en Italie où il séjourna quelque temps -Journal de voyage, qui n'est que partiellement de sa main -Montaigne est l'homme d'un seul livre : les Essais.

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