Nathalie SARRAUTE : Enfance

« A deux reprises , Simone Benmussa a adapté et mis en scène au théâtr e le roman Enfance de Nathalie Sarraute : -à Paris , en févri er 1984 , au théâtre du Petit Rond-Point , par la c ompagnie Renaud-Barrault ; cette création a été suivie la même an­ née d'un e tourn ée à Venise ; -à New York, en mai 1985, au Manhattan Theatre Club (en lan gue anglaise).

Le livre Remonter vers l'enfance ...

D es tout premiers souv:::nirs marquants à l'entrée fébrile au lycée Fénelon , Sarraute nous conduit , avec Enfan c e, dans le dédale de ses souvenirs.

La petite Natacha , Nachotchek comme son père la surnomme affectueusement , fait ses premiers pas dans les rues enneigées d'Ivanovo, en Russie.

A la séparation de ses parents , Natacha s'installe avec sa mère et son compagnon Kolia à Paris, dans un petit apparte­ ment de la rue Flatters , mais séjourne parfois encore en Russie.

C'est finalement en France qu'elle demeurera , avec son père cette fois, remarié à la jeune Véra.

Se succèdent dans ce récit de courtes séquences, comme surgies d'une mémoire engourdie : vacances en Suisse ou à Kamenetz-Podolsk chez l'oncle Gricha, promenades au jardin du Luxembourg, lectures d'enfant, premières tentatives d'écriture, malentendus avec sa mère ou avec Véra ...

Dans ces évocations rapides, l'expé­ rience scolaire tient une place importante : l'école , n'est-ce pas précisément le lieu où 1 'on apprend le sens et le pouvoir des mots? Le narrateur et son double ...

R emonter vers l'enfance n'est pas une évidence heureuse.

La forme de ce roman publié en 1983 en témoigne : Sarraute dialogue avec son double qui la poursuit inlassable­ ment de ses exigences d'authenticité et de son souci de clarté .

L'enjeu est de taille: il s'agit de faire resurgir les images et les événements par des mots assez solides pour les dérober à l 'oubli et assez doux pour ne pas les fausser.

Revenir à ces moments d'enfance , vrais , intenses , représente plus pour l'écrivain qu'une contemplation satisfaite de son passé.

Il s 'agit ici pour Sarraute de revenir à l'essentiel, au creuset même de son être.

Mieux encore, son entreprise montre que le roman dans sa nouvelle tendance se doit d'explorer des zones souterraines, si ombragées soient-elles, et ne plus s'en tenir à la pieuse mention des faits.

C'est ainsi que Sarraute nous entraîne dans son propre tâtonnement, au pays de l'enfance .... »