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Nicolas de Cues : De la docte ignorance

Publié le 10/07/2018

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La pluralité des mondes est aussi clairement affirmée par Nicolas de Cues : « Nous raisonnons pareillement au sujet des autres régions d'étoiles, supposant que nulle d'elles n'est privée d'habitants, comme s'il y avait autant de fractions particulières et mondiales d'un univers un, qu'il y a d' étoiles (or, celles-ci sont innombrables), de telle sorte qu' un monde unique universel soit restreint » (II, 12). L'univers peut contenir plu­sieurs mondes, et des mondes habités.

 

La sphère infinie : Nicolas de Cues est le premier à transférer l'ancienne formule de la sphère infinie de Dieu à l'univers : « Donc la machine du monde aura, pour ainsi dire, son centre partout et sa circonférence nulle part, parce que Dieu est sa circonférence et son centre, lui qui est partout et nulle part » (II, 12). On doit remarquer, en lisant la formule complète, le lien étroit entre le monde et Dieu. C'est une affirmation théolo­gique plus que cosmologique. Si la machine du monde est infinie, c'est parce que Dieu est infini. Avec Nicolas de Cues, le cosmos commence à craquer, mais il s'agit seule­ment d'un désir d'infini, d'une évasion sans rapport avec l'expérience externe.

« enquêter sur des objets métaphysiques comme Dieu ou l'infini, la raison tombe sur des antinomies qui l'empêchent d'aller plus loin; pour qu'il y ait progrès dans la connais­ sance métaphysique, il faut que la raison discursive s'efface et accepte une rupture de l'intelligence avec la logique.

t Étant avant toute chose, Dieu est avant tout logos, puisque c'est Lui qui instaure le logos.

Il échappe donc aux principes de la logique qui, s'ils sont contraignants pour la raison, ne le seront plus pour l'intelligence.

À l'infini, en Dieu, les contraires sont réunis.

C'est la coïncidence des opposés.

Cette coïncidence des opposés n'est pas qu'une simple concession; c'est véritablement un postulat fondamental.

Grâce à ce principe, l'intelligence va pouvoir comprendre les choses.

L'intelligence nous ouvre le domaine de la mystique, où l'on ne raisonne pas mais où l'on voit.

C.

L'aide des mathématiques (§ 11-23) t Mais ne pourrait-on pas avoir une petite idée de cette connaissance ? C'est à cet endroit précis de son système qu'interviennent les mathématiques.

Les mathématiques, sciences rigoureuses qu'on ne peut suspecter d'irrationalisme, connaissent elles-mêmes une transmutation de leurs lois lorsqu'on y aborde l'infini: tant que l'on demeure dans le domaine des figures finies, les mathématiques sont rationnelles et s'appuient sur le principe de non-contradiction ; dès que l'on infini tise les figures, les mathématiques deviennent intellectuelles et sont amenées à la coïncidence des opposés.

t Il distingue trois mathématiques: la sensible (par exemple, l'arpentage), la ration­ nelle (par exemple, la géométrie euclidienne) et l'intellectuelle.

Le passage de l'une à l'autre s'effectue par une transsomption, c'est-à-dire un passage à la limite.

La première transsomption consiste à porter une figure sensible finie jusqu'à sa limite maximale; on porte ses propriétés à l'infini et l'on constate alors une coïncidence des opposés ; par exemple, la circonférence du cercle infini coïncide avec la droite infinie ; la deuxième transsomption consiste à dépasser la figuration mathématique vers l'infini théologique, pour contempler l'infini lui-même qui est, bien entendu, infigurable.

D.

La théologie négative(§ 24-26) t Mais se pose la délicate question des noms de Dieu.

Puisque Dieu échappe à notre rai­ son, comment va-t-on parler de lui? Peut-on lui trouver un nom qui lui soit approprié? Comme Dieu « n'est pas une substance qui ne soit pas tout et telle que rien ne lui soit opposé, et qu'il n'est pas une vérité qui ne soit pas tout, en dehors de toute opposition, ces noms particuliers ne peuvent lui convenir qu· en le diminuant à!' infini» (1, 24).

t C'est pourquoi Nicolas de Cues reprend la tradition de la théologie négative qui ne parle de Dieu qu'en négations.

«On parle de lui avec plus de vérité en écartant et en niant » (1, 26).

Mf' Pour les exemples mathématiques, voir les§ 13-15, qui démontrent comment la ligne droite infinie est à la fois triangle, cercle et sphère infinis.

2.

Il A.

Dieu et l'univers (§ 1-11) t La deuxième partie est consacrée à la cosmologie.

Nicolas de Cues y expose des thèses très avancées pour son temps.

Il affirme l'infinité de l'univers, non pas d'une infinité positive, mais d'une infinité indéterminée.

Il distingue l'infini du principe créateur, à savoir Dieu, qui donne l'existence au fini -c'est l'infini qui finit -et l'infini de l'univers créé, qui reçoit l'existence -c'est l'infini indéfini ou privatif.

t Dieu, par sa puissance, pouvait faire l'univers plus grand qu'il n'est.

Mais l'univers, par sa nature matérielle, ne pouvait être plus grand qu'il n'est.

Dieu a donc fait l'univers 121. »

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