NOCES d'Albert Camus

NOCES, recueil d'essais d'Albert Camus (1939). Méditations lyriques devant des paysages (en particulier Tipasa, sur la côte algérienne), ces textes d'un auteur très jeune encore (ils furent écrits en 1937-38) trahissent la nette influence de Jean Grenier, et particulièrement des Inspirations méditerranéennes. Certes, sur le plan de la pensée, Camus prend ses distances à l'égard de son maître : les méditations de Grenier quêtent dans les paysages des signes d'un au-delà, l'intuition d'une réalité qui les dépasse et les justifie. Les paysages camusiens suscitent une exigence d'absolu, mais cette exigence refuse de se laisser satisfaire ; d'où la tension particulière de Noces. Ces pages accueillent la beauté, mais refusent ses promesses ; l'abandon contemplatif ne va jamais sans un orgueil crispé. Un tel paradoxe est pro

 

fondément camusien, et ne doit rien à Grenier. Mais l'influence de celui qui fut à Alger le professeur de Camus se marque plutôt dans une certaine manière de conjuguer le lyrisme et la pensée abstraite, le descriptif et le réflexif, voire la philosophie et la poésie. Camus se défendait de trouver dans la nature des états d'âme. Pourtant, Tipasa, Djemila ou Florence sont, dans Noces, le berceau des idées, et le garant de leur réalité concrète.