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OEUVRES, de Vincent Voiture (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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ŒUVRES, de Vincent Voiture (1597-1648), publiées à Paris chez Augustin Courbé en 1650.

L'œuvre de Voiture s'inscrit à plus d'un égard sous le signe du paradoxe. Bénéficiant d'une exceptionnelle renommée, il fut l'un des auteurs les plus lus de son temps sans avoir jamais rien publié de son vivant. Ses textes, rassemblés pour l'essentiel et publiés par son neveu Martin de Pinchesne, appartiennent tous à des genres alors considérés comme mineurs, et ont longtemps souffert de la réputation d'amuseur que leur auteur s'était acquise à l'hôtel de Rambouillet (Sainte-Beuve l'accusera d'avoir « tout mis en viager »). Pour les contemporains de l'« âme du rond », l'œuvre de Voiture, épistolier et poète, valait pourtant davantage. Elle comprend l'« histoire », inachevée, d'Alcidalis et de Zélide, roman historique, galant et héroïque dans le goût de l'époque, et surtout des poésies et des lettres.

 

Dans ses poésies, Voiture réinvente le style et parfois, la langue de Marot. Il réutilise de vieilles formes fixes délaissées depuis longtemps comme la ballade, le rondeau ou la chanson. Il n'hésite pas à mélanger dans une même strophe des vers de longueur inégale, aux rimes capricieuses (notamment dans ses stances), pastichant ici le vieux français, écrivant là en espagnol ou en italien. Habile à tourner le compliment, il tire ses sujets de l'amour pétrarquiste (sonnet de \"la Belle Matineuse\"), des activités, des spectacles, des incidents de l'hôtel de Rambouillet, des « choses vues » ou rapportées (\"Élégie contre la cruauté des coquettes\", stances \"Sur sa maîtresse rencontrée en habit de garçon un soir de carnaval\", \"À une demoiselle qui avait les manches de sa chemise retroussées et sales\"). Certains de ses sonnets devinrent vite fameux, comme celui d'Uranie, à l'origine de la querelle des « uranistes » et des « jobe-lins » opposant les partisans de Voiture et ceux de Benserade. Mais c'est surtout dans le ton et la manière dont il traite ses sujets que Voiture exerça une influence décisive : chez lui, clichés et lieux communs sont régénérés par des contrepoints prosaïques, équivoques, voire burlesques et grivois (stances \"Sur une dame dont la jupe fut retroussée en versant dans un carrosse à la campagne\"), pour créer une atmosphère de désinvolture et de badinage galant. Dans ce climat, tout, jusqu'au médiévisme, tend à instaurer une complicité avec les initiés. De là viennent les difficultés, pour les exclus, d'apprécier la poésie de Voiture. L'emphase et le sérieux en sont bannis au profit de la gaieté, de la finesse et de l'esprit. Le badinage succède à l'idéal amoureux que d'une certaine façon il démystifie. Cette négligence affectée ne pouvait que plaire aux mondains : « Ce soir, que vous ayant seulette rencontrée / Pour guérir mon esprit et le remettre en paix, / J'eus de vous, sans effort, belle et divine Astrée, / La première faveur que j'en reçus jamais. »

La fortune de Voiture épistolier ne fut pas moins éclatante.

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