Ondine de Giraudoux (résumé & analyse)
Publié le 13/12/2018
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Avec Ondine, présentée pour la première fois le 27 avril 1939, au théâtre de l’Athénée, Giraudoux revient à une inspiration qu’il semblait avoir délaissée depuis Intermezzo (1933). Le voilà à nouveau sensible à la puissance poétique des mythologies germaniques. La pièce, en effet, adapte très scrupuleusement un conte de l’écrivain allemand Frédéric de La Motte-Fouqué, composé en 1811.
Synopsis. — Acte I : Dans une cabane au fond d'une forêt, Auguste et Eugénie, deux pauvres pêcheurs, attendent inquiets le retour d'Ondine, cette jeune fille qu'ils ont recueillie au berceau : étrange personne, en vérité, qui « ne veut (...) réciter ses prières que la tête sous l'eau ». Un chevalier, Hans von Wittenstein zu Wittenstein, demande asile. Il est en train de s'acquitter de l'épreuve qui doit lui gagner la main de la comtesse Bertha (sc. i. ii). Ondine arrive; elle est aussitôt séduite par Hans. Lui-même n'est pas insensible au charme d'Ondine. Pour satisfaire Ondine déjà jalouse de Bertha, Hans décide de l'épouser (sc. iii, iv, v, vi).

«
à
l'idée qu'Ondine ne sera pas capable de soutenir digne
ment son rang à la Cour (sc.
1 à vu).
Malgré les leçons
du Chambellan.
Ondine fait toujours aussi peu de cas de
l 'étique tte.
A pe ine est-elle en présence de Bertha que sa
jalousie éclate.
Le roi et les courtisans la croient folle
(sc.
VIII.
IX.
x).
Elle dé vo ile à la reine Yseult qu'elle a dû
conclure un terrible pacte avec les ondins : si Hans la
trompe.
il mourra (sc.
Xl).
Ne pouvant éloigner Hans de
Bertha et blessée par l'insolence de sa rivale.
elle révèle les
origines de celle-ci : Bertha n'est autre que la fille disparue
des pêcheurs qui élevèrent Ondine (sc.
xu.
Xlii).
Le scandale
oblige Ondine et Han s à se retirer loin de la Cour.
Ils emmè
nent Bertha avec eux (sc.
XIV).
Acte Ill : Du temps a passé; Ondine a fu i tandis que l'on
prépare les noces de Hans et Bertha.
Mais le chevalier est
inquiet : des signes l'avertissent que le malheur est proche
( sc .
1).
Ondine est capturée.
on va la juger comme sorcière.
M ais le roi des ondins paraît.
et c'es t à l ui qu'il faut rendre
des com ptes .
Voulant faire croire qu'elle partage la faute
de Hans.
Ondine prétend l'avoir trompé avec Bertram.
Sans
succès (sc.
11.
111.
IV).
Hans doit mourir.
Condamnée à tout
oublier.
Ondine ne reconnaît pas le cadavre du chevalier.
mais elle soupire en s'éloignan t : «Comme je l'aurais
a imé ! » (sc.
v.
VI.
vn).
Une vérité s'impose à l'univers dramatique de Girau
doux, par-delit la parodie d'Amphitryon 38 : l'amour
soumet à sa fatalité aussi bien les hommes que les êtres
de l'autre monde.
Ondine, la femme-poisson.
aime Hans,
« entre tous les chevaliers [ ...
] le plus bête ».
Mais ce qui
pourrait n'apparaître qu'en tant que preuve d'un divorce
ontologique entre les règnes, confirmation négative des
leçons d'Alcmène, se révèle ici beaucoup plus inquié
tant : l'impossible accord entre créatures différentes
semble confirmer une mésentente plus grave, interne à
l'espèce, qui se fait jour entre les sexes.
Ne nous y fions
pas : l'ondine vaut pour la femme; jamais cette dernière
ne rassure tout à fait Giraudoux sur sa vraie nature,
toujours elle paraît évoluer dans un milieu qui n'est pas
tout à fait celui de l'homme, dans un autre élément.
Stéphy, la plongeuse des Aventures de Jérôme Bardini,
pourrait en remontrer à la sirène; Isabelle, dans Inter
mezzo, respire un autre air que l'Inspecteur.
De fait, avant de tromper Ondine, Hans n'a-t-il pas
trompé Bertha? L'humanité est en crise.
«Il faut croire
que la vertu des hommes est déjà un mensonge affreux >>,
remarque Ondine.
Les ondins, eux, vivent encore dans
la fidélité qu'enseignait l'Alcmène de Amphitryon 38.
Yseult le déplore en termes clairs : « L'homme a voulu
son âme à soi.
Il a morcelé stupidement l'âme générale.
U n'y a pas d'âme des hommes.
Il n'y a qu'une série de
petits lots d'âme où poussent de maigres fleurs et de
maigres légumes.
Les âmes d'hommes avec les saisons
entières, avec le vent entier, avec l'amour entier, c'est
ce qu'il t'aurait fallu, c'est horriblement rare».
L'héri
tage du genre humain ne survivra dignement qu'emporté
dans l'au-deU1 par Ondine, que ses sœurs appelleront
« 1 'humaine >>.
C'est de son outrance même que semble périr le songe
d'une fusion bienheureuse entre les êtres surnaturels et
les hommes.
Alcmène ne proposait que l'« amitié» à
Jupiter.
Ondine ne peut offrir à Hans que l'« amour >>, un
mot soudain trop grand pour l'homme.
BIBLIOGRAPHIE Ondine semble av o ir pas sio n né le s commentateurs presque
exclusivement par son ins pir a tio n et ses sources, qu'il s'agisse
de J.
R ouge, dans les Nouvelles lirtéraires, 6 mai 1939, «La
M otte- Fouq ué, inspirateur de Giraudoux.
De Ondine 1 à
Ondine 2 », ou d'Hélène Guénot, les Amis de Sèvres, ja n v.
1950,
p.
53-58 : « Ondine s "·.
»
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