OTHON de Pierre Corneille (analyse détaillée)

OTHON. Tragédie en cinq actes et en vers de Pierre Corneille (1606-1684), créée à Paris par les comédiens du théâtre de l'hôtel de Bourgogne en 1664, et publiée à Paris chez Guillaume de Luyne en 1665.

Après Sertorius (1662) et Sophonisbe (1663), Corneille expose dans Othon la « politique de cour » dans ce qu'elle a de plus noir. Pièce crépusculaire, où l'appétit de pouvoir gouverne tout ; jeu d'alliances sans cesse renversées, où tous les cas de figure paraissent tour à tour envisagés. Inspirée de Tacite, l'œuvre, délibérément complexe, est moins une tragédie politique qu'« une tragédie de la politique » (M. Prigent). Pièce expérimentale (« On n'a point encore vu de pièce où il se propose tant de mariages pour n'en conclure aucun », dit la Préface) que l'auteur plaçait très haut dans son œuvre, elle ne connut qu'un succès éphémère et fut longtemps négligée.

Le vieil empereur Galba, qui est soumis à l’influence de trois hommes (le consul Vinius, Lacus, le préfet du prétoire, et Martian, un affranchi), doit se choisir un successeur. Par calcul, Othon, un sénateur, a courtisé la fille de Vinius, Plautine ; il en est devenu amoureux. Mais Vinius, craignant Lacus et Martian, l'incite à épouser la nièce de l’empereur, Camille, qui aime Othon. Plautine y consent (Acte I). Martian, également amoureux de Plautine, lui propose de favoriser Othon si elle accepte de l’épouser ; elle repousse ses avances avec ironie. Mais Lacus soutient la candidature de Pison, qui sera plus facile à manœuvrer (Acte II). Galba annonce à Camille qu’il la donne à Pison ; elle s'insurge : il décide alors de la marier à Othon comme elle le souhaite - mais elle pendra l’Empire. Othon refuse (Acte III). Plautine veut se donner à Martian pour sauver Othon et lui assurer le pouvoir ; il préfère la mort avec elle. Mais les soldats sont prêts à se soulever en faveur d’Othon, qui sort les rejoindre. Vinius apprend alors à Plautine que Galba