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Francis Ponge, « L'huître », Le Parti pris des choses

Publié le 06/09/2012

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L’huitre, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Portant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos. A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger: sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rarement une formule perle à leur gossier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner. Francis Ponge, « L’huître «, Le Parti pris des choses, 1942

Le poète dispose du langage. La forme du poète est signifiante, porteuse de sens. Le travail grossier du poète s’affine jusqu’à ne trouver qu’une perle. La première partie fait apparaître le travail du poète « cassent les ongles «, « coupent les doigts «. Le « torchon « insiste sur le travail du poète. C’est un univers où n trouve tous les mots. C’est une fabrique humaine, sans transcendance. Il s’agit d’un monde clos qui n’obéit à aucun commandement extérieur. La « perle « est associée à la « formule «. Le poème est une formule. Le « gosier « est la requalification de la gorge d’Orphée. Le poème utilise un langage fleurit, orné qui est le dernier mot du poème. Plus sur le signifiant que le signifié, « noirâtre « et ses homéotéleutes reprennent l’accent circonflexe de l’huître. Ce qui met en relief le travail sonore pointu.

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« « grosseur » « grossier » et en [fr] « franc ».

Ces sons accentuent le caractère ingrat de l’action, de plus l’accent circonflexe de « blanchâtre » reprend celui de l’huîtreet évoque la coquille par « âtre », qui en grec donne « ostracon » et signifie coquille. b) Structure intérieure L’ouverture de l’huître est indiquée par « à l’intérieur » au début du 2e paragraphe, on y rencontre un univers clos et total « tout un monde ».

C’est également un objetlibérateur de sensation gustative « à boire et à manger », il s’agit ici d’anti-lyrisme à l’aide d’une expression triviale, Ponge veut désacraliser la poésie, la rendre aussiplus accessible à tous.

La technique utilisée est prosaïque et fait penser à l’expression « il y a à boire et à manger ».

Il s’agit d’un alexandrin blanc, Ponge respectetout de même certaines formes classiques de la poésie.

« à boire et à manger » a une cadence mineure sur un rythme binaire.

Il y a des assonances en [on].

Après les« : », la phrase est très longue, le « firmament » est le nom donné aux cieux, ce terme est plutôt lyrique de ce fait la parenthèse permet de casser le lyrisme et envisagemême l’aspect scientifique par cette technique prosaïque ; on peut voir une allitération en [p] dans cette parenthèse.

Le « nacre » permet l’observation réaliste par lebiais d’un terme précieux.

Les « cieux » reprennent le firmament évoqué précédemment, son lyrisme est brisé par l’affaissement ; l’allitération en [s] accentuel’aspect visqueux de l’huître.

Il y a une utilisation massive de termes péjoratifs comme « pour ne plus former que », « mare », repris par « sachet visqueux ».

Il y a leretour du suffixe « âtre » avec un jeu d’allitération entre « visqueux » et « verdâtre ».

C’est une poésie qui ne valorise rien ; « qui flue et reflue à l’odeur et à la vue »met en avant l’apparence vulgaire voire repoussante de la chose, en insistant sur les différents sens, la synesthésie, il s’agit du monde sensible de chez Ponge.

Jeuxbinaires avec « visqueux et verdâtre », « flue et reflue », « à l’odeur et à la vue », des échos sonores avec « noirâtre » qui reprend le suffixe péjoratif des précédentsadjectifs.

Ceci casse le lyrisme de « frangé de dentelle », les « bords » permettent de revenir sur une observation réaliste, scientifique de l’objet.

C’est donc unparagraphe équilibré par tout un jeu sur les rythmes, avec des octosyllabes, des alexandrins blancs, un tempo injecté dans la prose.

Ce paragraphe n’est fait que d’unephrase, son volume accroisse au fur et à mesure, c’est donc une cadence majeure.

L’objet gustatif est disqualifié, vue de façon repoussante, Ponge ne veut pass’illusionner avec les mots. Le poète a une volonté de mimer le mouvement poétique de ce petit univers clos à travers le balancement régulier par les rythmes binaires.

L’objet est vu de manièreréaliste presque dépréciative.

Ainsi le poète ne veut pas croire au monde qu’il crée.

Le 3ème paragraphe (v10) pourrait s’apparenter à un hémistiche en poésie.

Il estmis en exergue, il y a donc un effet de sens de la construction.

Ainsi, le volume est diminué à l’image de celui de l’huître.

Il s’agit de la production de l’huître elle-même en travers son « gosier.

« formule perle » : il s’agit soit de 2 substantif et la phrase est nominale soit il s’agit du verbe perler.

Le terme « gosier » es trivial,presque péjoratif requalifié par un terme positif « de nacre ».

Le « gosier » peut qualifier soit la gorge des femmes, comme une parure.

Mais il peut aussi s’agir de lagorge du poète.

Cela insiste donc sur la dimension sonore du poème et requalifie ainsi la poésie.

Le « gosier de nacre » peut aussi faire référence du langage.L’énonciation à travers le « on » peut représenter un double ensemble soit les fabricants de poèmes, artisans qui fabriquent des images et des formules ou il s’adresseà tout potentiel lecteur qui montre que le caractère universel de la poésie, la place à la hauteur d’homme et présentent les lecteurs comme des poètes en puissance.

[« L’art doit être fait par tous » Lautréamont »] L’adverbe parfois est synonyme de restriction, ainsi il n’y a pas de banalisation de la création.

Dans ce poème sonore,Ponge tente de définir un nouvel Orphée. II.

L’huître comme métaphore de la création poétique. En quoi la structure du poème est-elle métaphorique de la création poétique. Le poète dispose du langage.

La forme du poète est signifiante, porteuse de sens.

Le travail grossier du poète s’affine jusqu’à ne trouver qu’une perle.

La premièrepartie fait apparaître le travail du poète « cassent les ongles », « coupent les doigts ».

Le « torchon » insiste sur le travail du poète.

C’est un univers où n trouve tousles mots.

C’est une fabrique humaine, sans transcendance.

Il s’agit d’un monde clos qui n’obéit à aucun commandement extérieur.

La « perle » est associée à la« formule ».

Le poème est une formule.

Le « gosier » est la requalification de la gorge d’Orphée.

Le poème utilise un langage fleurit, orné qui est le dernier mot dupoème.

Plus sur le signifiant que le signifié, « noirâtre » et ses homéotéleutes reprennent l’accent circonflexe de l’huître.

Ce qui met en relief le travail sonore pointu.Le poète fait une description scientifique presque naturaliste et joue avec l’anti-lyrisme.

Le pronom personnel indéfini « on » a une valeur péjorative.

L’absence du« je » lyrique met en exergue l’anti-lyrisme.

L’allitération en [k] représente l’extérieur de l’huître rugueux presque agressif.

Au second paragraphe, l’allitération en en[s] fait entendre le liquide contenu dans l’huître.

Le dernier paragraphe souligne le travail de l’auteur.

Ainsi le « u » de l’huître est repris par « formule », le « i » par« gosier », et le [tre] par « trouve ».

Quant à l’accent circonflexe, il est repris par « aussitôt ».. »

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