Phèdre de Racine
Publié le 09/04/2013
Extrait du document
«
Non, non, j'ai trop de soin de votre renommée.
Un plus noble dessein m'amène devant vous: Fuyez vos ennemis, et suivez votre époux.
EXTRAITS
Phèdre avoue à Œnone, sa confidente,
son
amour coupable pour Hippolyte
PHÈDRE
Mon mal vient de plus loin.
A peine au fils d' Égée
Sous les lois
del' hymen je m'étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi;
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je
le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un troubles' éleva dans mon âme éperdue;
Mes yeux ne voyaient plus,
je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
Je reconnus
Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner:
Je lui bâtis un temple, et pris soin
de l'orner.
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D'un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l'encens :
Quand ma bouche implorait
le nom de la Déesse,
J'adorais Hippolyte.
(.
.
.)
(Acte I, scène 3)
J'ai vu, Seigneur, j'ai vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux
que sa main a nourris.
Un étrange échange s'instaure entre
Phèdre et Thésée, son époux
THÉSÉE
La fortune à mes yeux cesse d'être opposée,
Madame, et dans vos bras met
...
PHÈDRE
Arrête z, Thésée ,
Mourante, Phèdre se conf esse à Thésée en
des vers
d'une admirable facture
PHÈDRE
( ...
) Et ne profanez point des transports si charmants.
Je ne mérite plus ces doux empressements.
Vous êtes offensé.
La fortune jalouse
N'a pas en votre absence épargné votre épouse.
Indigne de vous plaire et
de vous approcher,
J'ai pris,j' ai fait couler dans mes brûlantes veines
Un poison que Médée apporta dans Athènes.
Déjà jusqu'à mon cœur le venin parvenu
Je ne dois désormais songer qu'à me cacher.
(Acte III, scène 4)
Dans ce cœur expirant jette un froid inconnu ;
Déjà
je ne vois plus qu'à travers un nuage
Et le ciel et l'époux que ma présence outrage (.
.
.).
(Acte V, scène 7)
NOTES DE L'ÉDITEUR
Si la pièce a suscité dès sa représentation de
nombreuses controverses, elle a trouvé en
Boileau un sérieux défenseur :
« Et qui,
voyant un jour la douleur vertueuse / De
Phèdre, malgré soi, perfide, incestueuse, /
D'un si noble travail, justement étonné,/ Ne
bénira d'abord le siècle fortuné / Qui, rendu
plus fameux par tes illustres veilles, /
Vit naître sous ta main ces pompeuses
merveilles
? » -Boileau, Épître VII ,
Gallimard, 1966.
Fénelon,
en revanche, en 1714, relève les
impertinences et défauts de la pièce.
En
particulier, il souligne que
«Racine a fait
un double spectacle, en joignant à
Phèdre
furieuse Hippolyte soupirant, contre son
vrai caractère.
Il fallait laisser
Phèdre toute
seule dans sa fureur.
L'action aurait été
unique, courte, vive et rapide.
Mais (Racine
a été) entraîné par le torrent; (il a) cédé au
goût des pièces romanesques, qui avaient
prévalu.
La mode du bel esprit faisait mettre
de l'amour partout.
» -Fénelon, Lettre à
l'Académie, Slatkine, 1970.
Photo (a) Détail du portrait de Racine par Ri gaud/ ERL/Sipa Icono ; (b, c, d) Illustrations de Jean Hugo , éd.
Pierre Tisné, 1946 /clichés B.N.
Quelques siècles plus tard, l 'écrivain André
Gide évoque avec enthousiasme et émotion
ses lectures de la pièce :
« Phèdre, que je
relis aussitôt après Iphigénie, reste
incomparablement plus
belle( ...
).
Dans
Phèdre, soudain, je sens Racine qui se
commet lui-même, se livre et m'engage
avec lui.
Quels vers
! Quelles suites de
vers
! Y eut-il jamais, dans aucune langue
humaine, rien de plus beau
! » -André Gide,
Journal (14 février 1934), Gallimard, 1948.
RACINE 02.
»
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