PLAIDEURS (Les ) (résumé)

PLAIDEURS (Les ). Comédie en trois actes et en vers de Jean Racine

s’aventure dans un plaidoyer des plus emphatiques : après avoir invoqué l’autorité d’Aristote et fait mille citations érudites qui n’ont évidemment aucun rapport avec le sujet, il évoque l’affaire, en un crescendo fort pathétique et dans un jargon parfaitement imité de celui du Palais, puis il annonce ses conclusions : « Je finis... Avant la naissance du monde ». Le malheureux juge essaie d’enrayer la tirade « Avocat, ah ! passons au déluge. » mais il s’endort. Dans une admirable péroraison, l’intimé en appelle à la pitié des juges, il leur montre cette « famille désolée », « ces pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins », il les pousse devant le juge en leur disant : « Venez faire parler vos esprits enfantins ». Le résultat de ce bel effet oratoire, c’est que les petits chiens « ont pissé partout ». Et l’intimé a cette réplique sublime : « Monsieur, voyez nos larmes ». Dandin est fort perplexe, enfin il se décide à condamner le chien Citron aux galères, quand un heureux événement, le mariage de Léandre et d’Isabelle, forts du contrat qu’ils ont extorqué à Chicaneau, l’incline à l’indulgence : Citron sera gracié.

Il faut dire que, si Racine a repris le sujet d’Aristophane, il en a fait une comédie de mœurs contemporaines et il l’a doté d’une charmante fantaisie qui n’appartient qu’à lui. On peut d’ailleurs dans les Plaideurs, trouver maintes autres influences, celles en particulier de la Farce de Maître Pathelin, et de la satire des gens de justice qui court d’un bout à l’autre de l’œuvre de Rabelais. En particulier, c’est au Quart Livre qu’il emprunte le nom d’un de ses personnages : Chicaneau (dans Rabelais, l’île des Chicanous ; v. Gargantua). Enfin, certaines situations sont tirées de la tradition de la comédie italienne : le jeune homme qui se déguise en commissaire pour faire la cour à une jeune fille et qui fait signer par surprise au père un contrat de mariage.