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Poésies de Vincent Voiture

Publié le 10/04/2013

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A force d'esprit et d'habileté, Vincent Voiture (1597-1648), fils d'un riche commerçant, protégé de Gaston d'Orléans - frère de Louis XIlI - fut admis dans les plus hautes sphères de la société. Il fréquenta l'hôtel de Rambouillet, dont il fut l'une des «vedettes«. Ses Lettres, publiées après sa mort, firent les délices de la société mondaine.

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« La beauté de la dame fait pâlir les astres Sous un habit de fleurs, la Nymphe que j'adore L'autre soir apparut si brillante en ces lieux, Qu'à l'éclat de son teint et celui de ses yeux, Tout le monde la prit pour la naissante aurore.

La terre en la voyant fit mille fleurs éclore, L'air fut partout rempli de chants mélodieux, Et les feux de la nuit pâlirent dans les cieux, Et crurent que le jour recommençait encore.

Le soleil qui tombait dans le sein de Thétis, Rallumant tout à coup ses rayons amortis, Fit tourner ses chevaux pour aller après elle, Et l'empire des flots ne l'eût su retenir; Mais la regardant mieux, et la voyant si belle, Il se cacha et n'osa revenir.

Un rondeau pour Isabeau Ma foi, c'estfait de moi: car Isabeau M'a conjuré de luifaire un rondeau, Cela me met en une peine extrême.

Quoi ! treize vers, huit en -eau, cinq en -ème ! Je luiferais aussitôt un bateau.

En voilà cinq pourtant en un monceau, Faisons en huit, en invoquant Brodeau, Et puis mettons par quelque stratagème : Ma foi, c'est fait.

«Ma foi, c'est fait de moi: car Isabeau M'a conjuré de lui faire un rondeau.

» EXTRAITS Si je pouvais encore de mon cerveau Tirer cinq vers, l'ouvrage serait beau.

Mais cependant je suis dedans l'onzième, Et si je crois que je fais le douzième, En voilà treize ajustés au niveau : Ma foi, c'est fait! Stances écrites de la main gauche Quand je me plaindrais nuit et jour De la cruauté de mes peines, Et quand du pur sang de mes veines Je vous écrirais mon amour, Si vous ne voyez à l'instant Le bel objet qui l'a fait naître, Vous ne le pourrez reconnaître Ni croire que je souffre tant.

En vos yeux, mieux qu'en mes écrits, Vous verrez l'ardeur de mon âme Et les rayons de cette flamme Dont pour vous je me trouve épris.

Vos beautés vous le feront voir, Bien mieux que je ne puis le dire, Et vous ne sauriez bien lire Que dans la glace d'un miroir.

« Les demoiselles de ce temps/ Ont depuis peu beaucoup d'amants/ On dit qu'il n'en manque à personne.

» NOTES DE L'ÉDITEUR «Une osmose s'opère entre poésie et mondanité , et de même que l'homme du monde, poli par la conversation, se fait poète, le poète fait passer son instruction au second plan et se montre d'abord un mondain.

On connaît la vie artistique que menait Voiture: duels, jeux d'argent, habits à la mode, etc.

Dans le grand monde, le poète doit être avant tout un mondain pour ne pas se faire taxer de savant, de pédant, d 'importun.

»Alain Génetiot, Les Genres lyriques mondains, Éditions Droz, Genève, 1990.

« Voiture , instaurant une nouvelle poésie, n 'amena pas la renaissance des métaphores et des images ; il apprit, au contraire , aux Français de l'époque à se moquer des expressions trop savantes, des métaphores extravagantes.

Il a sans doute contribué plus que Chapelain à l'avènement de la littérature classique.

Il se moqua de la régularité, mais avec un esprit tout autre que l'esprit" baroque".

L'esprit classique et l'esprit de Voiture, au lieu de s'excl ure, se confondent et se complètent.

La Fontaine est un exemple éclatant de ce que l'influence de Voiture n'étouffe pas la poésie, mais contribue, au contraire, à l'épanouissement d'un génie.» Y.

Fukui, Raffinement précieux dans la poésie française du XVIIe siècle, Éditions Nizet, Pari s, 1964.

1 Edim édi a 2, 3 , 4 peintur es d'Abrah am Bosse et d e ses élèves, Tour s, Mu sée des Bea ux -A rt s/ Lauros -Gira udon VOITURE0 2. »

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