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Polyeucte

Publié le 10/04/2013

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« Ce n'est qu'une pièce de théâtre que je lui présente, mais qui l'entretiendra de Dieu: la dignité de la matière est si haute, que l'impuissance de l'artisan ne la peut ravaler. « (Extrait de la dédicace de Corneille à la régente, Anne d'Autriche, Louis XIV étant alors âgé de cinq ans.) Pour écrire sa pièce, Corneille s'est notamment inspiré de la légende de saint Polyeucte et de son martyre ; celui-ci aurait vécu en 250, sous l'empereur Décius. Dans l'ordre chronologique, rappelons que Le Cid date de 1636, Horace de 1640, Cinna de 1640 et Polyeucte de 1643. Après ce drame, Corneille écrivit La Mort de Pompée (1643), Le Menteur (1644) et Rodogune (1644).

« «Je veux les ren­ verser et mourir dans leur temple, ou les y terrasser.

Allons mon cher Néarque, allons aux yeux des hommes braver l'idôlatrie, et montrer qui nous sommes.» EXTRAITS Pauline, épouse de Polyeucte, raconte son rêve à sa confidente Stratonice Je l'ai vu cette nuit, ce malheureux Sévère, La vengeance à la main, l'œil ardent de colère : Il n'était point couvert de ces tristes lambeaux Qu'une ombre désolée emporte des tombeaux; Il n'était point percé de ces coups pleins de gloire Qui retranchant sa vie, assurent sa mémoire; Il semblait triomphant, et tel que sur son char Victorieux dans Rome entre notre César .

Après un peu d'effroi que m'a donné sa vue: «Porte à qui tu voudras la faveur qui m'est due, Ingrate, m'a-t-il dit; et ce jour expiré, Pleure à loisir l'époux que tu m'as préféré .» Polyeucte prie pour que le cœur de Pauline s'ouvre à la révélation chrétienne POLYEUCTE Seigneur, de vos bontés il faut que je l'obtienne ; Elle a trop de vertus pour n'être pas chrétienne: Avec trop de mérite il vous plut la former, Pour ne vous pas connaître et ne vous pas aimer, Pour vivre des enfers esclave infortunée, Et sous leur triste joug mourir comme elle est née .

PAULINE Que dis-tu , malheureux ? Qu'oses-tu souhaiter ? Polyeucte annonce son intention d'aller renverser les faux dieux NÉARQUE Où pensez -vous aller? POLYEUCTE Au temple où l'on m'appelle.

NÉARQUE Quoi ? vous mêler aux vœux d'une troupe infidèle ? Oubliez-vous déjà que vous êtes chrétien ? POLYEUCTE Vous par qui je le suis, vous en souvient-il bien ? NÉARQUE J'abhorre les faux dieux.

POLYEUCTE Et moi, je les déteste.

NÉARQUE Je tiens leur culte impie.

POLYEUCTE Et je le tiens funeste.

NÉARQUE Fuye z donc leurs autels.

POLYEUCTE Je les veux renverser Et mourir dans le temple, ou les y terrasser.

Allons mon cher Néarque, allons aux yeux des hommes Braver l'idolâtrie, et montrer qui nous sommes: C'est l'attente du Ciel, il nous faut la remplir ; Je viens de le promettre, etje vais l'accomplir.

NOTES DE L 'É D ITEUR « Corneille ( ...

) s'adresse ici aux seules forces spirituelles : le cœur, la foi.

Cette maîtrise est une réussite classique dans un sujet qui pouvait la rendre très malaisée.

Ainsi, Polyeucte, où se mêlent et se fondent sans s'étouffer mutuellement le courant du baroque et celui du classicisme, nous aide à reconnaître que les chefs-d'œuvre doivent de l'être à leur richesse en éléments contrai­ res et à l'art avec lequel le poète en dégage une indissoluble harmonie.

» V .-L.

Tapié, préface à Polyeucte, Éditions Didier, 1963.

aimant Sévère, le lui disant et lui montrant en même temps qu'il n'a rien à espérer, Sévère, s'efforçant de sauver Polyeucte dont la mort rendait libre la femme qu'il aime : autant d'exemples et de triomphes de la volonté.

» - G.

Lanson, Histoire de la litté­ rature française, Éditions Hachette, 1951.

« A trente-sept ans, Corneille a achevé un édifice grandiose.

Que faire ensuite pour ne pas se répéter? La pensée de l'avenir après ces sommets a pu lui donner le vertige.

Il se débat pour ne pas rester prisonnier d'un groupe de tragédies si solide et si haut.

Il hésite, il cherche.

Tout le drame de la vie de Corneille après P olyeucte sera de créer des valeurs qui soient à la fois nouvelles et dignes de lui.» J.

Scherer, Histoire des littératures, Gallimard, 1958.

« Le Cid tuant le père de Chimène, Chimène demandant la tête du Cid, Pauline «J'ai dit souvent que Polyeucte était la plus grande œuvre et la plus parfaite que l'on verra jamais.

( ...

)Il n'y a pas de second plan dans Polyeucte.

Il y a un premier plan qui est le plan du sacré.

» Charles Péguy, Note conjointe, Gallimard.

1 Déta il Co rne ille par Lebrun , mu sée de Versa ill es/ Roge r-Vi o llet 2 ill.

po ur.

éd.

de 1817 , e t 3 i l!.

de A.

M angi n, Bibli o thèque de !'Arse nal, fon ds Ronde l/ L auras Gira u don 4 co ll.

V io lle t CORNE ILLE 02. »

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