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PROCOPE: Histoire secrète

Publié le 27/03/2013

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histoire

 

Procope de Césarée fut toute sa vie au service de l'État byzantin, d'abord comme conseiller du général Bélisaire, qui reconquit l'Afrique et une partie de l'Italie, puis occupa vraisemblablement un poste de très haut fonctionnaire à la cour de Justinien à Constantinople. Le manuscrit le plus ancien que nous connaissons de !'Histoire secrète de Procope ne date que du xe siècle : n porte le titre d'Anekdota, c'est-à-dire Les Inédites. Il est, en effet, assuré qu'il ne fut pas publié du vivant de leur auteur, ni même peut-être de celui de l'empereur.

 

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« L'impératrice Théodora et sa cour (détail) ~----- -- EXTRAITS Plus fort que la peur de paraître mal­ veillant, le besoin de mettre en garde les successeurs de Justinien guide Procope dans sa tâche Ce qui ( ...

) m'a poussé àfaire l'his­ toire de ces actions, c'est qu 'ainsi il se­ ra manifeste, pour ceux qui gouver­ neront à l'avenir, avant tout qu'il n'est pas impos­ sible qu'eux-mêmes reçoivent le châti­ ment de leurs fau­ tes( ...

), ensuite que leurs actions et leurs manières d'être se­ ront aussi consi­ gnées pour toujours et que peut-être, de ce fait, ils hésiteront à se mal conduire.

La description du caractère de Justinien obéit, dans le sens complètement inverse, aux mêmes règles que celles du panégyrique Chez lui s'était développé un curieux mé­ lange de folie et de perversité.

( ...

) (J'écris cependant sur des réalités que j'ai pu constater.) Cet empereur, donc, était dissi­ mulé, trompeur, sournois, cachant sa colère, insaisissable, un homme roué, tout à fait ha­ bile à cacher sapensée, capable de pleurer sans éprouver ni joie ni douleur, mais sa­ chant le faire à propos selon les besoins du moment, toujours menteur, et non pas négli­ gemment, mais en ajoutant écrits et serments les plus solennels à ses accords, et cela même avec des sujets.

Mais il s'écartait aussitôt de ses conventions et de ses serments, comme le font les plus vils des esclaves.

Théodora, au lieu de se borner à son rôle de femme, se mêle de politique Cette femme prétendait exercer un pouvoir absolu sur toutes les choses de l'État.

Elle contrôlait les élections aux magistratures et aux sacerdoces, requérant soigneusement et constamment cette seule condition : que celui qui recevrait cette dignité ne soit ni bon ni digne, et donc incapable d'accomplir ce qu'elle lui ordonnerait.

Elle arrangeait tous les mariages avec une autorité quasi divine.

Procope suffoque devant ce que l'empe­ reur ose faire aux grands propriétaires On contraint les propriétaires de domaines de fournir des provisions à l'armée romaine à proportion de l'impôt exigé de chacun, et les fournitures sont requises non quand la situation s'y prête, mais quand on peut et qu'on l'a décidé, sans se demander si ce qui leur est nécessaire se trouve dans la région.

Il en résulte que ces malheureux sont obligés d'importer ce qui est nécessaire aux soldats et aux chevaux en payant tout cela à des prix exorbitants; et ces fournitures qui peuvent venir d'une région lointaine, ils doivent les transporter à l'endroit où se trouve être l'armée( ...

).

C'est cette pratique qui est appelée réquisition, et il en résulte que les propriétaires en sont saignés à blanc.

Justinien et sa cour, gravure du xixe siècle d'après les mosaïques de Saint- Vital NOTES DE L'ÉDITEUR «La haine de Procope, en fait, n'est pas que la haine d'un individu.

Procope est le porte-parole d'une opinion hostile à Justinien,( ...

) des" classes prospères" comme il les appelle.( ...

) Deux choses apparaissent intolérables, voire monstrueuses à ces gens-là: que Justinien s'en prenne à leurs biens et à leurs privilèges ; que sa manière de vivre et de gouverner ne s'accorde pas avec leurs conceptions traditionnelles.

» P.

Maraval, introduction, op.

cit.

«Justinien peut n'être point coupable qe tous les méfaits dont le pamphlet de Procope l'accuse: mais il est coupable de l'abaissement et de la servilité que suppose ce chef-d'œuvre de rancune et d'hypocrisie.

Mais à qui la faute ? ( ...

) A ceux qui, en faussant l'opinion, ont rendu l'approbation suspecte et le mal seul croyable.

L' Histoire secrète est le châtiment de ceux-là: le mensonge de la haine sert de réponse au mensonge de l'adulation.» Ernest Renan, commentaire, op.

cit.

« L'écrivain prenant le pas sur l'historien, la force de son trait tient à ce qu'il restitue toutes les vilenies qui courent sur le compte de l'empereur et de Théodora, qu'il les authentifie sous sa plume, avec ce mélange de naïveté, de jubilation mauvaise et de violence, qui est le propre du fait inventé, ( ...

)à cause de cela justement plus vrai que nature.

»Alain Nadaud, Histoire secrète de Procope, préface, Les Belles Lettres, 1990.

!, 2, 3 Giraudon PROCOPE02. »

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