REQUIEM de Berlioz.

Ce Requiem pour ténor solo, chœurs et orchestre demeure le plus colossal monument qu’un Français ait élevé à la gloire de l’art romantique. Œuvre d’Hector Berlioz (1803-1869), il fut écrit pour l’anniversaire de la mort des victimes de Fieschi ; mais la cérémonie ayant été annulée, l’œuvre ne fut exécutée que six mois plus tard pour célébrer la mémoire des soldats tués lors de la prise de Constantine. Cette première audition fut donc donnée aux Invalides le 5 décembre 1837. Berlioz avait réclamé quatre-cent-cinquante musiciens, et avait choisi un texte « d’un sublime gigantesque ». L’impression sur le public fut considérable et Berlioz raconte que « l’épouvante produite par les cinq orchestres et les huit paires de timbales ne peut se peindre. Un des choristes fut pris d’une attaque de nerfs et le curé des Invalides pleura sur l’autel un quart d’heure après la cérémonie ». Le Requiem de Berlioz reste plus une œuvre théâtrale qu’un ouvrage religieux ; tous les effets, les contrastes les plus vigoureux sont utilisés pour frapper l’imagination : les fanfares étincellent, les chœurs se déchaînent, des sonorités vaporeuses évoquent la paix éternelle. Il s’agit plus d’une vision dantesque du Jugement dernier que d’une prière funèbre ou d’une berceuse de la mort.