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RIMBAUD: Poésies complètes (Fiche de lecture)

Publié le 22/02/2012

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Une saison en enfer semble condamner une telle orientation, jugée comme une fallacieuse « alchimie du verbe ». Mais s'agit-il d'une condamnation absolue, comme le croient ceux qui estiment que la Saison est l'oeuvre conclusive de Rimbaud? En réalité, il n'est peut-être pas erroné de penser, comme le critique André Guyaux, que les Illuminations chevauchent la Saison en enfer et que les deux oeuvres sont presque contemporaines. Rimbaud affirmerait une poétique en même temps qu'il la dénierait, ce qui ne serait point étonnant de la part d'un poète conscient de sa duplicité et qui a écrit : « Je est un autre. » D'ailleurs, Rimbaud parle dans les deux oeuvres de ses vingt ans (« Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt ans » dans « L'Éclair » de la Saison, tandis que le troisième texte de Jeunesse est sous-titré « Vingt ans» dans Illuminations.
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« seconds romantiques ».

Pertinente distinction historique entre le romantisme du début du siècle qui triomphe en1830 — année de la bataille d'Hernani — et des poètes qui ont pris la mesure de leur oeuvre sous le Second Empirecomme Leconte de Lisle, auteur des Poèmes antiques (1852) et des Poèmes barbares (1862), mais plus encoreThéodore de Banville qui publie Gringoire en 1866, Les Exilés en 1867 et qui dirige « Le Parnasse contemporain »,revue à laquelle le jeune Rimbaud rêve de collaborer ; il échangera une petite correspondance avec Banville etrompra avec lui en lui envoyant, le 15 août 1871, le poème Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs qui se moque decertains tics d'écriture propres aux parnassiens — car ceux que Rimbaud appelle les « seconds romantiques »regroupent les deux maîtres de ce que nous appelons aujourd'hui le Parnasse. 2.

L'importance de BaudelaireRimbaud classe parmi ces « seconds romantiques » Baudelaire, dont Les Fleurs du mal, recueil paru en 1857, aconnu un retentissant procès et une seconde édition, expurgée, en 1861.

Baudelaire, mort en 1867, et dont LeSpleen de Paris paraît en 1869, figure le modèle idéal pour Rimbaud : il « est le premier voyant, roi des poètes, unvrai Dieu ».

Mais il n'a pas inscrit ses « inventions d'inconnu » dans « des formes nouvelles » que Rimbaud sepropose donc d'expérimenter. 3.

Hugo et MussetLamartine est jugé irrémédiablement « étranglé par la forme vieille », Victor Hugo, « trop cabochard » et Alfred deMusset, « quatorze fois exécrable ».- Rimbaud attaque d'autant plus ces deux derniers poètes que son oeuvre première a été influencée par eux.

LesEtrennes des orphelins et Les ,Effarés font irrésistiblement songer aux Pauvres Gens de Victor Hugo.

Soleil et Chair ales accents du Rolla de Musset qui, dès sa publication en 1833, eut une grande.

influence sur la génération deRimbaud, et que celui-ci répudie en constatant que « tout collégien qui a le moyen, fait le Rolla, écrit un Rolla ! ».Rimbaud rejette ce romantisme de pacotille et sentimental en diable, lui qui a assigné au poète la tâche d'être « unmultiplicateur de progrès ». 1.

Le rôle de VerlaineDans cette optique, les deux seuls poètes que Rimbaud privilégie sont Albert Mérat, aujourd'hui oublié, et PaulVerlaine, qualifié de « vrai poète'» et appelé à faire progresser son jeune ami, qui le rejoindra à Paris à la fin de1871.Le compagnonnage avec Verlaine apportera à Rimbaud non seulement une maturité née de la souffrance, maisl'exemple même d'une révolution accomplie sur les formes, poétiques.

Rimbaud suit Verlaine dans son abandon del'alexandrin et dans la création du vers dissonant de onze pieds.

Les Derniers Vers en témoignent. 2.

Du poème en vers au poème en prosePlus que quiconque, Rimbaud se souviendra de Baudelaire lorsqu'il opérera — rareté dans la poésie de son époque —un passage du vers régulier à la prose.

Des Poésies à Illuminations, n'y a-t-il pas comme une reproduction dupassage baudelairien des Fleurs du mal au Spleen de Paris, bien explicité dans la dédicace à Arsène Houssaye surlaquelle s'ouvre ce dernier ouvrage et où sont posés les principes actifs d'un affranchissement des formes poétiquestraditionnelles (Baudelaire y rêve « le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez soupleet assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresautsde la conscience »). 3.

Lautréamont, le complice inconnuLe seul poète contemporain avec lequel Rimbaud aurait pu se sentir en parfaite affinité est Lautréamont, l'auteurdes Chants de Maldoror (1869) et des Poésies (1870).

Mais les deux jeunes gens, mus par la même révolte insolenteet la même provocation multiforme, ne se sont jamais rencontrés.Ils étaient, de toute façon, en avance sur la poésie de leur temps, et tous deux ne sortiront de leur long purgatoireque lorsque les surréalistes — André Breton en tête — redécouvriront leurs œuvres. 2.

L'oeuvre Poétique d'Arthur RimbaudL'oeuvre de Rimbaud se regroupe autour de quatre grands massifs : les Poésies, les Derniers Vers, Une saison enenfer et Illuminations. 1.

Une approche thématique ou biographique ? Il y a d'incontestables mutations ou « ruptures » dans la poétique de Rimbaud et une lecture trop exclusivementthématique (comme celle de Jean-Pierre Richard dans Poésie et profondeur) l'oublie trop.De toute façon, Rimbaud est un poète exemplaire et qui inaugure la modernité poétique en débarrassant soudain sestextes de toute référentialité.

Il rompt avec des habitudes de lecture séculaires.Dans La Production du texte, le critique américain Michael Riffaterre constate que le lecteur de poésie a coutume derechercher derrière l'énigme du texte qui lui est offert une explication rationnelle se rapportant à ce que l'auteur a. »

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