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RIVAROL: Discours sur l'universalité de la langue française (résumé & analyse)

Publié le 01/12/2018

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rivarol

Discours sur l'universalité de la langue française.

 

— C'est un concours de circonstances géographiques, politiques, physiques, linguistiques, littéraires, psychologiques et sociales qui a assuré à la langue française la prééminence que chacun lui reconnaît. Ni l'allemand, ni l'espagnol, ni l'italien, malgré leurs qualités propres, n'ont bénéficié des mêmes chances. Seul l'anglais aurait pu disputer la primauté au français. Dans la mesure, cependant, où il existe une corrélation entre le génie d'une langue et le caractère, l’histoire et les institutions du peuple qui la parle, la supériorité du français s'explique aisément.

RIVAROL, Antoine Rivaroli, dit le comte de (1753-1801). La Révolution de 1789 marque une césure capitale dans l’œuvre et la carrière de Rivarol. Du jeune ambitieux qui triomphe grâce à ses bons mots, elle va faire un défenseur courageux et sans illusions de la monarchie, puis un exilé amer.

 

Le « dieu de la conversation »

 

Rivarol est né à Bagnols-sur-Cèze, dans le Languedoc. Son père, d’origine milanaise, successivement « fabricant en soie », aubergiste et collecteur d’impôts, était un homme cultivé. Le jeune Antoine entre au petit séminaire de Bourg-Saint-Andéol, puis à celui de Sainte-Garde, près d’Avignon. On perd sa trace vers 1775, pour la retrouver, en 1777, à Versailles, où il se fait appeler le chevalier de Parcieux (il était un cousin éloigné du mathématicien Deparcieux, modèle de l’« Homme aux quarante écus » de Voltaire). 

rivarol

« Apôtres, la feuille violemment antirévolutionnaire de Peltier, lui valent de dangereuses inimitiés, et, le 10 juin 1792, il quitte Paris pour Bruxelles.

C'est là que, pour protester contre le manifeste du duc de Brunswick, il écrit sa Lettre à la noblesse française au moment de sa rentrée en France.

Mais il doit quitter, en août 1794, la Belgique envahie par les armées de Pichegru, pour se réfugier en Angleterre.

Il reste neuf mois à Londres, puis s'installe, en 1795, à Hambourg, où résident de nombreux émigrés.

Pour vivre, il entreprend, à la demande du libraire P.F.

Fauche, un Nouveau Diction­ naire de la langue française, qui ne verra jamais le jour.

Seuls seront publiés, en 1797, le Prospectus et le Dis­ cours préliminaire (De l'homme, de ses facultés intellec­ tuelles et de ses idées premières et fondamentales).

En 1800, Rivarol se rend à Berlin, où on lui fait fête.

Mais sa santé s'altère, et il meurt l'année suivante, alors qu'il s'apprêtait à revenir en France.

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de Rivarol «C'est un terrible avantage que de n'avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser ».

On peut être tenté d'appli­ quer à Rivarol lui-même une de ses sentences les plus connues.

N'a-t-il pas abusé de cet « esprit >> qui le faisait redouter de tous, et dilapidé dans la conversation ou les écrits de circonstance des dons qui auraient pu être mis au service d'œuvres plus ambitieuses? La question est vaine.

Il faut accepter Rivarol comme son destin nous l'a livré, c'est-à-dire comme un écrivain au bagage léger, peut-être, mais qui, pour avoir travaillé dans l'éphémère, a acquis une certaine éternité en tant que produit exquis, ultime chef-d'œuvre d'un monde en train de s'écrouler et dont il s'est fait le témoin ironique et fidèle.

Tous ses combats furent des combats d'arrière-garde.

Le Discours sur l'universalité de la langue française, où il explique pourquoi notre langue a mérité, par ses qualités de clarté, de logique et de mesure, la prééminence sur les autres langues, parait au moment même où les nations euro­ péennes commencent à chercher dans leurs traditions historiques et culturelles les forces qui leur permettront de secouer le joug français.

Rivarol porte à son point de perfection extrême un certain style, vif et rapide, celui de Montesquieu et de Voltaire, un certain art de tout dire de façon sèchement définitive, en peu de mots, tous nécessaires, avec« esprit », en un temps où la sensibilité ouvre gra n de s ses vannes et où les effusions du style romantique s'apprêtent à envahir la littérature.

Lui qui a raillé comme personne les ridicules de l'Ancien Régime, il défend la cause royale quand tous l'abandonnent, par scrupule de l'intelligence plutôt que par fidélité du cœur.

Il n'a aucune indulgence pour le roi, qui «mérita ses malheurs, parce qu'il ne sut pas faire son métier>> (« un roi chasseur ne convient qu'à des peuples nomades » ), et encore moins pour la noblesse de la Cour, > , et qui « n'a su que fuir et sauver son or>>.

Mais il reconnaît, dans les Gracchus et les Catons des assemblées révolutionnaires, trop des « grands hom­ mes>>, littérateurs besogneux, qu'il épinglait dans son Petit Almanach, pour se laisser prendre au piège des illusions dites « généreuses >>, et il est trop lucide pour ne pas pressentir, dans les apôtres de la liberté et de la raison, les despotes de demain.

Il lutta à sa manière, par l'ironie et par le style, et le plaisir aigu que donne sa lecture prouve que son combat ne fut pas tout à fait vain.

BIBLIOGRAPHiE Éditions.

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Necker, Esprit de Rivarol, prés.

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Simon, Paris, Club du Libraire, 1962; les Plus Belles Pages, par J.

Dutourd, Paris, Mercure de France, 1963; De l'universalité de la langue fran­ çaise, Paris, Club français du Livre, 1964; ibid., suivi de Pensées, maximes, réflexions, anecdotes et bons mots, Paris, P.

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U.G.E., « 10/18 », 1964; Petit Dictionnaire des grands hommes de la Révolution, prés.

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A consulter.

-E.M.

Caro, la Philosophie de Rivarol, Paris, 1889; R.

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Loiseau, Rivarol, suivi de : le Vrai Laclos, Paris-Genève, la Pala tine, 1961; H.

Vianu,. »

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